Facebook, ton univers impitoyable
De : David Fincher
Avec : Jesse Eisenberg, Justin Timberlake, Andrew Garfield, Rooney Mara...
Octobre 2003, Mark Zuckerberg vient de se faire plaquer par sa petite amie. Blessé et éméché, il met alors en ligne le site Facemash où il faut voter pour la plus jolie fille d’Harvard. Saturant le réseau de la fac, Mark suscite l’admiration mais également la controverse. Repéré par trois étudiants qui ont besoin d’un programmateur pour lancer leur idée de réseau social uniquement destiné à l’université, il se lance dans l’aventure et crée Facebook de son côté.
500 millions de membres pour une valeur de 33 milliards de dollars selon Forbes. Voilà ce que représente Facebook. Et son créateur, n'est pas en reste, Mark Zuckerberg étant le plus jeune milliardaire au monde se plaçant même devant Steve Jobs (créateur d’Apple). Adapté de l’essai de Ben Mezrich, The accidental billionaires (titré La revanche d'un solitaire en France), The social network reprend la trame du livre. Ainsi Zuckerberg aurait piqué l'idée du réseau social à Cameron et Tyler Winklevoss, deux étudiants éminents qui ne pouvaient le créer par eux-mêmes.
Partant de ce fait, non avéré, David Fincher réalise un portrait qui se prend au final pour une véritable tragédie grecque. Qui aurait pu imaginer que ce geek qui se balade en claquettes-short en hiver deviendrait un jour milliardaire. Pourvu d'une confiance en lui absolue et d'une intelligence qui frise le génie, Zuckerberg épris de revanche fera de réels sacrifices pour parvenir à la reconnaissance sociale tant convoitée. En effet, Eduardo Saverin, protagoniste le plus méconnu mais certainement le plus intéressant, fera les frais de son ambition. Seul vrai ami de Zuckerberg, Saverin devient à sa demande son associé et co-fonde Facebook avec lui. Zuckerberg à l'informatique et Saverin aux finances, le réseau social s’étend bientôt au-delà de Harvard et touche les plus grandes universités européennes. Devenu mondial, le site intéresse de près Sean Parker. Entrepreneur précoce et malin, ce dernier convainc de riches investisseurs de s'engager auprès de Zuckerberg qui finit par sacrifier son ami Saverin au profit de son nouveau partenaire.
Coutumier des thrillers, David Fincher est ici loin de son univers habituel. Mais porté par un casting et une équipe technique hors pair, il réalise un des films les plus intrigants de l’année. Les jeunes acteurs sont tous irréprochables. Jesse Eisenberg (Zombieland) est à la fois touchant et irritant dans la peau de Zuckerberg ambigu à souhait. Justin Timberlake (Alpha dog) poursuit quant à lui, son petit bout de chemin dans le monde du cinéma et trouve dans le personnage de Sean Parker, son rôle le plus intéressant. Mais Andrew Garfield, encore inconnu au bataillon il y a quelques mois, leur vole la vedette. On ne voit que lui. Il semble à travers son interprétation vouloir rendre justice à Eduardo Saverin injustement mis de côté. Apparemment, les producteurs du prochain Spiderman ne se sont pas trompés en lui confiant le rôle de Peter Parker.
Autre force du film, sa photographie et sa bande originale impeccables. La photo classique et épurée associée à la musique quasi expérimentale de Trent Reznor, confère au film un visuel fascinant. Ce dernier atteignant son point d’orgue lors d’une superbe scène d’aviron. Au son de In the Hall of the Mountain King d’Edvard Grieg remixé, on découvre le caractère conquérant des joueurs d'aviron, véritable sport d'élite au sein d'Havard.
The social network, pourtant pourvu de toutes ces qualités, n’est pas le meilleur film de Fincher. Et ce par la faute de Zuckerberg lui-même. Ce dernier a en effet, modifié et même purement supprimé un certain nombre de scènes. Sans cette censure, le film aurait probablement été un poil plus provocateur, et aurait atteint les sommets du septième art. Fincher passe donc à côté du film parfait mais nous offre la passionnante reconstitution de l’histoire d’un surdoué visionnaire qui par la seule force d’une idée aura tout autant perdu que gagné.
*Il est le créateur du premier programme d'échange de fichiers musicaux peer-to-peer, Naspter. Fermé pour violation de droits d'auteur, il a cependant ouvert la voie à d'autres logiciels similaires.
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