vendredi 26 novembre 2010

MONSTERS **** (en avant-première)



Sortie: 1er décembre 2010
Réalisateur: Gareth Edwards

Avec: Whitney Able, Scoot McNairy…

Six ans après qu’une sonde de la NASA se soit écrasée au Mexique, libérant sur terre des particules de vie extra-terrestre, une partie du pays est désertée par la population et mise en quarantaine. Un photographe est prié par son patron d’escorter sa fille à travers la zone dévastée jusqu’à la frontière américaine.

Après les excellents Cloverfield, et District 9, difficile de ne pas être sceptique devant « Monsters ». Le titre ne laisse pas vraiment place au mystère et la bande annonce enfonce le clou. Hollywood, lassé de sa phase vampires, se réfugie dans une valeur sûre, les aliens. Ces derniers ont toujours fait, il est vrai, le bonheur du box-office. Sauf que Gareth Edwards nous rappelle qu’il ne faut pas toujours se fier aux apparences. Plus un moyen qu’une fin, ces mystérieux Monsters ne sont qu’un prétexte pour le réalisateur qui préfère se pencher sur l’âme humaine.
Road-trip fantastique sur fond de jungle mexicaine dévastée, on suit le parcours initiatique de Sam et Andrew. Outre un rapprochement évident entre ces deux jeunes gens que tout oppose (Scoot McNairy et Whitney Able sont tous deux irréprochables), Edwards glorifie et défend une nature martyrisée par l’homme aussi aveugle qu’ignorant. Combattant une créature qu’il ne cherche jamais à connaître, il ravage aussi bien territoire que population tandis que les pays voisins (impossible de ne pas penser à la politique protectionniste des Etats-Unis) se referment sur eux-mêmes.
Loin du blockbuster dont on nous fait la pub, Monsters est une fable écologiste et pacifiste qui nous surprend à chaque instant. De la poésie de Terrence Malick au scènes haletantes d’un Spielberg (le film réserve quelques moments de pur suspens), il n’y a qu’un pas. Edwards a su prendre à contre-pied toutes les attentes. En plus de signer une très jolie histoire d’amour subtilement amenée, qui vit son apothéose lors d’une scène finale de toute beauté, il livre un OVNI cinématographique qui laisse bouche bée.

jeudi 18 novembre 2010

DATE LIMITE **

Sortie: 10 novembre 2010
Réalisateur: Todd Phillips
Avec: Robert Downey Jr, Zach Galifianakis, Jamie Foxx, Michelle Monaghan, Danny Mc Bride, Juliette Lewis...

Peter est à des milliers de kilomètres de sa femme prête à accoucher. Après une altercation avec Ethan, aspirant acteur, ils se font tous deux éjecter de l'avion censé les mener à Los Angeles. Ils finissent par partager une voiture pour s’y rendre.

Todd Phillips ne semble plus pouvoir se passer de Zach Galifianakis. Alors que la suite de « Very Bad Trip », le film le plus hilarant de ces dernières années, est en plein tournage, le réalisateur met de nouveau l’acteur en tête d’affiche. Et ce n’est pas pour nous déplaire.
A la fois, buddy et road movie, « Date Limite » nous propose un duo inédit qui fonctionne plutôt bien. Ce qui n’empêche pas de ressortir du film, un peu déçu. En effet, les scènes les plus drôles sont dans la bande annonce. Du coup, aucune surprise à l’arrivée. On tourne vite en rond.
En tout cas, Robert Downey Jr semble ravi de travailler avec Zach Galifianakis. Si leur relation se serait dernièrement détériorée*, l’acteur a l’air très admiratif de l’humoriste. Plutôt crédible dans la peau d’un « Sherlock Holmes » adulescent, il est ici complètement dépassé par le génie comique de Galifianakis. Plus habitué aux drames qu’aux comédies, il en fait des tonnes pour tenter d’égaler son partenaire sans jamais y parvenir. Par contre, on adore voir cet ancien toxicomane déclarer qu’il n’a jamais touché à la drogue de sa vie. Auto dérision ultime!
Mais Galifianakis est définitivement la star de ce film. Drôle et touchant (et ce même dans les situations les plus ridicules), il est incompréhensible qu’il ne soit pas plus connu. Vivement la suite de « Very Bad Trip », qu’il soit enfin consacré star mondiale, comme il se doit.

*Un différend à propos d'une éventuelle participation de Mel Gibson dans la suite de « Very Bad Trip » aurait envenimé leur relation. Robert, adepte des secondes chances, n'aurait pas apprécié l'opposition de Zach et du reste de l'équipe à son cameo.

vendredi 12 novembre 2010

LA PRINCESSE DE MONTPENSIER **


Sortie: 3 novembre 2010
Réalisateur: Bertrand Tavernier
Avec: Mélanie Thierry, Lambert Wilson, Gaspard Ulliel, Raphaël Personnaz, Grégoire Leprince-Ringuet, Michel Vuillermoz, Florence Thomassin...

1562. Marie de Mézières est folle amoureuse d’Henri de Guise mais son père décide de la marier avec Philippe de Montpensier. Après leur mariage, ce dernier appelé par le roi, la confie à son bon ami, le comte de Chabannes. Il ne tarde pas, lui aussi, à être séduit par la jeune femme. Mais Marie n'a pas oublié de Guise. Enjeu de rivalités amoureuses auxquelles viendra s'ajouter par la suite, le duc d'Anjou, le frère du roi, Marie à force de passion, se perdra.

Après un thriller au cœur du bayou de la Nouvelle-Orléans avec Dans la Brume électrique, Bertrand Tavernier retourne aux films de costume. La princesse de Montpensier, sélectionné en compétition officielle au dernier festival de Cannes (où il n’a rien remporté), est une adaptation de la nouvelle éponyme de Madame de la Fayette (1662). Vie romancée de personnages ayant réellement existé (quoique Marie semble être une pure invention), Madame de la Fayette, féministe avant l’heure, y décrit à travers l’histoire d’une passion, la liberté entravée des femmes de son époque.
Difficile pour Bertrand Tavernier de choisir celle qui interprétera cette femme au destin bridé. Il a finalement porté son choix sur Mélanie Thierry. Césarisée pour Un dernier pour la route, l’actrice française qui a donc le vent en poupe en ce moment, est plutôt crédible dans la peau de Marie. Mais elle ne se contente que du strict minimum. Elle est bien belle et douce, mais tant que le tout manque cruellement de fougue. Pendant que Gaspard Ulliel (Henri de Guise), lui, déborde de passion, son animalité croissant avec les années, Mélanie Thierry aurait dû s’adjaniser davantage.
Ses partenaires masculins s’en sortent par contre à merveille. Ainsi, Grégoire Leprince-Ringuet (croisé dans La princesse de Clèves, également une adaptation de Madame de la Fayette) assure dans le rôle du mari trompé et jaloux. Ulliel est, quant à lui, dans son élément. Tandis que Raphaël Personnaz (le duc d’Anjou) est la révélation du film. Heureusement que le jeune comédien est là pour relever le ton accablé du film, de sa jovialité et de son charisme. Mais tout du long, on a d’yeux pour que Lambert Wilson. L’acteur auréolé du succès du très récent Des hommes et des dieux, doit être dans une période prolifique. Tour à tour, pygmalion, protecteur, amoureux platonique, père de substitution de la jeune Marie, le comte de Chabannes est le plus admirable et le plus sincère de tous ses prétendants. Wilson est tout bonnement magnifique. On ne lui connaissait pas cet aura si romantique.
La princesse de Montpensier serait d’un académisme ennuyeux selon certains. Peut-être. Mais le dernier Tavernier vaut tout de même le détour. Un rappel de la place de la femme au XVIème siècle ne peut pas faire de mal et Lambert Wilson est plus touchant que jamais.

dimanche 7 novembre 2010

L'HOMME QUI VOULAIT VIVRE SA VIE ***

Sortie: 3 novembre 2010
Réalisateur: Eric Lartigau
Avec: Romain Duris, Maina Foïs, Niels Arestrup, Catherine Deneuve, Branka Katic...

Avec l’adaptation libre mais fidèle du livre éponyme de Douglas Kennedy, Eric Lartigau change de registre. Réalisateur de « Mais qui a tué Pamela Rose » ou « Prête moi ta main », le compagnon de Marina Foïs donne cette fois dans le genre dramatique. Paul Exben (Romain Duris), avocat réputé et passionné de photographie, tue par accident l'amant de sa femme. Il décide alors de se faire passer pour mort et de fuir au loin. Une occasion pour lui de s'adonner à sa passion et d'enfin vivre sa vie.
Critique acerbe de l’Amérique bien pensante, Kennedy a refusé cinq offres de transposition avant d’accepter celle du réalisateur français. Si ce dernier installe l’intrigue en Europe au lieu de l’Amérique d’origine, il ne trahit pas un instant le caractère acéré de la plume du New Yorkais. Ainsi Lartigau joue le jeu et dénonce les travers de la petite bourgeoisie française. Mais c’est surtout la seconde partie du film axée sur la fuite de Paul qui nous intéresse le plus. Après la découverte de son talent comique monstre dans « L’arnacoeur », Romain Duris se montre ici tout en nuance. L’acteur, certainement le meilleur de sa génération, est aujourd’hui âgé de 38 ans. Il semble enfin en avoir fini avec ces rôles de trentenaires puérils et avoir gagné en maturité. Six ans après « De battre mon cœur s’est arrêté », il retrouve son partenaire Niels Arestrup. Dans « L’homme qui voulait vivre sa vie », ce monstre sacré du cinéma français, incarne une véritable chance pour le personnage de Duris. On adore également Branka Katic, actrice serbe solaire qu’il ferait bon de voir davantage.
Au final, ce long-métrage ne restera pas dans les annales mais c’est un joli film sur le thème de la rédemption qui mérite d’être vu. La réalisation de Lartigau, tout comme la totalité du casting, est à la fois sobre et juste. Jamais grandiloquent, « L’homme qui voulait vivre sa vie », est un de ces films où l'on ne se permet pas de craquer à l'image du héros. On retient son souffle jusqu'à la fin, touché par la destinée de cet homme torturé, voué à vivre dans la peur toute sa vie.

vendredi 5 novembre 2010

SCOTT PILGRIM vs THE WORLD **

Sortie: 1er décembre 2010
Réalisateur: Edgar Wright
Avec: Michael Cera, Mary Elizabeth Winstead, Anna Kendrick, Ellen Wong, Kieran Culkin, Jason Schwartzman, Chris Evans, Brandon Routh...

Premier film du britannique Edgar Wright sans ses complices de « Shaun of the Dead » (à savoir Simon Pegg et Nick Frost), « Scott Pilgrim v. s. The world » est l’adaptation des six comic books de la série de Bryan Lee O’Malley.
Scott a 22 ans et est bassiste dans un groupe de rock amateur. Un soir, il croise le regard de Ramona Flowers et tombe immédiatement amoureux d’elle. Mais pour avoir le droit de sortir avec elle, il devra combattre et vaincre ses sept ex-petits amis.
« Encore une transposition de comic », critiqueront certains. Oui, mais cette fois-ci, elle ne se prend pas du tout au sérieux. Dans la lignée de l’excellent « Kick Ass », Hollywood continue de privilégier les jeunes geeks maladroits, héros presque malgré eux. Toutefois, les membres de la Ligue des justiciers ne sont pas prêts de disparaître de nos écrans. En effet, une flopée de collants est prochainement attendue. Entre « The Green lantern », « Captain America » ou encore « Superman » (repris en main par Zack Snyder), les défenseurs de la veuve et de l’orphelin restent les chouchous du public.
Mais le pouvoir geek étant actuellement en place, difficile de faire sans eux (même David Fincher a cédé à la mode avec succès avec « The Social Network »). En même temps, la Mecque du cinéma l’aura bien compris, s’identifier à Michael Cera, ou autres Jesse Eisenberg, est plus facile. Finalement, « Scott Pilgrim… » ne fait que répondre à la demande.
Construit sur un rythme vif, empreint d’un esprit comic à chaque scène, le nouveau film de Wright est fun et délirant. C’est un pur moment de divertissement doté d’un casting plutôt réussi. Michael Cera, déçoit cependant. Il est toujours aussi cool mais les acrobaties de l’acteur ne séduisent pas. En outre, le rôle de l’ado timide et gauche, c’était bien mignon au début mais il serait temps pour lui de passer à la vitesse supérieure. Tel son collègue Jesse Eisenberg (Mark Zuckerberg chez Fincher) qui a désormais une bonne longueur d’avance. Pourtant l’acteur avait amorcé un début d’évolution avec « Be Bad » (rappelez-vous de François, le double maléfique du héros), mais il n’a pas encore su transformer l’essai. Du coup, il se fait piquer la vedette par tous ses petits camarades de jeu. Excepté par Mary Elizabeth Winstead qui n’a jamais été aussi fade.
Par contre, on adore Kieran Culkin, dans la peau de Wallace, le colocataire gay. Ainsi qu’Anna Kendrick en sœur trop inquisitrice… Mais c’est Jason Schwartzman (Gideon, un des ex de Ramona) qui remporte la palme. Touchant en Louis XVI chez sa cousine Sofia Coppola (« Marie-Antoinette »), l’acteur qui alterne entre films indépendants, séries (« Bored to death ») et musique (Coconuts Records, juste génial), a définitivement le métier dans le sang.
Brandon Routh emporte également tous nos suffrages. Devenu célèbre après le trop sérieux et raté « Superman returns », son incarnation de Todd, bassiste benêt et végétalien, nous fait découvrir une autre facette de son jeu.
Mais, soyons sérieux. « Scott Pilgrim… » est loin d’atteindre le niveau de « Kick ass » mais on rit durant deux heures des péripéties de son héros. Et au final, c’est tout ce qui compte.