jeudi 27 août 2009

UN PROPHETE ****

Sortie: 26 août 2009
Réalisateur: Jacques Audiard
Avec: Tahar Rahim, Niels Arestrup, Adel Bencherif, Reda Kateb, Hichem Yacoubi, Leïla Bekhti...

A son arrivée en prison, Malik, à peine majeur et analphabète, entre malgré lui au service de César, chef mafieux corse respecté. Mais au fur et à mesure de ces six années de détention, Malik se trouve et se construit sa propre place.

Adepte d'une réalisation subtile, sans fioritures, Audiard s'en est enfin vu récompensé au dernier festival de Cannes. Lauréat du Grand Prix, le cinéaste français a bien mérité cet honneur.
Sa sincérité transparaissant à chaque instant à l'écran et son aptitude à trouver des acteurs capables de se surpasser émotionnellement en font un réalisateur indispensable au cinéma français. Une Palme d'Or n'aurait pas été de trop.
Souvent décrit comme un film dur, "Un prophète" ne regorge pas non plus de scènes chocs. En matière de trash et de gore, on a vu pire. Mais finalement, il mérite bien ce qualificatif. Car tel un oisillon tombé de son nid, Malik, jeune homme seule et apeuré, se retrouve malgré lui entre les griffes acérées de César, rapace féroce et sans scrupules. Niels Arestrup, absolument terrifiant, est impeccable dans la peau de ce chef mafieux corse usant de la supposée faiblesse de Malik. Supposée car derrière son analphabétisme se cache une volonté, une patience, et finalement une intelligence naturelle sans pareilles. Prenant son temps, s'éduquant, utilisant toutes les ressources mises à sa disposition, l'élève finit par dépasser le maître. L'ado terrifié du début déploie ses ailes au contact de l'âpreté même de la vie. "Un prophète" n'est pas un film sur la prison mais un film sur une naissance. Celle d'un jeune homme que la vie maltraite et qui finit par prendre sa revanche. Peu importe les moyens mis en oeuvre. Mais l'ascension de Malik n'aurait pas été aussi incroyable si Tahar Rahim ne lui avait pas prêté ses traits. Acteur inconnu quasi inexpérimenté, il se plante devant Arestrup et ses quarante ans de métier tel un David face à Goliath et lui donnerait presque une leçon. Il a tout simplement le métier dans le sang.
Saisissant, émouvant de bout en bout, le film atteint son apogée lors des scènes de permissions. A chaque sortie, la musique d'Alexandre Desplat retentit et notre gorge se serre. Malik trempe ses pieds dans la mer, Malik flâne dans une station service, Malik dîne avec son meilleur ami. Jamais de si simples instants de liberté n'auront été aussi bouleversants. Malik savoure en silence ces moments qui atteignent leur apogée lors d'une scène d'avion où il dévore une madeleine qui n'a vraiment rien à envier à celle de Proust.

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lundi 24 août 2009

INGLOURIOUS BASTERDS ****

Sortie: 19 août 2009
Réalisateur: Quentin Tarantino
Avec: Brad Pitt, Mélanie Laurent, Diane Kruger, Christoph Waltz, Eli Roth, Michael Fassbender, Daniel Brühl, Julie Dreyfus...

Seconde guerre mondiale. Tandis que Shosanna, jeune juive, tente de venger le massacre de sa famille, une bande de soldats américains "Inglourious Basterds" scalpent tous les nazis leur barrant la route.

Chaque film de Quentin Tarantino est un évènement. Toujours de passage sur la Croisette, il eut cette année l'honneur de voir son nouveau film parmi ceux en compétition officielle. S'il ne remporta pas la palme d'or, le film fut tout de même récompensé. En effet, Christoph Waltz remporta le prix d'interprétation masculine pour son rôle du colonel Landa, détective nazi polyglotte dont la spécialité est de chasser les juifs. Prix totalement justifié tant sa présence à l'écran vous glace. On s'inquiète pour nos agents doubles eux-mêmes apeurés de se faire démasquer. Dans le rôle des différents résistants, on retrouve Brad Pitt, leader des inglourious basterds. Comme un poisson dans l'eau dans l'univers tarantinesque n'a jamais été aussi hilarant. Son humour atteignant des sommets lorsqu'il doit pour les besoins d'une infiltration parler italien avec son accent du Sud des Etats-Unis. Dans le camp des femmes, si Diane Kruger est plus belle que jamais, c'est Mélanie Laurent qui retient toute notre attention tant son personnage mériterait un film à lui tout seul. L'actrice française interprète Shosanna et est fantastique en jeune juive motivée par la vengeance. Le thriller glamour lui sied à merveille.
Si les sueurs froides sont en grande partie dues à Waltz, d'autres facteurs viennent s'y ajouter. Ainsi la musique répond parfaitement à la tension palpable tout du long et vient en amplifier les piques (tel la scène où Shosanna se retrouve à la même table que Landa, responsable de la mort de sa famille). Fidèle à son genre préféré, Tarantino film son histoire de guerre à la manière d'un western, en utilise les codes et la musique, et les deux genres cinématographiques finissent par s'accorder à merveille. Tant qu'on s'attend presque à voir surgir Clint Eastwood d'un coin sombre.
Tarantino revisite l'histoire, mais peu importe puisqu'on connaît la vraie. Et le but ici n'est pas d'assister à un cours mais de découvrir à une résistance revue par l'enfant terrible du cinéma. Un gosse de 46 ans qui à chaque film exprime son amour pour le grand écran et distille en vous ce même amour.

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vendredi 14 août 2009

NEUILLY SA MERE ***

Sortie: 12 août 2009
Réalisateur: Gabriel Julien-Laferrière
Avec: Samy Seghir, Jérémy Denisty, Rachida Brakni, Denis Podalydès, Josiane Balasko, Valérie Lemercier, Armelle, Olivier Baroux, Joséphine Japy, Mathieu Spinosi, Booder, Ramzy Bedia...

Sa mère ayant trouvé un travail sur le Queen Elisabeth, Samy doit quitter sa cité de Châlon pour aller vivre chez sa tante qui habite Neuilly. Un total dépaysement pour l'ado.

Surfant sur l'opposition cités et banlieues chics, Laferrière se joue des clichés et nous livre une gentille comédie familiale. Dénonçant à gros coups de caricatures les stéréotypes véhiculés par les médias, on sent bien chez "Neuilly sa mère", la patte de Djamel Bensalah, irrévérencieux réalisateur du "Ciel, les oiseaux et ta mère".
Mais le scénario complètement prévisible semble grandement s'inspirer de "La vie est un long fleuve tranquille" sans pour autant égaler son insolence. En effet, "Neuilly sa mère" tente de dénoncer les préjugés mais son laxisme en matière d'impertinence lui fait rater le coche. Mais peu importe, on passe une heure trente à rire en compagnie d'acteurs incroyables. On adorera Samy Seghir, aussi adorable que dans "Michou d'Auber" et "Big City", et Denis Podalydès épatant en riche entrepreneur très porté sur les bonnes manières (sauf quand il croise son-ex femme). Mais mention spécial à l'hilarant Jérémy Denisty, Charles le cousin par alliance de Samy. Ce dernier déjà excellent dans "Nos jours heureux" dans le rôle de Timothy (l'éloquent aristo) pousse ici son jeu un peu plus loin. Il y a de fortes chances que le chemin vers une longue carrière soit court pour le jeune acteur. La relève du cinéma français est assuré.

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mardi 11 août 2009

JUSQU'A TOI *

Sortie: 29 juillet 2009
Réalisateur: Jennifer Devoldère
Avec: Mélanie Laurent, Justin Bartha, Valérie Benguigui, Billy Boyd, Eric Berger, Géraldine Nakache, Arié Elmaleh, Maurice Bénichou...

Un Américain qui vient de gagner un séjour à Paris égare sa valise à l'aéroport. Une jeune journaliste rêveuse la récupère par hasard et tombe amoureuse de son propriétaire en découvrant son contenu. Elle décide alors de lancer un jeu de piste pour qu'il puisse la retrouver.

Premier long-métrage d'une toute jeune réalisatrice, "Jusqu'à toi" a malheureusement le défaut de ses qualités. Cette comédie romantique qui se veut légère et décalée perd le spectateur à force de l'être justement. Voulant surfer sur ce qui a fait le succès du "Fabuleux destin d'Amélie Poulain", la réalisatrice ne réussit jamais à en égaler le charme et la subtilité.
Mélanie Laurent et Justin Bartha sont charmants mais les décors et les seconds rôles moins travaillés que chez Jean-Pierre Jeunet n'aident pas le couple à prendre son envol et ne nous aident pas à nous prendre au jeu. Seul l'idée d'amour transfrontalier rattrape les erreurs de la cinéaste. Mais étant donné que c'est ici une première oeuvre, il faut être indulgent et quelques qualités sont à noter. Alors, outre le charme des héros, on appréciera la prestation de Maurice Bénichou, la bande-son en total adéquation avec l'atmosphère du film et l'humour d'Arié Elmaleh. Et comme c'est en forgeant qu'on devient forgeron, le deuxième essai pour Jennifer Devoldère sera peut-être plus concluant.

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dimanche 9 août 2009

G. I. JOE - Le réveil du cobra *

Titre original: G. I. Joe - The rise of the cobra
Sortie: 5 août 2009
Réalisateur: Stephen Sommers
Avec: Channing Tatum, Marlon Wayans, Sienna Miller, Rachel Nichols, Adewale Akinnuoye-Aqbaje, Saïd Taghmaoui, Arnold Vosloo, Dennis Quaid, Joseph Gordon-Levitt, Byung-Hung Lee...

Doté des dernières trouvailles technologiques, les Joe sont une unité d'élite chargée de défendre le monde contre tous les terroristes qui la menacent. Ici, elle devra déjouer les plans de Destro, le dirigeant de Mars, une puissante compagnie d'armement alliée à Cobra, une mystérieuse organisation terroriste.

Inspiré de célèbres figurines crées par Hasbro en 1964 qui s'inspira d'une bande-dessinée de 1942, "G. I. Joe" permet à Stephen Sommers de revenir derrière la caméra après cinq ans d'absence (sa dernière réalisation étant "Van Helsing"). Etant certainement l'un des meilleurs réalisateurs de films d'action, Sommers oublie très vite qu'il a à faire à une transposition des aventures de poupées et nous livre le blockbuster de l'été. Le scénario a beau être prévisible à des kilomètres, on se délecte devant ce spectacle pyrotechnique. Ceux qui viennent chercher du subtile seront déçus, mais ceux qui veulent de l'action seront servis. On ne s'ennuie pas une seule seconde, les Joe ne nous laissent aucun répit, enchaînant les cascades et les missions périlleuses. Si aucun des acteurs engagés ne fait part d'un grand talent (on préférera par exemple Sienna Miller dans ses films indépendants), chacun paraît saisir la chance de faire partie du casting, totalement conscient de l'opportunité d'être ainsi exposés sur le devant de la scène. De plus, il est très agréable de retrouver Saïd Taghmaoui (acteur français nationalisé américain), preuve vivante que le rêve américain existe. Comme on adorera Dennis Quaid qui semble exulter de jouer ce rôle de chef militaire si caricatural.
En outre, les scènes se déroulant à Paris (elles ont en faites été réalisées à Prague) sont si réalistes que voir tomber la Tour Eiffel nous déchireraient presque le coeur.
Alors si dans le genre blockbuster, "Star Trek" remporte toujours le titre du meilleur de l'année, "G. I. Joe" remporte celui du plus divertissant de l'été. Spectaculaire et drôle, on est pressé de voir la suite.

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lundi 3 août 2009

VICTORIA : les jeunes années d'une reine ***

Titre original: The young Victoria
Sortie: 22 juillet 2009
Réalisateur: Jean-Marc Vallée
Avec: Emily Blunt, Ruper Friend, Paul Bettany, Mark Strong, Miranda Richardson, Jim Broadbent, Thomas Kretschmann...

Les jeunes années de celle qui détient encore le record du règne le plus long d'Angleterre. Ou comment la reine Victoria a su résister à la régence et s'imposer très vite après son couronnement.

Produit par Martin Scorsese et la duchesse d'York, Sarah Ferguson en personne (les plus connaisseurs pourront d'ailleurs reconnaître sa fille, la princesse Béatrice d'York dans un court passage lors de la scène du couronnement), cette reconstitution des premières années de la reine Victoria remplit à merveille les codes des films d'époque. Très beaux costumes, splendides décors, on s'y croirait presque.
L'incroyable casting aide également à créer cette impression. Composé de grands acteurs anglais, que ce soit le toujours très nuancé Mark Strong, ou l'inimitable Jim Broadbent, chacun apporte sa pierre à l'édifice. Cependant, Emily Blunt, définitivement l'une des plus prometteuses actrices de sa génération, et Ruper Friend domine l'ensemble, de par leur jeu subtile et leur alchimie palpable. Sans forcément former un couple qui marquera l'histoire du cinéma, ils confèrent à Victoria et Albert, une sincère candeur et une fraîcheur qui les rend très attachants. Car la célèbre souveraine n'a pas toujours été cette vieille veuve à l'allure sévère, image que tout le monde s'est faite d'elle aujourd'hui.
S'il est très intéressant de se concentrer sur la formation de ce couple, Albert insufflant à Victoria une force et des idées qui révolutionneront l'Angleterre, il est dommage que ces évolutions tant sociales qu'industrielles ne soient pas plus mises à l'honneur. Mais on n'en tiendra pas rigueur à Jean-Marc Vallée, car pour un Québécois, ne se sentant donc pas nécessairement concerné par l'histoire de la royauté anglaise, c'est un bien joli hommage qu'il rend à la plus importante de ses reines.


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samedi 1 août 2009

HARRY POTTER ET LE PRINCE DE SANG-MÊLE **

Sortie : 15 juillet 2009
De : David Yates
Avec : Daniel Radcliffe, Emma Watson, Ruper Grint, Michael Gambon, Alan Rickman, Maggie Smith, Bonnie Wright, Jim Broadbent, Helena Bonham Carter, Tom Felton...

Alors que Voldemort est officiellement de retour, Harry entame une nouvelle année à Poudlard. Il devient grâce à un manuel de potions trouvé par hasard et ayant appartenu au mystérieux prince de sang-mêlé, le premier de sa classe en la matière et tente sur demande de Dumbledore de percer le secret du nouveau professeur qui l'enseigne, Horace Slughorn.

Couleurs taupes, mauvais temps, sombre atmosphère. Le réalisateur David Yates a beau tout tenté pour donner l'impression d'une mauvaise ambiance, rien n'y fait. Si Alfonso Cuaron et Mike Newell (respectivement réalisateur du Prisonnier d'Azkaban et de La coupe de feu), avaient su faire évoluer la saga la rendant plus adulte et obscure, ils avaient réussi à conserver la part de la magie qui la caractérise. Yates, lui, a beau reprendre les mêmes clés. La magie n'opère point ici. Le charme était déjà absent de L'ordre du phoenix (qu'il a également réalisé) et quand on sait que c'est lui qui dirigera Les reliques de la mort (qui fera l'objet de deux films), on craint le pire.
Le prince de sang-mêlé plaira certainement à ceux qui n'ont jamais touché les livres mais pour les fans de J. K. Rowling, la déception ne peut être qu'au rendez-vous. Hanté du début à la fin par le souvenir du roman, on ne peut s'empêcher de remarquer toutes les injures qui lui sont faites. Epuré, osons même le dire, censuré, l'oeuvre de l'écrivain et notamment sa fin perd tout de son caractère bouleversant. Occulter l'hécatombe dont souffre Poudlard et imposer à Harry de se remettre en quelques instants de l'énorme perte qu'il a subi prouve bien que Yates et les scénaristes n'ont pas su saisir la portée déchirante de cet épisode. Le prince de sang-mêlé étant sûrement le tome le plus déterminant et le plus traumatisant de la saga.
Seul point positif. L'excellent choix des seconds rôles. Ainsi Jessie Cave qui incarne Lavande, l'amoureuse transie de Ron, est hilarante. Et les deux acteurs choisis pour incarner Voldemort à deux âges différents sont parfaits. Hero Fiennes Tiffin (11 ans et accessoirement neveu de Ralph Fiennes) et Frank Dillane (16 ans) confèrent comme il faut à leur personnage, la troublante impression qu'il laisse constamment. Prometteur.
Alors on attend tout de même la suite rêvant d'un réveil brutal de la part de Yates. Et rêvant que les studios comprennent enfin que Harry Potter n'est pas une oeuvre uniquement destinée aux enfants. Et surtout Qu'occulter des scènes jugées trop violentes ne rend pas justice au travail accompli par J. K. Rowling et désavoue son génie.

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