lundi 27 octobre 2008

FAUBOURG 36 **

Sorti le: 24/09/08
Réalisateur: Christophe Barratier
Avec: Gérard Jugnot, Kad Merad, Clovis Cornillac, Nora Arnezeder, Pierre Richard, Bernard-Pierre Donnedieu, Maxence Perrin, François Morel, Julien Courbey...

Faubourg parisien, 1936, le Front Populaire vient de se faire élire au gouvernement. Trois chômeurs réinvestissent le music-hall qui les employait afin d'y monter leur spectacle.
Après le succès des "Choristes" (8,5 millions d'entrées), Christophe Barratier était attendu au tournant. Choisissant de nouveau la France passée et la musique comme thèmes, les deux ingrédients qui ont fait le succès de son premier film, Barratier nage en eaux connues et nous concocte un bien joli spectacle.
Les décors, les costumes et la superbe photographie de Tom Stern (un habitué d'Eastwood) rivalisent de beauté. Les prises de vue des faubourgs parisiens sont un pur plaisir pour les yeux (et ce, bien qu'ils soient en préfabriqués). Encore un peu et on se croirait arrivés non loin du "Moulin Rouge".
On peut reprocher au réalisateur la naïveté de son récit, une naïveté déjà présente sur "Les choristes" mais chaque scène est teintée d'une sincérité à laquelle il est difficile de résister.
On se prend au jeu et on se laisse embarquer. Que ce soit Jugnot prêt à tout pour son fils, Merad en quête de la tête d'affiche ou Cornillac, en syndicaliste amoureux, le trois acteurs principaux sont si émouvants qu'il est impossible de ne pas s'attacher. Mais on retiendra surtout Nora Arnezeder, la révélation du film. On l'écouterait chanter sans fin. Et elle forme avec Cornillac, un bien joli couple. Et quel plaisir de voir Julien Courbey enfin sortir de sa banlieue.
Alors Barratier n'en est pas encore au niveau de flamboyance de Baz Luhrmann et son faubourg est un peu trop propre et lisse pour sembler réaliste mais "Faubourg 36" est un pur divertissement. Un plaisir pour les yeux et les oreilles. Il serait dommage de ne pas se laisser bercer par la très belle musique mélancolique de Reinhardt Wagner qui nous replonge dans la vieille France de l'entre-deux guerres.
Tout à fait à l'aise aux commandes d'un film qu'il maîtrise de A à Z, Barratier nous embarque dans cette touchante histoire d'ouvriers français qui se battent pour que le spectacle continue.

bande annonce allociné

samedi 25 octobre 2008

J'IRAIS DORMIR A HOLLYWOOD *** (en avant-première)

Sorti le: 19/11/08
Réalisateur: Antoine de Maximy
Avec: Antoine de Maximy

Invitée par Allociné à l'avant-première de "J'irais dormir chez Hollywood" réalisé par Antoine de Maximy, j'ai eu la chance de partir à la décourte d'une Amérique plus stupéfiante que jamais. Merci encore Allociné.

Fort du succès de son émission "J'irais dormir chez vous" diffusée sur France 5, Antoine de Maximy l'adapte sur grand écran. Et après bien des destinations, il ne prend pas peur et s'attaque ni plus ni moins à l'Amérique. Le célèbre voyageur nous livre en un court résumé d'une heure quarante, trois mois d'une traversée mouvementée. Muni de ses trois fidèles caméras, le réalisateur, scénariste et acteur de ce film, part à la découverte du peuple américain essayant de se faire inviter chez eux pour dîner voire même pour dormir, histoire d'apprendre et de nous faire apprendre des autres.
Au son d'une excellente bande originale portée par des classiques américains illustrant chaque Etat, de Maximy part de New-York pour se rendre à Hollywood avec le but de, pourquoi pas, dormir chez une star (on vous laisse découvrir s'il a réussi cet ambitieux projet).
Mais "J'irais dormir à Hollywood" est surtout l'occasion de voir la vraie Amérique. Loin des clichés et des préjugés, de Maximy filme la vérité d'un pays qu'on est décidément loin de connaître malgré ce qu'on pourrait croire. Filmant Etat par Etat, alternant scènes hilarantes, émouvantes et effrayantes (la Nouvelle-Orléans est terrifiante), on ne peut ressortir de ce film que la tête pleine de questions pour Antoine de Maximy. On apprend tant en si peu de temps qu'on a qu'une envie, tout voir du périple de Maximy. Vivement la sortie DVD.
On sort de la salle impressionné par son travail, il abat à lui tout seul le travail de toute une équipe technique. Prenant parfois d'énormes risques, il va au bout de son entreprise pour lui et son public. On se met à souhaiter non pas une suite mais un autre épisode tout aussi long dans un autre pays tant on ressort enrichi d'une telle expérience. On aura jamais eu autant cette impression de pénétrer au coeur de l'Amérique. Une Amérique pauvre, violente et désinformée (il faut voir ce que certains pensent de l'actualité française. C'est à la fois drôle et effrayant!).
Alors allez voir ce film pour rire mais surtout pour découvrir les Etats-Unis avec l'oeil neuf et l'esprit avide de découvertes d'un Antoine de Maximy tout bonnement admirable.

bande annonce allociné

vendredi 24 octobre 2008

CLARA SHELLER (Les deux premiers épisodes de la saison 2)

Sorti le: bientôt sur France 2.
Réalisateur: Alain Berliner sur un scénario de Nicolas Mercier
Avec: Zoé Felix, Patrick Mille, François Vincentelli, Cécile Cassel... (mais aussi Charlotte de Turckeim, Bernard Lecoq, et Annie Duperey...)

Invitée par Allociné à assister à l'avant-première des deux premiers épisodes de la saison 2 organisée par France 2, c'est avec plaisir que le temps d'un article, je disserte sur le cas de "Clara Sheller".

Difficile de donner un second souffle à une série abandonnée par tous ses acteurs partis se consacrer à leur carrière cinématographique. Mais impossible n'est pas français.
On avait laissé Clara Sheller, journaliste de son état, dans les bras de Gilles, son charmant voisin. J.P, le colocataire et meilleur ami gay de Clara se résignant à lui laisser, bon copain. On la retrouve trois ans après toujours avec Gilles et toujours fourrée chez J.P. Mais des soucis professionnels la guettent en la personne d'une nouvelle collègue et Gilles ne supporte plus ses mensonges, conséquence de son manque de maturité.
Nicolas Mercier n'avait pas la tâche facile. La fin de la saison 1 semblait boucler la boucle et difficile d'attirer le public avec de nouveaux visages pour les mêmes personnages.
Mais le scénariste a su conserver la fraîcheur de la première saison, on rit de bon coeur à la maladresse de Clara et aux mésaventures de J.P. Mais si la série est toujours aussi légère et délurée, ça n'empêche pas Mercier d'aborder des thèmes plus graves allant même plus loin que dans la saison 1. Mais le suspens doit rester entier, l'envie de regarder la suite est en tout cas bien palpable. Il faut dire que Mercier est bien aidée par une troupe d'acteurs impeccables. Zoé Felix a la lourde tâche de remplacer Mélanie Doutey, elle en fait parfois trop, sentant sûrement la pression de la reprise sur ses épaules mais elle s'en sort dignement. Elle est drôle, sexy et elle prend à n'en pas douter beaucoup de plaisir à jouer Clara. Mais on ne peut pas parler de ce début de seconde saison sans évoquer les excellents seconds rôles. François Vincentelli remplace sans peine Thierry Neuvic dans le rôle de Gilles, lui conférant une touche plus glamour et le rendant plus sincère mais la meilleure reprise est celle de Patrick Mille. Le rôle de J.P lui va comme un gant, il est tout aussi bon voire même mieux que Frédéric Diefenthal. Les scènes qu'ils partagent avec Edouard Collin, (Brad, bientôt culte) sont hilarantes. Tout comme les apparitions de Charlotte de Turckeim et de Bernard Lecoq, parfaits dans les rôles respectifs de la mère de J.P et le père de Gilles.
"Clara Sheller" n'est pas la série du siècle, dans le genre trentenaire en quête de l'amour, on préférera toujours "Sex and the city" mais c'est rafraîchissant et plein d'humour.

Générique
Extrait (Clara et J.P à une exposition des sculptures de Gilles)

jeudi 16 octobre 2008

LA LOI ET L'ORDRE *

Sorti le: 08/10/08
Réalisateur: Jon Avnet
Acteurs: Robert De Niro, Al Pacino, Carla Gugino, John Leguizamo, Curtis Jackson...

Alors qu'ils se rapprochent de la retraite, deux flics coéquipiers et meilleurs amis, se lancent sur la piste d'un serial killer. Les victimes de ce dernier étant des criminels à peine libérés, on pense bientôt que le meurtrier recherché est un policier.
Al Pacino et Robert De Niro rêvaient de jouer ensemble depuis de nombreuses années. Frustrés de ne partager aucune scène dans le second volet du "Parrain" et de n'être réunis que le temps d'une scène dans "Heat" de Michael Mann, les deux acteurs prennent un grand plaisir à pouvoir enfin se donner la réplique.
Jon Avnet réalise donc le souhaiter de ces deux monstres sacrés du cinéma américain et par là même, celui d'un large public. Nul besoin d'être un cinéphile avisé pour désirer assister à cette rencontre au sommet.
Prenant un plaisir non dissimulé, De Niro et Pacino nous en donnent, semblant avoir fait ça toute leur vie. C'est drôle et même presque touchant de les voir se soutenir, se vanner, ou se prendre la tête comme de vieux amis. Mais si on ne ressort pas frustrés quant à leur duo, le scénario est d'une platitude extrême. Le cast est cool (même Curtis "50 cent" Jackson est crédible) mais l'intrigue est une grande plaisanterie, on la croirait tout droit sortie d'une série policière type "New York, section criminelle" (et encore même les scénarios de ce type de série sont de meilleurs qualités). Et que dire de la fin, plus que prévisible!
Quant à voir Pacino en flic cool calmant le nerveux De Niro, c'est intéressant mais insuffisant. Dommage que le script n'ait pas été à la hauteur des acteurs.
Il n'y a pas grand chose à dire de plus. L'histoire est bateau et sans relief mais ce n'est pas tous les jours qu'on peut voir de si grands acteurs réunis sur le même écran donc on va quand même le voir.

bande annonce allociné

mercredi 15 octobre 2008

VICKY CRISTINA BARCELONA **

Sorti le: 08/10/09
Réalisateur: Woody Allen
Avec: Scarlett Johansson, Rebecca Hall, Javier Bardem, Penelope Cruz...

Vicky s'apprête bientôt à vivre la vie tranquille qu'elle a toujours rêvée d'avoir auprès de son fiancée. Avant de franchir le pas, elle part en vacances en Espagne avec son amie Cristina, plus instable en amour toujours en quête de soi-même. A Barcelone, elles rencontrent un peintre catalan qui bouleverse leurs conceptions respectives de l'amour.
Faisant se confronter deux visions opposées de l'amour, la cérébrale contre la passionnée, Woody Allen ne fait que poursuivre le travail déjà entamé depuis de longues années. Si le sujet est intéressant, il est difficile d'accrocher avec le contexte dans lequel il le place.
Le célèbre réalisateur semble s'être entiché de l'Europe au point de ne plus vouloir la quitter. Après Londres, c'est Barcelone qui devient le théâtre de ses nouvelles réflexions sur l'amour. Mais l'Espagne paraît moins seoir au réalisateur que les pays anglo-saxons. Si après avoir fait le tour de New-York, Londres faisait souffler un vent de fraîcheur sur sa filmographie, la ville catalane, si jolie soit-elle, n'était peut-être pas le bon choix. Véritable carte postale, le film nous fait découvrir les belles régions espagnoles (sublime parc Güell conçu par Gaudi), et la joie d'y vivre mais le pays ibérique ne vaut pas la grosse pomme ou La City pour s'épancher sur les pensées névrosées d'artistes paumés. Woody Allen, l'intellectuel à lunettes, l'auteur new-yorkais par excellence, ne trouve pas sa place au sein de la fougue espagnole. Il disserte philosophiquement là où il devrait laisser éclater son côté sanguin.
Europe rimant avec Scarlett Johansson, l'actrice retrouve Allen pour un troisième film. Cette dernière et ses partenaires ne sont coupables d'aucune fausse note. Ce sont de véritables personnages made in Woody Allen, névrosées jusqu'à la moelle mais on aurait aimer sentir le feu brûler en eux. Surtout quand on passe ses vacances dans un lieu si latin. Seul le rôle de Pénélope Cruz définitivement meilleure en Europe qu'aux USA, parvient à nous faire vivement réagir.
Bavard, drôle (comme "Scoop"), cynique (moins que "Match point" quand même)... "Vicky Cristina Barcelona" réunit tous les ingrédients d'un bon film de Woody Allen mais la sauce ne prend pas. Il est peut-être temps pour le réalisateur d'arrêter ses escapades européennes et de rentrer à la maison. Il y a sûrement un coin de NY qu'il ne nous a pas fait visiter.

bande annonce allociné

lundi 6 octobre 2008

PRESIDENTS MADE IN HOLLYWOOD

Documentaire de 52 minutes réalisé par Ch arles Antoine de Rouvre, et écrit par Jacques Braunstein et Clovis Goux.
Diffusé sur TCM (Turner Classic Movies) (canal 108 sur la TNT)

Invitée le jeudi 2 octobre par TCM, j'ai eu la chance de voir ce documentaire en avant-première dans les locaux même de la chaîne. Merci encore pour cette invitation, TCM.

43 présidents se sont succédés à la tête des Etats-Unis depuis sa naissance en 1776. Le cinéma américain a dès ses débuts exploité cette figure emblématique dans ses films. Quasiment absent des écrans français (quel autre film que "Président" de Lionel Delplanque a pour héros le chef d'état?), Hollywood fait régulièrement du leader des USA, le héros de ses longs-métrages.
Tour à tour, héros de sa nation, bon père de famille, politicien corrompu... Le cinéma a plus d'une fois mis en scène les différentes facettes de cet homme hors du commun.
Pourquoi ce personnage politique déserte-t-il le cinéma français? Peut-être faut-il y voir les conséquences de nos Histoires si différentes? Si la France a connu, subi et aboli la monarchie, l'Amérique n'a jamais été gouvernée par un roi. Le président américain est le seul représentant de la puissance publique qui se rapproche le plus d'un souverain pour le peuple américain. La France a fait le deuil et ne souhaite plus revoir ce genre de dirigeant, les Américains ont semble-t-il des besoins divergents. Peut-être peut-on y voir la raison de sa forte présence au cinéma.
A l'approche des élections présidentielles américaines, ce documentaire réalisé en partenariat avec TCM retrace chronologiquement la représentation de ce chef d'état dans les films d'Hollywood. Plusieurs questions sont posées. Quel rôle joue la Mecque du cinéma dans la vision qu'a le public du président des Etats-Unis? A-t-elle le pouvoir de faire pencher la balance en faveur de l'un des candidats?
N'oublions pas qu'Hollywood comme toutes les cités mères du cinéma est une entreprise. Une industrie qui fabrique du rêve, certes mais qui reste tout de même une entreprise. En faisant du président, un héros à l'éloquence sans égal (tout le monde se souvient de la tirade de Bill Pullman dans "Independance day"), un travailleur actif toujours accompagné de ses conseillers, un homme charismatique, souvent âgé à l'image d'un bon père de famille sincère et aimant, Hollywood fabrique du rêve. Et transforme un acteur en président que le peuple américain rêverait d'avoir.
S'approprier cette puissance publique est aussi l'opportunité pour le cinéma américain de narrer l'histoire d'un de ses personnages récurrents, celui du self made man. Le bon américain moyen arrivé aux cimes du pouvoir à force de travail, et de persévérance.
Le documentaire relate tout ça. On en ressort éclairé sur la vision qu'ont les Américains de leur président. Il est toutefois dommage que le documentaire ne s'intéresse pas à l'avis des étrangers tout aussi concernés par la politique américaine. Il aurait été également très intéressant qu'il développe les coulisses, la face cachée du chef d'état. Le documentaire ne fait qu'aborder le côté obscur de l'homme politique pour tout de suite se recentrer sur son aspect patriarcal. C'est regrettable dans la mesure où il est peut-être l'homme le plus puissant du monde. Mais peut-être qu'un format plus long aurait permis de traiter ce sujet.
Difficile de faire la liste de tous les films mettant en scène le président des Etats-Unis tant il y en a. Mais à l'heure où on attend la sortie de "W", le nouveau film d'Oliver Stone, qui relate la vie de George W. Bush d'avant son élection, il y a fort à parier que ce haut politicien n'est pas prêt de déserter les écrans.

Résumé et présentation du thème + liste de tous les intervenants sur le site TCM


Les diffusions du documentaire:
vendredi 17 octobre à 23h30 /
jeudi 23 octobre à 19h45 /
lundi 27 octobre à 19h45 /
mercredi 29 octobre à 23h50 /
samedi 1er novembre à 20h45 /
dimanche 2 novembre à 19h45.


Bande annonce du documentaire



Trouvez ici, le lien vers la liste des films traitant des présidents made in Hollywood, diffusés tout au long du mois d'octobre (si vous n'êtes pas abonné à la chaîne TCM, profitez qu'elle soit en clair durant tout le mois).

ENTRE LES MURS ****

Sortie : 24 septembre 2008
De : Laurent Cantet
Avec : François Bégaudeau, Franck Keita, Esmeralda Ouertani, Rachel Régulier, Boubacar Touré, Wei Huang, Louise Grinberg, Carl Nanor...

Lauréat de la Palme d'or au 61ème Festival de Cannes, Entre les murs relate l'année scolaire d'un prof de français enseignant dans un collège difficile de Paris dans une classe de quatrième. Sean Penn, président du jury a dit avoir voulu récompenser le film qui s'inscrirait le plus dans l'actualité. Si l'ambiance, les jeunes et leur langage... sont plus que jamais d'actualité, le thème du film est universel et intemporel. Car avant toute chose, c'est de communication que le réalisateur entend parler. Et en matière de nuances dans le dialogue, la langue de Molière est la reine. Après deux heures de joutes verbales entre le prof et ses élèves, on ne sait toujours pas si le film méritait une telle récompense (même si dans un élan de chauvinisme, on est bien heureux de cette récompense), mais Laurent Cantet n'aurait pas obtenu ce prix suprême, qu'Entre les murs resterait un excellent film.
Réalisateur définitivement porté sur le social (on se souvient de Ressources humaines), Laurent Cantet filme toute une année scolaire avec tout ce qui la compose (contrôles, réunions de profs, rencontres parents-professeurs, conseils de classe...) sans jamais prendre le parti de qui que ce soit. La caméra se promène du prof à l'élève les filmant sur un pied d'égalité. François Bégaudeau comme chaque élève est d'un naturel confondant (des perturbateurs au fond de la classe aux filles à la tchatche incontrôlable). Ultra-réaliste, le film flirte souvent avec le documentaire, l'adaptation du livre éponyme de François Bégaudeau aidant (réellement prof en dehors des plateaux, ce dernier sait donc de quoi il parle). L'insolence des jeunes dépasse souvent les limites mais on ne peut s'empêcher de s'attacher à certains, plus têtes de mules que méchants. Cantet n'oubliant pas de préciser tout en subtilité, qu'ils ne sont que des ados en quête de reconnaissance, des ados errant dans une société peu aidante et démunis face à des parents qui laissent le plus gros travail de l'éducation au prof. Mais si le réalisateur fait la part belle aux élèves, il livre surtout avec Entre les murs, une ode au métier de professeur. On ressort du film plein de compassion pour le corps enseignant et spécialement pour ce genre de profs à la patience maintes fois éprouvée, mettant leur vocation au banc d'essais chaque jour de cours. On rit de certains échanges, le prof ne déméritant pas face à sa classe en matière de répartie. On s'émeut du destin de certains élèves. Les scènes des autoportraits (idée tout bonnement géniale) nous dévoile toutes les conséquences néfastes de l'absence de dialogue entre les gens. Celui de Wei est le plus touchant et le plus révélateur. Cantet, en plus d'avoir permis à la France de remonter sur la plus haute marche du podium à Cannes, nous livre son film le plus réussi ayant su faire s'accorder la fougue d'une trentaine de jeunes survoltés et la passion d'un prof de français qui ne décroît jamais.

mercredi 1 octobre 2008

HARCELES **

Sorti le: 01/09/08
Réalisateur: Neil LaBute
Avec: Samuel L. Jackson, Patrick Wilson, Kerry Washington...

Un jeune couple qui cherche à fonder un foyer s'installe dans un quartier tranquille de Californie. Aux premiers abords, le voisinage semble sympathique, mais leur voisin flic de son état, désapprouvant leur relation interraciale, devient de plus en plus agressif. Le conflit éclate entre eux alors que la ville s'enflamme étouffant sous un soleil de plomb.
Samuel L. Jackson, le roi de la cool attitude, en flic psychopathe. Voilà, la seule bonne raison valable de se déplacer.
Un homme blanc et une femme noire s'aiment mais leur voisin noir ne le supporte pas, cette relation lui rappelant les blessures de son passé. Le thème central du film était bien intéressant, le scénario osait traiter du racisme de manière différente. Et surtout ne plus cantonner Samuel L. Jackson dans le rôle du mec funky dans lequel il semblait de plus en plus s'enfermer. Mais ce scénario qui commençait si bien tombe très vite dans les clichés et au terme de la moitié du film, une fois que les accrochages entre voisins montent crescendo, la fin ne fait plus de doutes et tue le peu de suspens qui restait. Le film en devient long et le spectateur n'attend qu'une chose que le couple et leur psychopathe de voisin en décousent une bonne fois pour toute.
Neil LaBute essaye tant bien que mal de donner vie à une histoire convenue. A défaut de rendre intéressante la destinée des trois protagonistes, il saura se servir des décors. Placer le conflit de voisinage dans une petite bourgade pavillonnaire bien tranquille permet d'accentuer le caractère psychopathe de Jackson. Et la vue que ce quartier offre sur la Californie en flammes renforce
la tension qui monte entre les différents protagonistes au fil que les minutes passent.
Mais les décors et le sujet du film ne suffissent pas pour passionner le public. Seul les acteurs impliqués convainquent, Samuel L. Jackson très impressionnant, en tête.

bande annonce allociné