lundi 31 janvier 2011

LE DISCOURS D'UN ROI *** (en avant-première)


Titre original: The King's Speech
Sortie: 2 février 2011
De: Tom Hooper
Avec: Colin Firth, Helena Bonham Carter, Geoffrey Rush, Guy Pearce, Timothy Spall, Michael Gambon...

La voix de la résistance

1936, Edward VIII vient de succéder à son défunt père, le roi George V. Un an après, il abdique afin d'épouser Wallis Simpson*. Il laisse le trône à son frère qui prend le nom de George VI. Bègue et mal à l'aise en public, le roi consulte en vain. Seuls un professeur de diction peu conventionnel, Lionel Logue et le soutien de sa femme, parviendront à lui faire surmonter son handicap.

Il y a encore quelques semaines, personne n’avait encore entendu parler de ce film mais aujourd’hui, les médias ne parlent que de The King’s Speech. Il est le favori des prochains Oscars avec 12 nominations et vient de remporter 7 Golden Globes Awards. Mais n’en fait-on pas un trop ? Après tout, ce n’est que l’histoire d’un type qui tente de surpasser son bégaiement. Soit le quotidien de millions de personnes dans le monde. Parmi les bègues les plus connus, on compte Napoléon Ier, Winston Churchill, Marilyn Monroe et même François Bayrou. Tous ont réussi à vaincre leur handicap et on ne fait pas de films sur chacun d’eux. Pourquoi George VI? Ce n'est pas à la personne du roi en elle-même qu'il faut s'intéresser mais au contexte qui entoure son parcours. On est en 1936, la seconde guerre mondiale est proche. Une scène du film est particulièrement parlante. Tandis que le roi visionne une vidéo faite de lui en famille, celle d’un discours d’Hitler prend la suite. Le chancelier allemand devenu entre temps le Führer commence à inquiéter le reste du monde. Son talent oratoire électrice les masses. Albert est comme paralysé par ce qu’il voit et entend. Il prend conscience qu’il va devoir se surpasser à l’antenne pour lui aussi galvaniser les foules.
Colin Firth est excellent dans la peau de ce roi bafouilleur. C’est la troisième fois qu’il interprète un bègue. On pourrait penser qu’il en a l’habitude. Mais à l’écoute du discours original (voir infra), on ne peut que constater le travail considérable effectué par l’acteur. Sa complicité avec Geoffrey Rush (Logue) est particulièrement touchante. D’orthophoniste, Lionel Logue devient l’ami de la famille. George VI ne se séparera plus jamais de cet homme aux méthodes orthodoxes mais miraculeuses. Des séances de rééducation cocasses aux discussions plus intimes, les deux comédiens bénéficient d’une alchimie qui confortent leurs talents respectifs. Ils sont d’égal à égal.
David Seidler a adapté lui-même la pièce de théâtre qu’il a écrite. Ce contexte de guerre imminente est définitivement la véritable force du scénario. Il donne une toute nouvelle perspective au bégaiement d’Albert. Ils ne constituent dès lors plus un handicap mais un véritable obstacle à l’exercice de ses fonctions. Le roi ne se corrige alors plus pour lui-même mais pour tout un peuple. Il veut et doit devenir la voix de la résistance. La dernière scène du film est à ce titre royale. God save the King !

*Plusieurs films sont en préparation au sujet de cet amour interdit dont un réalisé par Madonna. Il pourrait même être présenté en avant-première au prochain festival de Cannes.



1 commentaire:

selenie a dit…

Ce film est tout bonnement magnifique. Excellent scénario dont le montage intelligent arase le temps entre 1925 et 1939 pour raconter le destin d'un roi qui est d'abord celui un homme. La mise en scène est tout aussi réussie, parfois très discrète parfois plus inventive pour créer la sensation de solitude du roi. 4/4