vendredi 20 mai 2011

LA CONQUETE **

Sortie : 18 mai 2011
De : Xavier Durringer
Avec : Denis Podalydès, Florence Pernel, Bernard Le Coq, Hippolyte Girardot, Samuel Labarthe, Hippolyte Girardot, Grégory Fitoussi, Saida Jawad, Dominique Besnehard…

"Il veut ma place ce petit saligaud" (Jacques Chirac à propos de Nicolas Sarkozy)

Premier film français osant le biopic d’un homme politique encore en fonction, La conquête est un véritable pari pour Xavier Durringer (qui a surtout officiait à la télévision). On a beau nous prévenir en début de séance que ce film est avant tout une fiction, difficile de pardonner au réalisateur une quelconque erreur factuelle. Conscient de l’enjeu de son projet, Durringer confie le scénario à Patrick Rotman. L’auteur, également historien, a réalisé en 2006 un double documentaire sur Jacques Chirac (Chirac, Le jeune loup, et Chirac, Le vieux lion). Autant dire que l’écrivain évolue en terrain connu et n’avait pas droit à l’erreur. Présenté hors compétition au Festival de Cannes 2011, le film n’a pas été très bien reçu. La conquête est un film très bien documenté, Rotman a enchaîné rencontres, interviews, et lecture intensive d’articles et de livres sur le sujet… Pourtant, le résultat est peu informatif pour quelqu’un qui suit un tant soit peu l’actualité. Le film hésite constamment entre le portrait d’un homme politique, plus déterminé que jamais, et l’étude des coulisses du pouvoir. Dommage car à force de tergiverser, on finit par avoir l’impression d’assister à une simple succession de scénettes politiques…
Autre point négatif, la rupture entre Cécilia et Nicolas Sarkozy. Peut être que dans un souci de respect de la vie privée, Durringer n’a pas voulu la développer davantage. Grossière erreur quand on sait l’influence considérable qu’elle détenait sur le futur président. D’autant plus que Florence Pernel parvient à rendre la Première dame la plus éphémère de France, plutôt attachante. On aime son côté desperate housewive au bord de la crise de nerfs, et qu’elle ne soit pas complètement déconnectée de la réalité contrairement à la majorité de son entourage. D’ailleurs les acteurs principaux constituent la plus grande qualité de La conquête. Denis Podalydès est impressionnant tant il a su capter toutes les mimiques, et tocs de Sarkozy. Si la ressemblance physique n’est pas frappante, le travail effectué sur sa voix, sa démarche, ses postures, nous le fait rapidement oublier. De plus, il parvient à humaniser l’homme qu’il incarne sans toutefois le rendre complètement sympathique. Une interprétation très convaincante qui ont poussé certains à déclarer le film pro-Sarko. Or il n’en est rien. Ni pro, ni anti-Sarko, La conquête est surtout « pro-Chirac ». L’ancien président est si drôle et attachant qu’un non chiraquien pourrait le devenir. Bernard Le Coq, catalogué télé et complètement sous-estimé, est incroyable. Il ne joue pas, il est véritablement Chirac. Il parvient à la fois, à en restituer le physique mais aussi toute la sympathie. On est très souvent touché devant cet ancien tueur politique sur le déclin. Le reste du casting n’est pas mauvais mais parfois à la limite du guignolesque. A l’image de Samuel Labarthe qui imite très bien Dominique de Villepin mais qui imite très mal Patrick Poivre d’Arvor, tout comme Dominique Besnehard qui imite très bien Pierre Charron mais très mal Ségolène Royal… L’agent de stars revanchard, coach de Ségolène Royal durant sa campagne, y prend un plaisir évident. Même si on en rit, il est vrai, ce règlement de comptes personnel n’a juste rien à faire là. La bande originale, très musique de cirque, enfonce le clou et donne au film des airs de spectacle de marionnettes. Elle discréditerait presque la prestation de Podalydès. On adore par contre les joutes verbales audiardesques entre Chirac et Sarko, même si c’était un peu facile… Mais c’est agréable d’avoir l’impression d’être une petite souris et de découvrir de l’intérieur, les arcanes du pouvoir et les inimitiés qui en découlent. Un pouvoir exercé par des hommes qui ont plus souvent l’air de candidats à une émission de télé-réalité (Qui parviendra à faire le plus parler de lui ? A récolter le plus de voix ?…) qu’à de véritables dirigeants.

1 commentaire:

selenie a dit…

Premier bon point le fait de rester le plus impartial possible, rendant Sarko humain donc aussi un être qui peut être aussi con que touchant. L'autre bon point reste le casting même si la caricature est présente avec des interprétation pas toujours très naturelle notamment pour Podalydès-Sarkozy. L'autre bon point reste l'excellence des coulisses du pouvoir et la bonne description de la violence et du pouvoir des mots et du verbe. On peut regretter la part trop "ouverte" des scènes intimes du couple présidentiable par un manque évident de témoignage. 2/4