DETACHMENT ** (en avant-première)

Sortie : 1er février 2012
De : Tony Kaye
Avec : Adrien Brody, Sami Gayle, Marcia Gay Harden, Lucy Liu, James Caan, Tim Blake Nelson, Christina Hendricks, Blythe Danner, William L. Petersen, Bryan Cranston…

Le constat amer et urgent de l’échec du système éducatif américain

Le détachement : dans le film, c'est une distance que les professeurs tentent de mettre entre eux et leurs élèves violents et démotivés afin de ne pas sombrer dans la folie ou la dépression. Henry Barthes (Adrien Brody) est un adepte de la méthode mais deux jeunes filles en détresse viennent tout bouleverser : Meredith (Betty Kaye, le propre fille du réalisateur), artiste torturée qui adore la photo et Erica, prostituée qu’il recueille (interprétée par Sami Gayle, cette dernière est le personnage le plus attachant du film. La jeune actrice est une véritable Natalie Portman en devenir. Elle a en tout cas le même charme insolent que la comédienne à ses débuts dans Léon). 

Après le racisme avec American History X (1998) et l’avortement avec Lake of Fire (2006), Tony Kaye aborde un autre thème social, celui de l’éducation. Avec Detachment, le réalisateur met à jour l’échec de la loi américaine votée en 2001 (sous la présidence de George W. Bush) : « No child left behind ». Le film n’est pas le premier a traiter de la confrontation entre un professeur et ses élèves (voir : le top 20 des profs les plus marquants) mais il est l’un des rares à rendre compte d'un système éducatif laissé à l'abandon par un Etat tout aussi démissionnaire que les parents. C’est encore mieux qu’un rapport pondu par une obscure commission. Prix de la critique internationale et de la révélation Cartier au dernier Festival de Deauville, Detachment prend des airs de docu-fiction à certains moments. Pour mieux étayer son propos, Tony Kaye fait même témoigner de véritables enseignants dans le générique de début. Les profs fictifs sont eux tous interprétés d’une main de maître par un casting hors pair : outre l’excellent Adrien Brody tout en émotion retenue, on adore Lucy Liu en conseillère d’orientation au bords de la crise de nerfs et James Caan, le prof marrant shooté aux antidépresseurs pour tenir le coup. Au cas où vous seriez déprimée, laissez tomber l’idée de voir le film mais Detachment est indéniablement un film nécessaire pour constater qu’il devient urgent de reconstruire un système éducatif à la dérive. Un système pas forcément américain d’ailleurs...