Sorti le: 24/03/08
Réalisateur: Michael Haneke
Avec: Noami Watts, Tim Roth, Michael Pitt, Brady Corbet, Siobhan Fallon...
Le couple Farber et leur enfant en vacances dans leur résidence secondaire voient leur séjour tourner au cauchemar quand deux adolescents qui n'en sont pas à leur premier essai, arrivent pour les séquestrer.
Le premier "Funny Games" d'Haneke datant de 1997 et ne se prêtant pas à une exportation aux Etats-Unis, le réalisateur allemand crut nécessaire d'en faire un remake.
Ainsi, il reprend la même histoire tournée à l'identique, mais avec des acteurs anglo-saxons afin que le public américain ne se sente pas trop perdu, tout en prétextant vouloir dénoncer la violence selon lui trop présente dans le cinéma outre-atlantique.
Le générique de début promettait, la musique ultra-violente de Naked City vous prend au ventre, on s'attend à un spectacle à la limite du supportable mais à la sortie du film, on se dit que l'interdiction au moins de 16 ans est exagérée. On nous avait mis en garde quant à son sadisme latent mais ce n'est pas l'effusion de violence à la fois tant attendue et redoutée. C'est limite un peu trop causant et pas assez physique. Stanley Kubrick, autre réalisateur controversé, aurait été plus percutant.
Toutefois, après mûre réflexion, on se rend compte qu'Haneke est un réalisateur bien subtile et qu'on s'est fait prendre au piège.
Ainsi, les longs plans-séquences sur les vexations que subissent la famille Farber mettent le spectateur en situation de témoin privilégié. Nous sommes dans la pièce sans y être.
Sans parler des moments où l'un des deux tortionnaires prend à parti le spectateur face caméra lui demandant s'il en veut plus, le faisant rentrer dans son jeu (Michael Pitt est impeccable et troublant. Il est à la fois drôle, intelligent, et dangereux et donc forcément, très inquiétant!)
Le film nous rend coupable de complicité envers le couple et l'enfant. Il nous dit que le fait de regarder ainsi, presque sans sourciller, ces gens se faire torturer aussi bien mentalement que physiquement fait de nous, des voyeurs y prenant un plaisir pervers.
Et c'est cela qui est dérangeant dans le film. Ce n'est pas le fait d'assister à des séances d'humiliations successives qui met mal à l'aise mais c'est le fait d'en devenir les complices.
Haneke en réalisant son propre remake veut nous faire prendre conscience du manque de moralité qui sommeille en chacun de nous. Mais Haneke est-il lui-même très moral de nous le faire remarquer tout en filmant une telle histoire de bout en bout, le final scellant le tout?
C'est là qu'on voit combien il était nécessaire de reprendre le film original plan par plan. S'il avait été filmé différemment, le spectateur n'aurait pas été rendu complice et le film n'aurait été qu'un long-métrage trash supplémentaire.
"Funny Games" a fait, fait, et fera encore longtemps polémique. Mais qu'on y adhère ou pas, Haneke aura réussi son pari, celui de faire découvrir son film à un plus large public.
Maintenant, reste à sa voir si le spectateur reconsidéra sa position de voyeur.
A noter, les impeccables prestations de toute la distribution sans qui le film n'aurait pas la même portée. Noami Watts y est excellente du début à la fin, elle joue ni plus, ni moins avec ses tripes.
http://fr.youtube.com/watch?v=Ec-70W_K77U
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