mercredi 27 avril 2011

MOI, MICHEL G, MILLIARDAIRE, MAÎTRE DU MONDE ***

Sortie : 27 avril 2011
De : Stéphane Kazandjian
Avec : François-Xavier Demaison, Laurent Lafitte, Guy Bedos, Alain Doutey, Laurence Arné, Patrick Bouchitey…

"L’argent est le fumier dans lequel pousse l’humanité de demain"
(Emile Zola, « L’argent »)

Mixez Bernard Tapie, Jean-Marie Messier, François Pinault ou encore, Bernard Arnault, et vous obtiendrez Michel Ganiant. Ganiant, c’est le dernier golden boy, le symbole du capitalisme néolibéral. Il a tout : argent, amour, pouvoir. Et il en veut toujours plus. Joseph Klein, journaliste engagé, réputé pour ses documentaires sans concession, décide de le suivre dans son quotidien.

Après « Sexy Boys » ou « Modern Love », Stéphane Kazandjian abandonne les comédies simplistes pour un pamphlet anticapitaliste. Vrai-faux documentaire sur un patron du CAC 40, « Moi, Michel G, Milliardaire et Maître du monde » brosse le portrait au vitriol d’un homme d’affaires sans foi ni loi.
Dans le rôle du businessman, François-Xavier Demaison est réjouissant. On pense beaucoup à Didier Bourdon en le voyant jouer. Même en bourgeois pédant tête à claques, on trouve le moyen de le trouver attachant. Ancien avocat fiscaliste exerçant à New York, le comédien avait donc de quoi largement s’inspirer. Il a su toutefois conférer à son personnage, une touche d’humanité. On a presque de la peine quand son empire vacille. L’acteur s’éloigne des comédies grâce auxquelles il s’est bâti une jolie réputation, et franchit un cap.
En face de Demaison, Laurent Lafitte. Journaliste (forcément de gauche face au capitaliste de droite), l’acteur dit s’être inspiré de Michael Moore. Connu du grand public depuis son rôle d’amoureux éconduit dans « Les petits mouchoirs », Lafitte, plus qu’un journaliste, incarne un homme modeste auquel on peut facilement s’identifier. Antinomiques à la base, les deux hommes parviennent tout de même à se lier, ce qui finit d’adoucir le caractère cupide de Ganiant.
Mais notre préférée, c’est définitivement Laurence Arné. Vu dans « L’amour, c’est mieux à deux », l’actrice incarne Deborah, l’épouse de Michel, qui aime son mari proportionnellement aux fluctuations de son compte en banque. Son jeu allusif à Carla Bruni est un régal. Comme elle, c’est une « artiste », et son dernier projet est de : percer dans la chanson. La voir, ou plutôt l’entendre composer, n’a pas de prix.
On pourrait peut être reprocher au film d’être quelque peu caricatural mais le réalisateur choisit de dénoncer par le biais de la comédie. Le rire permet de relativiser l’impitoyable univers de Ganiant. Les piques au monde politique et économique actuel sont multiples, et les regards en coin que Demaison adresse à la caméra de Lafitte, en disent plus longs que mille discours. On aurait tort de s’en priver.

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