La critique de PROMETHEUS ** (en avant-première)

Sortie : 30 mai 2012
De : Ridley Scott
Avec : Noomi Rapace, Charlize Theron, Michael Fassbender, Idris Elba, Guy Pearce, Patrick Wilson, Logan Marshall-Green…

Un grand pas pour l’homme, un petit pas pour l’humanité

Après avoir imaginé un prequel à son Alien (1979), Ridley Scott préfère finalement s’en détourner pour revenir aux origines de l’univers, et plus particulièrement à celles de l’espèce humaine (H. R. Giger, le créateur du huitième passager revient néanmoins superviser la déco). Résultat : Prometheus est un gros foutoir existentialiste dont on ressort avec plus de questions que de réponses. En même temps, le scénario a été confié à Damon Lindelof déjà responsable de nos sempiternelles prises de tête avec la série Lost. Ceci expliquant cela.

Promethée ou Prometheus en latin est un titan qui dans la mythologie grec vole le feu aux dieux pour l’offrir aux humains puis est condamné à être enchaîné à un rocher pour l’éternité pendant qu’un aigle dévore son foie (qui repousse chaque nuit, sinon ce ne serait pas drôle). Ici, on est en 2091 et Prometheus est un vaisseau qui embarque 17 personnes vers la planète LV-223. But du voyage : découvrir les origines de l’humanité sur Terre. Une expédition qui ne sera pas de tout repos.

Dès son annonce, Prometheus nous fait bien saliver mais après une promo bien rôdée (deux vidéos virales sortent en février et avril 2012 puis une station fantôme ligne 9 fait son apparition début mai*), c’est encore pire. Malheureusement, malgré une très belle 3D et un final surexcitant, le résultat n’est pas la hauteur de nos espérances. Loin d’être le grand film de SF annoncé, ou plutôt attendu, Prometheus est un énorme pot pourri qui commence avec des plans contemplatifs à la Terrence Malick pour continuer dans la veine du blockbuster. Bref, un film d’action non dénué de défauts, la faute à ses humanoïdes géants très « weird » qui semblent sortir de Stargate. Sans parler de cette musique très, trop, similaire à celle du Superman (1979) de Richard Donner. Encore un peu et on suspectait Harry Gregson-Williams d’être le fils caché de John Williams. Mais après vérification, non.

Côté casting, Ridley Scott n’a pas vraiment fait la part belle aux femmes. L’actrice Sud-Africaine Charlize Theron (Meredith Vickers, sublime mais froide chef d’équipage) a connu des rôles plus consistants tandis que la comédienne suédoise Noomi Rapace (Elizabeth Shaw, scientifique dont la foi est éprouvée par ce dangereux périple) est quasi omniprésente mais passe pour une Ellen Ripley au rabais. Et ce malgré une scène, LA scène, qui devrait immédiatement entrer dans les annales de l’horreur. On préfère à ce duo de charme, Michael Fassbender qui leur pique littéralement la vedette. Il incarne David, androïde aux obscures ambitions et fan de Peter O’Toole. Fassbender rayonne à chaque apparition et nous fascine par sa prestation si ambiguë.

Bref, on est très loin de l’angoissant Alien. Mais malgré ses quelques défauts, Prometheus reste un film de science fiction à voir absolument. Faute de tout comprendre, on ne s’ennuie pas, on en prend plein la vue et on admire Ridley Scott d’avoir su balayer thèses créationnistes et darwinistes d’un coup de blockbuster.

*En février 2012, une première vidéo présente le personnage de Peter Weyland interprété par Guy Pearce. PDG de la société Weyland, il y livre sa version du mythe de Prométhée. C’est lui qui sera à l’initiative de la mission Prometheus). En avril 2012, on découvre une seconde vidéo présentant cette fois-ci l’androïde David (Michael Fassbender).

L’ancienne station de métro Saint-Martin a été redécorée du 16 au 25 mai aux couleurs du film. La station fantôme était même annoncée sur les plans de métro dans chaque wagon de la ligne entre les stations République et Strasbourg-Saint-Denis, direction Pont de Sèvres.