lundi 21 septembre 2009

La critique de DISTRICT 9 ****

Sortie : 16 septembre 2009
De : Neill Blomkamp
Avec : Sharlto Copley, David James, Jason Cope, Louis Minaar...

Depuis plus de vingt ans, des aliens entrés en contact avec la Terre et dans l'incapacité de rentrer chez eux, ont été installés dans le camp "district 9" dans la ville de Johannesburg. Alors que le MNU, société privée chargée de leur gestion mais secrètement intéressée par leur armement, organise leur transfert vers un autre camp, un de ses agents est contaminé par un fluide extraterrestre. Il devient alors l'homme le plus recherché du pays. Son ADN étant désormais mêlé à celui des aliens, il devient le seul humain sur Terre à pouvoir utiliser leurs armes.

Premier long-métrage de Neill Blomkamp produit par Peter Jackson, District 9 fut sélectionné au dernier festival de Deauville. Tourné en Afrique du Sud en plein hiver pour un budget ridicule de 30 millions de dollars, le rendu, lui au contraire ne l'est pas du tout. Les effets spéciaux bluffants prouvent qu'il y a besoin de peu d'argent quand le maître d'oeuvre a bien les choses en mains. Tourné dans un style documentaire, on est au début déconcerté mais on se prend vite au jeu et la caméra à l'épaule façon reportage finit de conférer au film, un réalisme certain. Le fait que les aliens s'arrêtent au dessus de Johannesburg (au lieu de Washington ou NY comme ils en ont l'habitude) n'est également pas étranger à ce sentiment.
Ovni parmi les références fantastiques, District 9 fait preuve d'originalité en se débarrassant de tout manichéisme. Ici, ce ne sont pas forcément les aliens, les méchants. Le bien et le mal ne s'affrontent pas, nous sommes juste en présence de deux communautés qui ne se comprennent pas et se rejettent l'une et l'autre. Les aliens, rabaissés et dénigrés par les humains qui les ont affublés du sobriquet de crevette, ne sont pas attachants pour la plupart, mais quand l'histoire commence à se concentrer sur le destin de deux d'entre eux, alors ils finissent par l'être. Comment ne pas être ému par ce père déterminé à rentrer chez lui. On craint à chaque moment pour sa vie, et son fils aux faux airs d'un petit E. T. n'arrange en rien notre inquiétude.
Aucun stéréotype ne vient entacher tout ce film si nuancé. Wikus, l'agent de la MNU qui devient l'objet d'une chasse à l'homme malgré lui, est loin d'être un héros. Au début, à la limite du benêt, on se prend d'empathie pour lui au fur et à mesure. A la fois capable de traîtrise et d'héroïsme, il tente juste de survivre aux forces de l'ordre qui ont juré d'avoir sa peau. Mais malheureusement, il ne fait pas toujours les bons choix. Sharlto Copley, génial dans ce rôle, incarne à merveille l'ambivalence de ce personnage tout simplement humain.
Réellement novateur, et critique à peine cachée de notre réalité (les aliens ghettoïsés et maltraités par des humains arrogants ne sont qu'une parabole du racisme et de l'intolérance qui entachent nos sociétés), District 9 n'a rien à voir avec les films de science-fiction auquel le cinéma nous avait habitué. Et ce, pour notre plus grand plaisir de cinéphile. Le soi-disant héros n'est pas là pour sauver le monde et jusqu'à la dernière minute, on ne sait vraiment pas comment cette histoire aussi invraisemblable que pleine de justesse va finir.

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