lundi 23 mai 2011

PIRATES DES CARAIBES : LA FONTAINE DE JOUVENCE **


Titre original: Pirates of the Caribean: On Stranger Tides
Sortie: 18 mai 2011
De : Rob Marshall
Avec : Johnny Depp, Pénélope Cruz, Geoffrey Rush, Ian McShane, Stephen Graham, Sam Claflin, Astrid Berges-Frisbey, Keith Richards, Judi Dench, Gemma Ward…


« Pirates des Caraïbes » prend l’eau

Présenté hors compétition au Festival de Cannes 2011, le quatrième volet de Pirates des Caraïbes a réalisé le meilleur démarrage de l’année (et détrône du même coup Rien à déclarer de Danyboon). Un succès logique vu la promotion sans faute dont le film a fait l’objet. Apparemment, Jack Sparrow manquait. Pourtant après une trilogie inégale, on pensait avoir fait le tour des aventures du pirate. Hollywood, en a décidé autrement, refusant de voir disparaître l’une de ses franchises les plus fructueuses. Ce n’est pas Johnny Depp qui s’en plaindra, le contrat le liant à la saga Disney serait, selon les rumeurs, le plus lucratif de l'histoire du cinéma pour un acteur. Et puis se glisser dans les habits de Jack, c’est comme incarner une rock star selon ses propres mots…
Le comédien semble avoir perdu de son flair. Voilà bien une décennie qu’il ne joue que des rôles sans saveur, qu’il gâche son talent dans des comédies ratées, car ce serait vraiment dommage que ses enfants ne puissent pas voir ses films… Si la paternité a réussi à Brad Pitt qui enchaîne monuments sur monuments (Babel, Jessie James, Inglourious Basterds, The tree of life), elle n’a pas l’air de réussir à Johnny Depp. Son interprétation de Sparrow s’est tout de même améliorée depuis le dernier chapitre. Alors que le charme du pirate devenait quelque peu lassant, il se fait ici plus nuancé tout en restant amusant, même si on frôle toujours trop souvent la caricature. Quant aux nouveaux venus, ils nous font amèrement regretter le départ d’Orlando Bloom et Keira Knightley. La sirène au regard ébahi et le missionnaire sentencieux créent une romance inutile qui frise le ridicule. Astrid Bergès-Frisbey et Sam Claflin font pâle figure, comparé à l’insoumise Elisabeth et le fougueux Will. Si quelqu’un pouvait aussi signifier à la jeune actrice française d’apprendre à articuler, histoire qu’on comprenne les cinq lignes de dialogues qu’elle a à déclamer…
Le choix de Rob Marshall pour remplacer Gore Verbinski (parti au bon moment) n’arrange rien. Le réalisateur du désastreux Nine se vante d’avoir rendu la trame de la saga plus simple… Il a certainement voulu dire simpliste. Ainsi, on s’enthousiasmait de l’arrivée du personnage de Barbe Noire dans l’aventure. La saga allait enfin prendre de l’épaisseur, s’obscurcir… C’était oublier que Pirates est avant tout une franchise Disney, et donc tout d’abord destinée aux enfants. Le pirate le plus redouté de tous les temps oublie d'impressionner. Même Barbossa est plus intimidant… La fontaine de Jouvence manque cruellement de cette originalité qui seyait aux premiers. Seules l’attaque des sirènes vient sauver le film de la débâcle. Plus proche de la version d’Homère que celle du Disney d’antan (on est très loin d’Ariel dans La petite sirène), ces démons mi-mante religieuses, mi-vampires, constituent l’unique intérêt de ce nouvel épisode. Le film marque également les retrouvailles de Depp avec Pénélope Cruz, dix ans après Blow. Pendant féminin de Sparrow, l’actrice espagnole est une véritable bouffée d’air frais. Mais ces bons points sont insuffisants pour sauver ce quatrième volet qui divertit à peine et pompe allègrement sur d’autres œuvres de divertissement bien plus réussies. Certains moments ne sont pas sans rappeler Indiana Jones dont la fontaine de jouvence fait écho à sa Dernière croisade. Puis l’instant d’après, on croit avoir atterri chez les Goonies. Tiens Willy le Borgne! Ah non, Ponce de León… Et on en passe.
Bref, un blockbuster encore moins distrayant que l’attraction dont il s’inspire mais qui contentera les plus petits. Malheureusement un cinquième et sixième épisode sont bel et bien prévus.


dimanche 22 mai 2011

CANNES 2011 : palmarès



Après que le jury ait pendant deux semaines visionné tous les films en compétition, il a enfin rendu son palmarès. Sans plus attendre, les heureux lauréats.
(Retrouvez les infos sur les films récompensés dans la chronique Festival de Cannes 2011)


PALME D'OR DU COURT-METRAGE
CROSS (CROSS-COUNTRY) de Maryna Vroda (France, Ukraine)
> D'abord on le force à courir, puis il court de lui-même pour enfin en regarder une autre courir.


CAMERA D'OR
ACACIA de Pablo Giorgelli (Argentine)
Sortie: inconnue
> Un routier accompagne une femme et son enfant qu'il ne connaît pas entre le Paraguay et Bueno Aires

PRIX DU JURY
POLISSE de Maïwenn (France)
Sortie: 19 octobre 2011
> Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs)


PRIX DU SCENARIO
FOOTNOTE - Joseph Cedar (Israël)
Sortie: inconnue
> Les relations entre un père et son fils autour de l'étude du Talmud.

PRIX D'INTERPRETATION FEMININE
KIRSTEN DUNST pour Mélancholia de Lars Von Trier (Danemark)
Sortie: 10 août 2011
> Alors qu'un couple célèbre leur mariage, une planète nommée Melancholia menace de percuter la Terre


PRIX DE LA MISE EN SCENE
NICOLAS WINDING REFN pour Drive (Danemark)
Sortie: 5 octobre 2011
> Un cascadeur d'Hollywood découvre que sa tête est mise à prix.


PRIX D'INTERPRETATION MASCULINE
JEAN DUJARDIN pour The artist de Michel Hazanavicius (France)
Sortie: 19 octobre 2011
> Hollywood, 1927. Une jeune actrice connaît l'ascension tandis qu'une star du muet décline à l'apparition du cinéma parlant.


GRAND PRIX

LE GAMIN AU VELO de Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique)
Sortie: 18 mai 2011
> Un enfant placé par son père dans un foyer trouve refuge auprès d'une coiffeuse qui lui apporte l'affection dont il manque tant.
ONCE UPON A TIME IN ANATOLIA de Nuri Bilge Ceylan (Turquie)
Sortie: inconnue
> L'histoire d'une médecin vivant dans la steppe anatolienne.


PALME D'OR
THE TREE OF LIFE de Terrence Malick (Etats-Unis)
Sortie: 17 mai 2011
> Jack vient de perdre son frère cadet, il se remémore son enfance difficile entre sa mère pleine de bonté et son père, très sévère et souvent absent.

De "Graine de star" à Cannes, il n'y a qu'un pas, Jean Dujardin le prouve ce soir en remportant le prix d'interprétation masculine. Incroyable. Autre cadeau fait à la France, le prix du jury pour "Polisse" de Maïwenn. Fantastique. Et que dire de Kirsten Dunst, une des meilleures actrices de sa génération, qui a reçu le prix d'interprétation féminine (On se souvient de Charlotte Gainsbourg, gagnante en 2009 pour "Antechrist". Apparemment Lars Von Trier, banni du festival pour ses propos polémiques, porte chance à ses actrices). Et pour couronner le tout, Terrence Malick, Palme d'or pour "The tree of life"... Robert de Niro devrait être président du jury chaque année. C'est un palmarès extraordinaire que l'acteur et réalisateur américain nous offre. Espérons que le résultat soit aussi brillant, l'an prochain.

vendredi 20 mai 2011

LA CONQUETE **

Sortie : 18 mai 2011
De : Xavier Durringer
Avec : Denis Podalydès, Florence Pernel, Bernard Le Coq, Hippolyte Girardot, Samuel Labarthe, Hippolyte Girardot, Grégory Fitoussi, Saida Jawad, Dominique Besnehard…

"Il veut ma place ce petit saligaud" (Jacques Chirac à propos de Nicolas Sarkozy)

Premier film français osant le biopic d’un homme politique encore en fonction, La conquête est un véritable pari pour Xavier Durringer (qui a surtout officiait à la télévision). On a beau nous prévenir en début de séance que ce film est avant tout une fiction, difficile de pardonner au réalisateur une quelconque erreur factuelle. Conscient de l’enjeu de son projet, Durringer confie le scénario à Patrick Rotman. L’auteur, également historien, a réalisé en 2006 un double documentaire sur Jacques Chirac (Chirac, Le jeune loup, et Chirac, Le vieux lion). Autant dire que l’écrivain évolue en terrain connu et n’avait pas droit à l’erreur. Présenté hors compétition au Festival de Cannes 2011, le film n’a pas été très bien reçu. La conquête est un film très bien documenté, Rotman a enchaîné rencontres, interviews, et lecture intensive d’articles et de livres sur le sujet… Pourtant, le résultat est peu informatif pour quelqu’un qui suit un tant soit peu l’actualité. Le film hésite constamment entre le portrait d’un homme politique, plus déterminé que jamais, et l’étude des coulisses du pouvoir. Dommage car à force de tergiverser, on finit par avoir l’impression d’assister à une simple succession de scénettes politiques…

mercredi 18 mai 2011

THE TREE OF LIFE ****

Sortie : 17 mai 2011
De : Terrence Malick
Avec : Brad Pitt, Sean Penn, Jessica Chastain…

Au commencement était Malick

Alors que Jack vient de perdre son frère cadet, il se remémore son enfance difficile entre une mère aimante et un père autoritaire et souvent absent.

Avec cinq films en près de quarante ans (le dernier, Le nouveau monde, date de 2005), autant le dire, The tree of life était attendu comme le messie. Génie pour les uns, escroc pour les autres, le peu prolifique Terrence Malick, avait déjà eu les honneurs de Cannes en 1979, où il reçut le Prix de la mise en scène pour Les moissons du ciel. Le cinéaste perfectionniste, aura fait patienter le Festival, deux ans. La cause : le montage était à peaufiner. En sélection officielle, le film était projeté, le lundi 16 mai. Verdict. Autant sifflé qu’applaudi, The Tree of life divise.

mardi 17 mai 2011

samedi 14 mai 2011

THOR **


Sortie : 27 avril 2011
De : Kenneth Branagh

Avec : Chris Hemsworth, Natalie Portman, Anthony Hopkins, Tom Hiddleston, Stellan Skarsgard, Colm Feore, Idris Elba, Ray Stevenson, Kat Dennings, Rene Russo, Jamie Alexander, Jeremy Renner…

Il y a quelque de pourri dans le Royaume d’Asgard

« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». Thor n’aura pas fait du mantra de Peter Parker, son adage personnel. Peut être parce que contrairement à la quasi totalité des super héros, Thor n’a jamais été un homme ordinaire. Au royaume D’Asgard, le fils d’Odin doit succéder à son père sur le trône. Mais son attitude arrogante et immature déclenche la colère du roi qui l’exile sur Terre. Condamné à vivre parmi les humains, Thor, désormais mortel, fait preuve d’abnégation. Mais lorsque son traître de frère tente de le tuer et menace ses nouveaux amis, il a alors l’occasion de se comporter en véritable héros.Dieu du tonnerre dans la mythologie nordique, Thor devient l’un des plus célèbres super héros Marvel sous le crayon de Stan Lee, en 1962. Il l’est l’un des derniers à faire l’objet d’une adaptation ciné. C’est sûr qu’un Dieu scandinave qui semble avoir emprunter le casque d’Astérix et a pour arme, un marteau, ne doit pas être très facile à transposer. Hollywood, qui n’est pas à une contradiction prêt, décide de confier cette lourde tâche à Kenneth Branagh. Plus habitué aux pièces de Shakespeare qu’aux comics Marvel, on était en droit de se demander ce qu’un réalisateur de ce calibre venait faire sur un tel film. Assurément, le sauver du naufrage. 
A la plus grande des surprises, le cinéaste britannique préféra Chris Hemsworth à Charlie Hunnam pour le rôle-titre. Le biker de Sons of Anarchy avait pourtant le physique de l’emploi et était parmi les favoris. Finalement, on adhère totalement au choix de Branagh. Le jeu de l’acteur est surprenant et agréable. Même constat du côté de ses partenaires. Le réalisateur a su faire fi des préjugés. Que ce soient, Natalie Portman, Anthony Hopkins, Kat Dennings, ou Stellan Skarsgård (des acteurs non abonnés aux blockbusters), tous jouent le jeu. Portman est très drôle, et Hopkins réussit à être crédible dans un costume des plus improbables. Mais celui qui retient toute notre attention, c’est Tom Hiddleston, alias Loki, le frère trompeur. Acteur britannique méconnu, son personnage complexe devient la pierre angulaire du film, entre les mains de Branagh. Avec, et par lui, Thor cesse d’être un simple film de super héros, pour devenir l’histoire d’une famille, qui se déchire pour le partage du pouvoir sur fond de guerre. Dommage que les effets spéciaux ratés, lestés d’une 3D inutile, voire même gênante, ne suivent pas. Sans parler du royaume d’Asgard, très toc et rococo… Heureusement que le pont d’arc-en-ciel, incroyablementbeau, sauve la mise.Hormis une esthétique excessive, Thor s’avère extrêmement divertissant. A la fois kitch et drôle, la mise en scène de Branagh se fait parfois plus grave. Le tragique de Shakespeare n’est alors plus très loin.Thor est indéniablement truffé de défauts mais on aura passé un bon moment en sa compagnie de son héros. On a même hâte de revoir ce dernier. A défaut d’une suite dans l’immédiat, on le retrouvera l’année prochaine dans Avengers de Joss Whedon. La sortie de celui-ci est prévue le 25 avril 2012. Il devra y sauver la planète aux côtés d’Hulk, Captain America, et Iron Man. Que du beau monde !

lundi 2 mai 2011

SCREAM 4 ****


Sortie: 13 avril 2011
De: Wes Craven
Avec: Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Emma Roberts, Hayden Pannetiere, Rory Culkin, Erik Knudsen, Anthony Anderson, Adam Brody, Marley Shelton, Alison Brie, Mary McDonnell, Kristen Bell, Anna Paquin, Shenae Grimes, Brittany Robertson, Aimee Teegarden…

Le "Scream" était presque parfait

En 1996, Scream, premier du nom, voit le jour. Instantanément culte pour toute une génération, une suite sort dès l’année suivante. La mode du slasher est relancée. Souviens-toi l’été dernier, Urban Legend, Halloween : 20 ans après… Les films d’horreur envahissent les salles et le public finit par se lasser. Les super-héros ont depuis repris le relais. Wes Craven contre-attaque avec le quatrième volet de sa saga fétiche. Dix ans après les derniers meurtres de Ghostface, Sidney Prescott revient dans sa ville natale, promouvoir son nouveau livre. Alors que « Stab », qui s’inspire de sa vie, en est à son septième volet, elle retrouve Gale, qui a abandonné son métier de journaliste afin de soutenir Dewey, devenu shérif. Dès son retour, les tueries reprennent.
On ne change pas une équipe qui gagne. Outre les trois acteurs principaux qui sont de retour, Kevin Williamson reprend du service et signe de loin son meilleur scénario (il n’avait pas participé à celui de Scream 3. Une absence remarquée, ce troisième volet étant le plus mauvais). Lui, et Craven, reprennent tous les codes du genre et les explosent un à un. Le film s’ouvre sur une introduction qu’on n’est pas prêt d’oublier. Ils nous avaient déjà fait le coup de la mise en abyme dans Scream 2, ils réitèrent ici en frappant deux fois plus fort, comme pour rappeler au spectateur qu’il doit toujours, toujours, se méfier des apparences.
Scream 4 rappelle l’original sous bien des aspects. Après un début brillant, le film trouve son rythme oscillant entre rire et peur, pour s’achever sur un final monstrueusement génial. Une fin, qui ne fut écrite qu’après le début du tournage, et qui consacre Craven, maître du genre. Avant d’en arriver là, on aura passer deux heures jubilatoires à rire des futures victimes qui n’ont toujours pas compris comment survivre après sept « Stab », et tenter vainement de trouver qui se cache derrière Ghostface.
En ce qui concerne les acteurs, on a un véritable coup de cœur pour Rory Culkin et Emma Roberts. Le petit frère de Malcauley était déjà le seul intérêt de Twelve (où jouait également Emma), et la nièce de Julia Roberts pourrait bien faire la différence dans le futur. Mention à Hayden Panettiere. L’ado indestructible terriblement agaçante de Heroes est la plus fun de toutes.
Le réalisateur de La colline a des yeux et de La dernière maison sur la gauche (les originaux) signe un slasher-whodunit à prendre au trois cent millième degré. Un film audacieux et culotté, qui finit d’ériger l’impérissable Sidney Prescott en véritable kick ass woman. Sarah Connor, Ripley, prenez peur ! Il se dit que Ghostface* pourrait revenir jouer du couteau dans un cinquième volet. Difficile d’être contre l’idée tant on s’est amusé. On fait confiance à Wes Craven pour faire mieux, ou au moins, aussi bien. On s’imagine déjà organiser son propre Screamathon.

*Le tueur au masque est inspiré du tableau Le cri d’Edvard Munch.

dimanche 1 mai 2011

DE L'EAU POUR LES ELEPHANTS *** (en avant-première)

Titre original : Water For Elephants
Sortie : 4 mai 2011
De : Francis Lawrence
Avec : Robert Pattinson, Reese Witherspoon, Christoph Waltz, Hal Holbrook...

On achève bien les éléphants

Numéro un du classement des best-sellers du New York Times après avoir été écrit en un mois pour les besoins d’un concours littéraire, le roman de l’écrivaine canadienne, Sara Gruen, semblait destiné à être transposé sur grand écran. Après « Constantine » et « Je suis une légende », « De l'eau pour les éléphants » est le troisième film que Francis Lawrence réalise, ainsi que sa troisième adaptation. Le réalisateur américain, inspiré, livre son film le plus abouti.
Un apprenti vétérinaire abandonne ses études à la mort soudaine de ses parents. Il rejoint par hasard les Frères Benzini, un cirque itinérant, qui tente de survivre à la Grande Dépression. Il tombe vite sous le charme de Marlena, l’épouse du patron tandis que le cirque acquière Rosie, une éléphante, prochain numéro vedette du spectacle.
Même si on attend avec impatience « Bel Ami » où il cessera enfin de jouer les jeunes hommes candides pour se glisser dans la peau d’un intrigant opportuniste, Robert Pattinson confirme l’amorce enclenchée avec le surprenant « Remember me ». Avec « De l’eau pour les éléphants », l’acteur britannique démontre une nouvelle fois que « Twilight » est bien plus un moyen qu’une fin, et qu’il a une capacité certaine à choisir ses films. Dommage que l’alchimie entre lui, et sa partenaire ne prenne pas. Si on ressent une certaine complicité, Reese Witherspoon a plus l’air d’une grande sœur que d’une âme sœur. Les années 30 lui vont par contre à ravir, l’actrice n’a jamais été aussi belle qu’avec ses faux airs de Jean Harlow. C’est simple, la seule qui lui fasse de l’ombre, c’est Tai. L’interprète de Rosie a, beau mesurer trois mètres, peser quatre tonnes et boire tout autre chose que de l’eau, c’est elle, la véritable star du film. A 42 ans, le pachyderme est une habituée des plateaux. « L’actrice » a un charme fou. On craque immédiatement pour elle. Surtout quand face à Christoph Waltz, elle prend des airs de colosse aux pieds d’argile. L’acteur allemand, tant séduisant qu’inquiétant, est aussi excellent que dans « Inglourious Basterds », dans la peau d’un patron de cirque despotique et colérique.
A défaut de magie entre Pattinson et Witherspoon, les décors et les costumes, eux, n’en manquent pas (la photographie est magnifique). Lawrence signe une ambiance digne des années folles. Et la musique rétro de James Newton Howard vient parfaitement s’accorder au glamour des années 30.
Si « De l’eau pour les éléphants » n’est pas digne pour autant du vieil Hollywood*, on aime cette incursion dans les coulisses d’un cirque ambulant. Sous le chapiteau, la crise économique rythme le quotidien des artistes… et des animaux usés jusqu’à la corde. Le spectacle doit continuer… Le tout est certes naïf et prévisible mais charmant.

*On a envie de découvrir ou de redécouvrir « Sous le plus grand chapiteau du monde » de Cecil B. DeMille avec Charlton Heston (1952) ou encore « Mogambo » de John Ford avec Clark Gable, Ava Gardner et Grace Kelly (1953).