samedi 29 novembre 2008

MESRINE, L'instinct de mort ****




Sortie : 22 octobre 08
De : Jean-François Richet
Avec : Vincent Cassel, Gérard Depardieu, Gilles Lellouche, Elena Anaya, Cécile de France, Roy Dupuis, Florence Thomassin...

Durant les années 60, Jacques Mesrine revient de la guerre d'Algérie, quand il fait ses débuts dans le grand banditisme français. Des îles Canaries, en passant par le Canada et les Etats-Unis, Mesrine multiplie les méfaits en tout genre jusqu'à devenir au début des années 70, l'ennemi public n°1.

Première partie du diptyque consacré à la vie du plus célèbre criminel français, "Mesrine, l'instinct de mort" est de loin le meilleur film français sorti depuis un bon bout de temps. Cette première partie, qui a mis des années à voir le jour, est si réussie qu'on a l'eau à la bouche, impatient de découvrir la suite et la fin des "aventures" de cet homme hors normes.
Le film, sans jamais prendre parti, évite tout manichéisme pour se concentrer sur une retranscription fidèle (le scénario des deux films se base sur deux autobiographies de Mesrine) et chronologique de sa vie. Et ce pour le plus grand bonheur du spectateur qui peut, sans être guidé de force, se forger sa propre opinion sur ce bandit ambigu. Ambigu car malgré de terribles méfaits, passant du simple braquage aux meurtres gratuits, on ne peut s'empêcher, non d'être admiratif mais d'être fasciné par Mesrine. À la fois, gangster sans foi ni loi et héros des médias porteur d'un message politique, Mesrine était le personnage parfait pour se retrouver au centre d'un pur thriller. Le film est simplement passionnant, on est captivé par ce qui se passe sur l'écran. Sans parler de cette splendide évasion d'une terrible prison québécoise, faisant passer Michael Scoffield pour un petit joueur.
Vincent Cassel, sans conteste le meilleur acteur français de sa génération toujours partant pour des rôles à chaque fois plus difficiles, incarne Mesrine à la perfection. Tant qu'on en oublie les nombreux seconds rôles pourtant tous excellents.
Le film de Jean-François Richet est efficace de bout en bout ne tombant jamais dans une prétention qu'on pourrait parfois reprocher à certains thrillers français. Il ne perd pas une seule fois le spectateur prêt dès la fin du film à découvrir la fin d'un bandit controversé.


TWO LOVERS ***

Sorti le : 19/11/08
Réalisateur: James Gray
Avec: Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw, Isabella Rossellini...

Léonard, le coeur ravagé par le départ de son ex-fiancée tombe fou amoureux de sa nouvelle voisine, Michelle, amoureuse d'un autre. Mais ses parents préféreraient le voir avec la douce Sandra, fille d'amis à eux, et très sensible à la charmante fragilité du jeune homme.
Troisième film de Joaquin Phoenix sous les commandes de James Gray, on s'impatientait après l'excellent "La nuit nous appartient" de voir la nouvelle oeuvre du duo. A l'image d'un Burton-Depp, d'un Fincher-Pitt ou encore d'un Scorsese-DeNiro/Dicaprio, le cinéaste et l'acteur semblent s'être trouvés pour ne plus se quitter et produire ensemble une collection de petits chefs-d'oeuvres.
Mais les trop grandes espérances se muent souvent en déception. Ici, c'est une semi-déception car le film aurait été une véritable réussite sans un seul petit détail. Petit détail, certes, mais de plus la plus haute importance. S'appuyant sur le thème déjà de multiples fois traité mais toujours intéressant du triangle amoureux, le juste choix des acteurs était crucial, le film reposant entièrement sur les épaules de ses trois principaux protagonistes. L'erreur de casting est ici malheureusement évidente et laisse le spectateur pantois, déçu du manque de saveur d'un film qui promettait l'atteinte du sommet des carrières respectives de Gray et de Phoenix.
L'erreur de casting en question, c'est Gwyneth Paltrow. Loin d'être mauvaise actrice, elle est réellement impliquée dans son rôle de femme, objet de tous les désirs. Mais l'alchimie entre elle et Joaquin Phoenix n'est tout simplement pas au rendez-vous et cela suffit à faire s'effondrer un film jusque-là parfait dans tous ses aspects.
James Gray, peut-être le meilleur réalisateur américain actuel, ne s'est jamais encombré d'une réalisation grandiloquante pour toujours privilégier la mise en scène de ses scénarios teintés d'un réalisme qui résonne comme un écho à nos propres vies.
Il est dommage que cette seule affaire d'alchimie ratée vienne quelque peu gâcher le tout. D'autant qu'il n'y a rien à redire sur le reste du casting. Vinessa Shaw est parfaite et adorable dans la peau de la femme amoureuse, victime sans le savoir d'un Phoenix déchiré entre deux femmes. On adorera également une Isabella Rossellini très touchante dans la peau d'une mère soucieuse du bonheur de son fils meurtri par la vie.
Phoenix, semble moins concerné que dans "La nuit nous appartient", mais il reste à jamais touché par cette mystérieuse grâce qui confère à son jeu, une remarquable intensité. Le voir tiraillé entre coeur et raison, l'emplit d'une grande humanité. Son comportement est très inélégant mais il est impossible de juger un homme dont on a tous partager le sentiment.
Espérons que ces récents propos relatifs à un retrait définitif des plateaux pour se consacrer à la musique ne soit qu'une lubie momentanée.
Au final, "Two Lovers" n'est pas le film tant espéré (la faute non intentionnelle de Paltrow) mais on succombe à l'alliance de la sincère simplicité de Gray et du jeu désarmant de Phoenix.

bande annonce allociné

dimanche 23 novembre 2008

L'ECHANGE ***

Sorti le: 12/11/08
Réalisateur: Clint Eastwood
Avec: Angelina Jolie, John Malkovich, Jeffrey Donovan, Michael Kelly...

Mars 1928, Los Angeles, alors que Christine Collins rentre de son travail, Walter, son fils n'est pas à la maison.
Elle prévient immédiatement la police de sa disparition. Cette dernière, après des mois d'enquête, lui ramène un garçonnet qui affirme être Walter . Mais Christine est convaincue qu'il ne s'agit pas de son fils. Aidée par le révérend Briegleb, qui dénonce régulièrement les exactions de la police californienne dans une émission de radio, elle va tout tenter pour retrouver son fils.
Après un diptyque couvrant la bataille d'Iwo Jima à la fin de la seconde guerre mondiale et un chef d'oeuvre oscarisé nommé "Million Dollar Baby", Eastwood revient sur le thème de la tragédie familiale dans la veine de "Mystic River".
Après le père voulant venger le meurtre de sa fille, "L'échange" relate l'histoire d'une mère bouleversée par la disparition de son unique enfant.
La différence est maigre, mais c'est qu'elle ne se situe pas au niveau de l'intrigue principale mais plus à la périphérie de celle-ci. Si dans "Mystic River", Eastwood se concentrait uniquement sur ses protagonistes, leurs liens et leur passé commun, il va au-delà de tout ça dans son nouveau film. Misant sur une mise en scène classique et formelle comme dans un peu près tous ses films, le célèbre réalisateur préfère se centrer sur le fond. Le drame que vit Christine Collins aurait pu n'être qu'un énième évènement aussi vite lu qu'oublié à la page des faits divers mais la ténacité à toute épreuve de celle-ci met en lumière les pratiques douteuses de la police. Eastwood, qui est pour le coup au cinéma ce qu'Ellroy est à la littérature, se base sur de véritables faits et en profite pour dénoncer les obscurs agissements de la police de Los Angeles. Ainsi le film répond à diverses questions: par quels honteux procédés la police tente-t-elle de redorer son image?
Comment une seule femme, par amour pour son fils, va bouleverser l'ordre établi? Etc.
Une femme remarquablement interprétée par Angelina Jolie. Il pourra toujours y avoir mille controverses à son sujet, elle n'en demeura pas moins une excellente actrice. Déjà exceptionnelle dans "Un coeur invaincu" dans la peau de Marianne Pearl, elle est ici parfaite en mère courage.
Seul réel défaut du film: sa longueur. Il faut deux heures vingt à Eastwood pour développer tous ces thèmes. Deux heures auraient largement suffi, tant on ressort du film littéralement lessivée. Certes, on vient d'assister à la nouvelle prouesse d'un génie mais le film est trop émotionnellement éprouvant pour se permettre d'être aussi long.
Hormis ces vingt minutes en trop, le reste n'est que la parfaite démonstration du talent du maître incontesté qu'est Clint Eastwood.

bande annonce allociné

mercredi 19 novembre 2008

La critique de THE DUCHESS ***


Sortie : 12 novembre 2008
De : Saul Dibb
Avec : Keira Knightley, Ralph Fiennes, Charlotte Rampling, Hayley Atwell, Dominic Cooper...

Fin du XVIIIe siècle, Lady Georgiana Spencer épouse le riche et influent duc de Devonshire grâce à un mariage arrangé. Ravie au début, la nouvelle duchesse déchante vite. En plus de devoir supporter un ménage à trois avec la maîtresse de son mari, elle ne peut vivre librement son amour avec Charles Grey, jeune politicien visant le poste de Premier Ministre.

Une affiche peu attirante, une bande annonce qui frôle le mielleux, un réalisateur quasi inexpérimenté. On appréhende un médiocre simili de Marie-Antoinette. Mais si The Duchess nous laisse assister à quelques défilés de robes, ce n'est que pour mettre en avant l'avant-gardisme de Georgiana en matière de mode. Et si on pénètre dans l'alcôve pour assister à sa relation extraconjugale, ce n'est que pour la voir fuir la prison à peine dorée dans laquelle son mari tente de l'enfermer. Rien de mielleux, ici. Saul Dibb brosse le portrait d'une femme incroyable qui devance les tendances dans tous les domaines que ce soit en matière de mode, d'amour ou même de politique. Car étant belle, charmante, et intelligente, Georgiana est très populaire et met un point d'honneur à mettre toutes ses qualités au service du parti politique qu'elle et son mari soutiennent et parmi lequel, elle compte de nombreux amis.

dimanche 16 novembre 2008

LARGO WINCH ** (en avant-première)

Sorti le: 17/12/08
Réalisateur: Jérôme Salle
Avec: Tomer Sisley, Kristin Scott Thomas, Miki Manojlovic, Gilbert Melki, Mélanie Thierry, Karel Roden...

Vu en avant-première le samedi 15 novembre 2008 au Club de l'étoile, j'ai la chance de pouvoir écrire la critique de "Largo Winch" avec un bon mois d'avance. Merci encore Allociné. Enjoy!

Le richissime homme d'affaires Nerio Winch est retrouvé mort noyé. Son testament révèle l'existence d'un fils caché, Largo qui doit hériter de toute sa fortune et accéder à la tête de sa puissante entreprise. Mais la mort de Nerio ayant réveillé certaines convoitises, l'apparition de Largo en dérange plus d'un prêts à tout pour accéder au pouvoir.
D'abord publiées sous la forme de romans dès 1977, puis sous la forme de bandes dessinées à partir de 1990, les aventures de Largo Winch sur grand écran sont attendues avec impatience mais également avec appréhension par ses nombreux fans. Surtout que si l'adaptation en série télé proposait un acteur ressemblant au héros, le choix de Tomer Sisley dans la peau du milliardaire pour l'adaptation ciné paraissait moins évident. Mais peu importe le physique, quand l'acteur est habité par le rôle, dixit Philippe Francq, le dessinateur de la BD. Car ça fonctionne, Sisley est drôle, à l'aise, attachant et même très crédible dans les cascades (qui lui ont valu cinq mois d'entraînement).
Jérôme Salle (déjà réalisateur du polar "Anthony Zimmer") semble affectionner la réalisation d'histoires emplies de secrets et s'en tire à merveille. Le montage nerveux nous tient en haleine et le film recèle de scènes parfois techniquement impressionnantes (le verglas qui s'agite sur le sol ou la fameuse chute de Largo tout comme un des combats finaux en font partie).
Mais si "Largo Winch" est peut-être le premier film français à ne pas démériter et ce visuellement face aux blockbusters américains, il pêche en reprenant leurs grosses ficelles scénaristiques. On pense beaucoup à James Bond durant le film, et même si le scénariste Julien Rappeneau et le réalisateur Jérôme Salle se défendent d'avoir conçu un 007 made in France, il semble évident que le célèbre agent secret gravé dans l'inconscient collectif de toutes les générations a dû, malgré eux, les influencer. Mais tel un "James Bond", "Largo Winch" a un récit bien construit. Car pour être bien ficelé, le scénario l'est. Rien ne nous échappe, tout est clairement expliquée pour le plus grand bonheur du spectateur qui ne ressort pas de la salle plein de questions. Mais du coup, il n'y a aucune surprise, dès les premières minutes, on sait déjà qui oeuvre en coulisses pour accéder au pouvoir, ce qui rend la vision du film un brin frustrante.
Si "Largo Winch" était censé être un polar musclé, il devient au final un bon film d'action sans grand suspens. Une suite semble prévue, et si Jérôme Salle rempile avec le même Sisley motivé et un scénario plus subtile dans son intrigue, elle promet d'être supérieur à sa pré-quelle.
Surtout si le personnage de Gauthier (le majordome de Largo), responsable de nombreux fous rires est toujours là et davantage développé.

bande annonce allociné

mercredi 12 novembre 2008

HIGH SCHOOL MUSICAL 3 *

Sorti le: 22/10/08
Réalisateur: Kenny Ortega
Avec: Zac Efron, Vanessa Hudgens, Ashley Tisdale, Lucas Grabeel, Corbin Bleu...

Troy, Gabriella et leurs amis ont à peine débuté leur dernière année scolaire au lycée que la nostalgie de la fin pointe déjà. Pour se remémorer à jamais leurs derniers moments passés ensemble, ils décident de monter un ultime spectacle.
Au vu de l'énorme succès des deux premiers épisodes seulement diffusés à la télévision, Disney décida que le troisième opus passerait d'abord par le grand écran.
Meilleur que le second film (en même temps, ce n'était pas difficile), Kenny Ortega renoue avec l'esprit du premier.
Fini les vacances dans un paradisiaque club med et retour au lycée plus parlant pour le jeune spectateur.
Le film fleur bleu est vraiment léger, et il tire même à de trop nombreuses fois vers le mielleux mais n'oublions pas que le film reste une production disney donc on ne lui en tiendra pas rigueur. Surtout que si on laisse de côté les duos plein de mièvrerie entre Zac Efron et Vanessa Hudgens, certains shows sont vraiment dignes de Broadway lui-même, l'hommage n'est pas loin et le talent non plus. La bande d'artistes en herbe nous donnent une belle leçon de danse et de chant (le travail réalisé sur le titre "I want it all" est réellement énorme, il constitue le meilleur numéro du film).
A noter également, la très bonne idée d'avoir intégré de nouveaux jeunes élèves vraiment drôles, à l'image de "Rocket Man" qui apporte une touche comique au film qui lui évite de se perdre définitivement dans le mélo pétri de bons sentiments.
On est loin des grandes comédies musicales qui ont fait la légende d'Hollywood mais la volonté de finir en beauté une saga au succès colossal est assez grande pour nous embarquer dans ce flot de chansons entraînantes, le sourire aux lèvres.

bande annonce allociné

lundi 3 novembre 2008

QUANTUM OF SOLACE **


Sortie : 31 octobre 2008
De : Marc Forster
Avec : Daniel Craig, Olga Kurylenko, Mathieu Amalric, Judi Dench, Jeffrey Wright, Gemma Arterton...

James Bond, bouleversé par la mort de Vesper cherche à tout prix à se venger et part à la recherche des hommes qui l'ont poussé à le trahir puis à se sacrifier pour lui.
En remontant une piste, Bond croise la route de la mystérieuse Camille qui le mène à Dominic Greene, homme d'affaires au service de l'obscure mais puissante organisation pour laquelle Vesper travaillait et a péri. Tous deux en quête de vengeance, Bond et Camille décident de s'allier contre ce français aux ambitions démesurées.

Après le choc Casino Royale, on attendait avec impatience la suite des aventures de ce James Bond dernier cru. Mais on appréhendait aussi. Comment réussir l'exploit de surpasser ou du moins d'égaler, le phénoménal dépoussiérage orchestré par Martin Campbell ? Malheureusement et la déception est immense, ce ne sera pas pour cette fois. Peut-être les attentes étaient-elles trop grandes? Mais Quantum of Solace est loin d'être à la hauteur.

ROCK'N'ROLLA *** (en avant-première)


Sortie : 19 novembre 2008
De : Guy Ritchie
Avec : Gerard Butler, Tom Wilkinson, Thandie Newton, Mark Strong, Toby Kebbell...

Lenny Cole, grand caïd qui n'a plus rien à prouver, tient tout Londres dans sa main mais l'arrivée en ville d'hommes d'affaires russes véreux remet en cause sa suprématie. Dans le même temps, "La horde sauvage", bande de voyous de la nouvelle génération compte bien prendre les commandes de La City.

Après les désastreux A la dérive et Revolver, Guy Ritchie revient à ses premiers amours : le film de gangsters survoltés. Reprenant des thèmes qui lui sont chers et qui ont fait le succès de ses deux premiers films (à savoir Arnaques, crimes et botanique et Snatch), le cinéaste anglais retrouve du coup le punch de ses débuts. La confiance du producteur Joel Silver aidant, Ritchie repart sur de nouvelles bases accompagné de nouvelles têtes d'affiches. Et cela, pour le plus grand plaisir des spectateurs.
L'intrigue peut paraître bien des fois, alambiquée mais le montage éclaire sans problème notre lanterne. Celui-ci est, certes, rapide et sans temps morts mais Ritchie maîtrise parfaitement son délirant sujet. Ce dernier a également fait preuve de talent en se munissant d'un casting aussi génial qu'alléchant qui flingue et charrie à tout va. Tous les acteurs sont géniaux. Notamment et surtout Toby Kebbell dans la peau d'un célèbre rocker se faisant passer pour mort et qui se retrouve au centre de toutes les querelles mafieuses.
La bande originale, quant à elle, est juste hallucinante de coolitude. Tout comme le casting, l'histoire, les répliques... Elle est à l'image du titre du film : rock.
On pense à Tarantino, on se dit que le dernier film de Guy Ritchie a des airs d'un Pulp fiction à la sauce britannico-irlandaise. On rit des nombreuses perles scénaristiques, on suit avec attention l'avenir incertain de tous ces voyous attachants mais surtout on ressort de ce film choral et nerveux avec l'envie d'être à son tour un peu plus rock'n'rolla!