vendredi 29 mai 2009

TERMINATOR : RENAISSANCE *** (en avant-première)



Titre original : Terminator Salvation
Sortie : 3 juin 2009
De : McG
Avec : Christian Bale, Sam Worthington, Anton Yelchin, Bryce Dallas Howard, Moon Bloodgood, Helena Boham Carter, Michael Ironside, Common...

2018, les prédictions se sont réalisées. Skynet s'est rebellé et tente sur une Terre post-apocalyptique d'exterminer la race humaine. Espèce en voie de disparition, que John Connor, leader de la résistance et ses fidèles tente de protéger par tous les moyens.

Après un troisième volet clairement commercial, la tâche s'avérait lourde pour McG. Réalisateur de Charlie et ses drôles de dames (film totalement incompris), il devait remettre la saga Terminator sur les rails, autrement dit l'aligner sur le travail de James Cameron, auteur des deux premiers opus. Mission accomplie. Les effets excellents nous font retrouver des T-600 et des T-800 ultra-perfectionnés et indestructibles. On a plaisir à voir Connor les insulter et les exterminer (non sans difficultés). Un Connor, devenu un adulte complètement impliqué et concentré dans sa mission de sauveur de l'humanité. S'inscrivant dans la logique de continuité de l'oeuvre de Cameron, le choix de Christian Bale est parfait. L'acteur est plus crédible que Nick Stalh dans la peau de John Connor, étant physiquement plus proche d'Edward Furlong. Mais après s'être fait piquer la vedette par Heath Ledger et Aaron Eckart dans The Dark Knight, il se la fait de nouveau voler, ici. Comme Schwarzenegger a préféré la politique au détriment du cinéma, il a fallu retrouver un Terminator qui développerait des émotions humaines. Or ici, et c'est ce qui constitue l'originalité du film, c'est un humain qui devient un robot tout en l'ignorant. Sam Worthington, encore peu connu du grand public, ne va pas le rester bien longtemps. Il est le plus émouvant du casting, tout étant paradoxalement le plus froid. Il est d'ailleurs le seul qui, pendant quelques instants, nous extirpera du souvenir constant des deux premiers volets. D'ailleurs, c'est un peu frustrant de savoir tout ce qui va se passer, même si c'est plutôt drôle de voir John rencontrer son propre père adolescent en totale admiration devant son propre fils. Par contre, il y en a une qui manque terriblement : Sarah Connor. Déjà son absence pesait dans le Soulèvement des machines, mais ici, elle se fait cruelle. Il faut dire que les personnages féminins de ce quatrième volets ne sont pas particulièrement réjouissants. L'une bougeant à peine pour cause de grossesse, et l'autre n'ayant qu'une véritable scène d'action, on rêverait de voir Sarah apparaître et sortir son légendaire "you're terminated, fucker".
Cette nouvelle équipe reprend donc avec honneur, sans massacre aucun, le flambeau. Et on est sincèrement pressé de voir la suite. Mais le travail de Cameron, comme celui des interprètes originaux, restent inégalables.


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mercredi 27 mai 2009

GOOD MORNING ENGLAND ***

Sortie: 6 mai 2009
Réalisateur: Richard Curtis
Avec: Bill Nighy, Rhys Ifans, Philip Seymour Hoffman, Nick Frost, Kenneth Brannagh, Jack Davenport, Tom Sturridge, Gemma Aterton, January Jones, Emma Thompson...

1966, Carl, jeune ado qui vient de se faire renvoyer de son pensionnat, va vivre quelques temps avec son parrain sur ordre de sa mère. Or ce dernier n'est autre que le patron de Radio rock, la plus populaire des radios pirates. Emise depuis un bateau qui vogue en mer du Nord, elle réunit toute une bande de DJs décalés mais passionnés qui rassasient de rock'n'roll, 24 heures sur 24, les oreilles des Anglais quand les radios officielles n'en diffusent que quarante-cinq minutes par jour.
Producteur de "Quatre mariages et un enterrement", de "Coup de foudre à Notting Hill" et également réalisateur de "Love actually", Richard Curtis a le chic pour mettre notre moral au beau fixe. Ces films anti-dépression divertissent, mettent la pêche, émeuvent, et ne frôlent, même jamais le guimauve, avec des sujets qui s'y prêtent toujours, pourtant. "Good morning England" n'échappe pas à la patte du cinéaste. Si chaque nation a ses particularités en terme de cinéma, il semble que le cinéma anglais soit le seul qui puisse être à la fois si simple, drôle, émouvant et irrévérencieux à la fois ("Looking For Eric" en est un autre bel exemple, en ce moment). Se détachant de la comédie romantique pour nous faire découvrir le vent de liberté insufflé par le rock'n'roll dans les années 60, Curtis n'en est pas moins à l'aise, aidé par une troupe d'acteurs exceptionnelle. Chaque personnage est immédiatement attachant. Que ce soit, Dr Dave, le truculent de la bande, Simon, le romantique, Gavin, le surdoué prétentieux, Mark, le playboy silencieux ou Quentin, le chef charismatique... Ils ont beau tous être, très différents, il y aurait comme un vide si un seul manquait à l'appel. Les spectateurs auront bien sûr, leur préféré, mais tout le monde ne pourra qu'apprécier, le jeune Carl, jeune innocent et inexpérimenté à travers lequel on découvre le Radio Rock et son équipage. Quant aux ennemis jurés des porte-paroles de la liberté musicale, ils sont détestables à souhait. Kenneth Brannagh est parfait en ministre prêt à tout pour couler les radios pirates. Avec ses airs de nazi, il est à mille lieux du résistant allemand qu'il interprétait dans "Walkyrie". Dommage cependant que son jeune collègue, Jack Davenport, n'ait pas succombé à la folie ambiante. Ce rebondissement tant espéré n'arrive jamais. Il aurait pourtant ajouter un peu de piment au film et serait venu renforcer ses propos libertaires. Autre minuscule bémol au film, sa durée. 2H15, c'est un poil long quand même.
En tout cas, "Good Morning England" nous donne une folle envie de faire un tour dans les années 60. Décennie qui aurait plus mérité que les années 20, le surnom d' "années folles" tant les moeurs se débrident. Bien plus qu'un film sur le rock'n'roll, Richard Curtis signe un hommage à la musique. Elle fait plus qu'adoucir les moeurs, le plus éternel des arts est synonyme de liberté, et sans liberté, il n'y aurait pas de plaisir (preuve en est faite par deux scènes de repas de Noël mémorables).

BANDE ANNONCE ALLOCINE
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dimanche 24 mai 2009

CANNES 2009 : palmarès


Après que le jury ait pendant deux semaines visionner tous les films en compétition, il a enfin rendu son palmarès. Sans plus attendre, les heureux lauréats.

(Retrouvez les infos sur les films récompensés dans la chronique SPECIAL CANNES)

PALME D'OR DU COURT-METRAGE
Arena de Joao Salaviza (réalisateur de 25 ans dont c'est le deuxième court-métrage)
>Un jeune homme assigné à résidence tue le temps en faisant des tatouages.

CAMERA D'OR
Samson et Delilah de Warwick Thornton (réalisateur australien déjà auteur de 4 courts-métrages)
> Deux adolescents vivent dans une communauté aborigène mais leur vie routinière les incitent à en partir. Une fois en dehors de la communauté, ils tombent amoureux. Leur amour semblant être leur bouclier contre le monde cruel.
Et mention spéciale à Ajami de Scandar Copti et Yaron Shari

PRIX DU JURY
Fish Tank de Andrea Arnold
Thirst, ceci est mon sang de Park Chan-Wook

PRIX DU SCENARIO
Feng Mei pour Nuits d'ivresse printanière de Lou Ye

PRIX DE LA MISE EN SCENE
Brillante Mendoza pour Kinatay

PRIX D'INTERPRETATION FEMININE
Charlotte Gainsbourg pour Antichrist

PRIX D'INTERPRETATION MASCULINE
Christoph Waltz pour Inglorious Basterds

PRIX EXCEPTIONNEL
Alain Resnais pour l'ensemble de sa carrière

GRAND PRIX
Un prophète de Jacques Audiard

PALME D'OR
Le ruban blanc de Michael Haneke

jeudi 21 mai 2009

LOOKING FOR ERIC *** (en avant-première)

Merci Allociné!

Sorti le: 27 mai 2009
Réalisateur: Ken Loach
Avec: Steve Evets, Eric Cantona, Stéphanie Bishop, John Henshaw, Stefan Gumbs, Lucy-Jo Hudson...

Il était une fois un footballeur devenu acteur. Après avoir multiplié les expériences cinématographiques, il eut l'idée de jouer son propre rôle et demanda pour cela à voir Ken Loach. Puis les deux hommes finirent sélectionner en compétition officielle au festival de Cannes. On ne sait pas encore si l'histoire finit par un happy end (c'est à dire par la palme d'or ou autres prix prestigieux), mais si ce n'est pas le cas, l'histoire restera tout de même belle.
Cantona, dieu du foot en Angleterre pour l'empreinte profonde laissé à Manchester, a définitivement gagné ses galons dans le monde du cinéma. Et comme si cela ne suffisait pas, il fourmille également de brillantes idées. Car c'est lui qui est à l'origine de ce petit bijou anglais.
Les acteurs jusqu'au dernier moment ne connaissait pas la trame du scénario, et c'est réellement surpris qu'Eric incarné par Steve Evets découvre son idole dans sa chambre. Ken Loach, spécialiste des drames sociaux, devrait les délaisser un peu plus souvent car il se révèle être un vrai pro de la comédie. Filmé presque comme un documentaire, on ne pourrait rêver de personnages plus réalistes. Qui ne s'est jamais senti impuissant, rêvant d'un être qui nous guiderait vers le bon chemin. Sauf qu'Eric a la chance d'en avoir un ou plutôt de se l'imaginer. Cantona, plus drôle que jamais, l'assène de proverbes dans la veine de celui très célèbre des mouettes (et pour lequel il fut injustement incompris). L'acteur laisse sa pudeur de côté et se livre autant sur ses victoires que sur ses erreurs, regrettables certes, mais qui l'ont aidé à évoluer, à faire de lui, l'homme qu'il est aujourd'hui. Et quel homme! Mais il est pourtant peu présent à l'écran, et on se sent plus proche d'Evets qui tente de se repentir de ses fautes en les réparant. Ainsi, il essaye d'aider au mieux sa fille, mère étudiante, de se faire pardonner par sa première femme qu'il a abandonné et d'éduquer tant que bien mal les deux fils de sa seconde femme qu'elle lui a laissés. Mais heureusement, Eric, et tout le postulat du film est là, peut compter sur ses amis. Car si Cantona le guide, ses conseils ne lui sont prodigués afin qu'il regarde autour de lui. Et qu'il puisse voir que ses amis, et sa famille sont les seuls à pouvoir le sauver de sa déprime.
"Looking for Eric" n'est pas une ode à Cantona, mais à bien plus que ça. Le film est une célébration de la famille et de l'amitié. Et les scènes hilarantes mais très touchantes de la réunion spirituelle de potes, et de la vengeance orchestré par Eric contre un gangster local sont là pour en témoigner.
Hommage donc à l'amitié mais également au football, dont Cantona réhabilite en nous faisant redécouvrir toutes ses valeurs. Ainsi Eric, comme Cantona l'a été à Manchester, est le leader de sa propre équipe. Une équipe d'amis passionnés, simples supporters, très loin des hooligans dont les médias ne cessent de parler.
Alors Palme d'or ou pas, "Looking for Eric" reste un grand film où Cantona, loin de se glorifier, se sert de son image afin de faire véhiculer un bien beau message.


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STAR TREK ****


Sortie : 6 mai 2009
De : J.J. Abrams
Avec: Chris Pine, Zachary Quinto, Zoe Saldana, Karl Urban, Eric Bana, John Cho, Anton Yelchin, Bruce Greenwood, Simon Pegg, Winona Ryder, Leonard Nimoy, Jennifer Morrison, Chris Hemsworth...

Jeune difficile mais surdoué, James T. Kirk s'engage dans la Starfleet sur les traces de son père. Après s'être incrusté sur l'Enterprise, le meilleur vaisseau de l'académie, sa bouillante personnalité s'oppose à celle de Spock, moitié Vulcain, moitié Humain. Mais les deux hommes devront mettre leurs différends de côté afin d'affronter Nero, un dangereux Romulien, qui a décidé de détruire chaque planète de l'univers.

Attendu au tournant par tous les Trekkis (la fanbase de Star Trek), J. J. Abrams a pourtant pris le parti de ne pas faire un film pour satisfaire un public averti mais pour divertir sans abrutir le plus grand nombre. Après avoir réalisé le troisième opus de la saga Mission impossible, réussi mais sans excellence non plus, le réalisateur et producteur le plus prolifique du moment (ses séries Lost et Alias ou encore le film Cloverfield sont là pour le prouver), semble s'être libéré de l'emprise du studio pour son second film. Star Trek est une totale réussite et ce, sur tous les plans.
Si les effets spéciaux, dans un premier temps sont décevants (hormis la salle de contrôle identique à celle de la série originelle, l'Enterprise a parfois l'air d'être un jouet ultra perfectionné qu'on filmerait de près), le vaisseau romulien laisse sans voix. Cette spectaculaire machine tentaculaire dirigée par un Eric Bana méconnaissable est le plus réussi de tous les vaisseaux extra-terrestres. Space opera à la Starwars et énergique comme un Starship Troopers, Star Trek n'est pas pour autant une pâle copie de ces deux films. Abrams joue même à armes égales avec eux. L'action se mêle à la psychologie des personnages, jamais un de ces aspects n'est privilégié au détriment de l'autre. Rares sont les blockbusters aussi subtils. Si Kirk, désinvolte, insolent, est drôlatique à souhait, Spock déchiré entre ses deux origines est un personnage plus nuancé. Zachary Quinto, droit, logique comme tout vulcain est toujours aux bords de l'explosion, s'empêchant d'avoir le moindre sentiment, réprimant à chaque instant son côté humain.
Le scénario rend ce personnage extrêmement attachant sans pour autant le mettre plus en avant que Kirk. Chaque acteur, de Chris Pine à Anton Yelchin (tous déjà vus mais pas encore confirmés) est une révélation. Mais la prestation parfaite de Quinto finit par faire de Spock, le véritable héros du film et de Quinto lui-même, la véritable révélation de Star Trek. On a immédiatement envie de voir la suite. Sentiment plutôt rare pour un blockbuster. Preuve de la qualité de ce film tout aussi explosif que subtil.


mardi 5 mai 2009

INCOGNITO **

Sorti le: mercredi 29 avril 2009
Réalisateur: Eric Lavaine
Avec: Bénabar, Franck Dubosc, Jocelyn Quivrin, Anne Marivin, Isabelle Nanty...

Agent de la RATP, artiste raté, Luka devient une star après la découverte chez lui d'un carnet bleu rempli d'une dizaine de chansons qu'il n'a plus eu qu' à mettre en musique. Mais quand son ami Charlie, propriétaire du carnet, et censé être disparu, refait surface dans sa vie, Luka fait tout pour que ce dernier ne sache rien de sa récente et très forte popularité.
Fort d'une bande annonce attractive, et d'une promotion réussie, "Incognito" semblait être la comédie française du moment à ne pas rater. Mais après vision de l'oeuvre, les sentiments sont partagés. Car si le film n'est pas aussi hilarant que les premières images pouvaient le laisser penser, d'où une certaine déception, le trio d'acteurs parfaitement équilibré charme son monde.
Jocelyn Quivrin, pas le plus épatant mais le point de repère du spectateur, signe une sobre performance. Bénabar, quant à lui, fait le grand saut dans le monde du cinéma et étonne par tant de simplicité. Confondant de naturel, le chanteur (également coauteur du scénario et compositeur attitré du film), malgré un jeu ponctué de certaines hésitations, fait mouche et séduit le public. Sa gueule, sa voix lui servent beaucoup, et l'évidente complicité partagée avec ses partenaires finissent de le mettre à l'aise. Il y a fort à parier que cette première fois sur grand écran ne sera pas sa dernière.
Mais que serait le film sans Franck Dubosc, au sommet de sa forme et de son talent. C'est simple, si on ne rit pas à gorge déployée, les seules scènes où on rit de bon coeur sont les siennes. Francis, ado retardé qui vit aux basques de Luka depuis dix ans, acteur raté aussi lourd qu'attachant, empêche le chanteur de prendre la grosse tête et le responsabilise. Car s'occuper de Francis, c'est comme faire l'expérience de la paternité avec quelques années d'avance.
La faiblesse du film réside dans son scénario assez simplet, les rebondissements ne sont en rien palpitants et se devinent trop rapidement. Et si essayer de rendre incognito, un célèbre chanteur semblait une bonne idée, et réserve deux ou trois scènes mémorables, à part la drôlerie de Dubosc, le film dégouline de bons sentiments, sans aller au delà, et tombe dans la facilité.
A voir donc pour un Dubosc dans son rôle le plus inoubliable (dommage, néanmoins que la bande annonce dévoile ses meilleures scènes) et pour un Bénabar épatant pour ses débuts.

bande annonce allociné

vendredi 1 mai 2009

La critique de COCO AVANT CHANEL **


Sortie : 22 avril 2009
De : Anne Fontaine
Avec : Audrey Tautou, Benoît Poelvoorde, Alessandro Nivola, Marie Gillain, Emmanuelle Devos...

Orpheline, Gabrielle Chanel coud la journée et chante le soir dans de petits cabarets provinciaux avec sa soeur afin de survivre. Après sa rencontre avec Etienne Balsan, homme riche auquel elle se raccroche par peur de tout perdre, la désormais dénommée Coco, développe des goûts certains et commence à confectionner des chapeaux pour quelques amies artistes. L'arrivée de Boy Capel, meilleur ami anglais de Balsan, et bientôt amour de sa vie, l'incitera à prendre sa liberté et à monter son propre empire en matière de mode.

Autant le dire tout de suite, la déception est énorme. S'inspirant d'un livre d'Edmonde Charles-Roux, auteur de plusieurs livres sur la vie de Chanel dont le fameux "L'irrégulière", Anne Fontaine livre un biopic classique sans grande originalité. Alors oui, les décors et les costumes sont d'une grande beauté, digne de la grande Chanel mais Fontaine ne se concentrant que sur l'histoire d'amour que vivent Boy Capel et Coco, on se surprend à s'ennuyer ferme. Alessandro Nivola et Audrey Tautou prêtent merveilleusement leur silhouette et leur phrasé aux deux amoureux mais on aurait préféré que l'accent soit mis sur son ascension sociale et professionnelle. La succession d'images qui voit Coco évoluer dans des ateliers de couture de plus en plus luxueux, illustration de sa réussite, finissant sur un sublime défilé rue Cambon, frustre plus qu'elle nous apprend. On ressort de la salle, la tête pleine de questions. On sait tout de ses premiers amours déterminants mais rien sur le développement même de son oeuvre.
Or ce dernier point était crucial car c'est par ses créations que Chanel s'est fait un nom et a contribué à la libération de la femme tant vis-à-vis des hommes que des vêtements. Là se trouvait le point même central de la vie de Coco Chanel. Dommage qu'Anne Fontaine ne fasse que survoler ce thème pour ne réaliser au final qu'une simple histoire d'amour à laquelle on ne s'attache guère. Heureusement Audrey Tautou incarne parfaitement Coco Chanel. Exprimant avec toute sa gouaille provinciale son féminisme et son indépendance affichés. Mais que serait le film sans Benoît Poelvoorde, interprète de Balsan. Il égaye la monotonie latente du film de sa présence, son caractère au départ détestable devient par la suite attachant. Il nous fait rire, il nous émeut, bref, c'est le seul qui nous provoque une réaction. Anne Fontaine aura au moins eu le mérite de donner à Poelvoorde un très joli rôle. Mais pour en apprendre davantage sur Coco Chanel qui méritait mieux, autant lire une biographie ou revoir le téléfilm réalisé par Christian Duguay avec Barbora Bobulova et Shirley MacLaine (toutes deux incarnant la couturière à des étapes différentes de sa vie), peut être moins bien réalisé mais beaucoup plus instructif.
Il semble qu'aucun film ne parviendra à rendre vraiment compte de la longue et complexe vie de la première femme à la tête d'une grande maison de couture.