jeudi 26 février 2009

WATCHMEN **


Sortie : 4 février 2009
De : Zack Snyder
Avec : Jackie Earler Haley, Patrick Wilson, Jeffrey Dean Morgan, Matthew Goode, Billy Crudup, Malin Akerman, Carla Gugino...

1985, Nixon en est à son cinquième mandat tandis que la menace d'une guerre nucléaire mondiale est imminente. Terrés depuis la loi Keene de 1977 leur interdisant d'exercer, les super-héros devenus des parias après avoir été acclamés par les foules, reprennent du service pour sauver la planète et déjouer un complot visant à les éliminer.
Alan Moore, auteur de V for vendetta déjà adapté au cinéma, est surtout connu des amateurs de comics pour son roman graphique Watchmen. Edité de 1986 à 1987, cette oeuvre de douze tomes a été classé parmi les 100 meilleurs romans de langue anglaise depuis 1923 par le "Time magazine". Réputé intransposable au cinéma, et de maintes fois abandonné (notamment par Terry Gilliam ou Darren Aronosky), le projet est finalement porté à l'écran par Zack Snyder, habitué aux adaptations de bandes dessinées depuis 300.
Attendu car annoncé depuis un certain temps, le film déçoit. Pourtant, l'énergique scène d'ouverture bercée par le magnifique "Unforgettable" de Nat King Cole ainsi que le magnifique générique qui suit, laissait présager un très bon film. Mais dès que l'intrigue se retrouve mêlée au traitement successif de chaque personnage, le film perd de sa vitalité. Il n'en est pas arrivé au point de perdre le spectateur mais les défauts sont trop gros pour passer inaperçus. Premièrement, le scénario adapté n'est pas à la hauteur de l'oeuvre originale. Jamais le film ne parvient à rendre compte de l'immensité du travail de Moore. Loin d'égaler la subtilité d'un Dark Knight, Watchmen, sans être totalement mauvais, ne fait qu'accumuler une multitude de faits passés et présents qui tentent de nous faire comprendre la situation actuelle. Il est vrai que si The Dark Knight ne se concentrait que sur trois personnages (Batman, Harvey Dent, et le Joker), ici, le scénariste doit prendre en considération six super-héros. Autant dire que le montage était un sacré challenge. Challenge qui n'a pas été relevé ici.
Le montage, désastreux, tend à ne privilégier aucun personnage plus qu'un autre. Malheureusement, certains d'entre eux emportent immédiatement notre adhésion quand d'autres nous assomment profondément. Le Dr Manhattan, seul super-héro à posséder des pouvoirs surnaturels suite à un accident chimique, parle d'un ton monocorde tout au long du film sur des thèmes philosophiques à mourir d'ennui. Le Hibou, et le Spectre Soyeux (seule femme de la bande) sont à l'évidence trop mis en avant, une concentration moins assidue sur leurs personnages complètement dispensables, aurait pu faire économiser de nombreuses minutes au film. En effet, les studios dans une optique purement économique ont refusé une trop longue durée. Mais vu la densité du comic, faire moins de deux heures quarante (la durée du film) semblaient difficile or certaines scènes réellement inutiles auraient pu être évincées. Ainsi la suppression de tous ces lassants ralentis à chaque scène ou celle du pseudo-triangle amoureux (Manhattan-Spectre Soyeux-Hibou) auraient rendu le film bien plus dynamique. Heureusement, qu'il nous reste le Comédien et sa morale bien personnelle, Ozymandias et sa quête absolue, et Rorschach et son implacable sens de la justice pour nous faire passer de bons moments. Irrévérencieux et toujours droits dans leurs prises de positions, mêmes les plus extrémistes, ils sont intelligemment traités face au vide scénaristique laissé par les trois autres héros précités. Le scénario définitivement inégal avait pourtant tous les éléments pour nous passionner, le comic regorgeant de questions philosophiques et politiques. Telles que l'humanité mérite-t-elle d'être sauvée? Et si oui, des moyens peu scrupuleux peuvent-ils le justifier?
Malheureusement le ton monocorde du Dr Manhattan, le plus philosophe et le plus bavard de la troupe, ainsi que les effets spéciaux assez grossiers, le rendent totalement inexpressif et donc immédiatement soporifique. Du coup, les thèmes métaphysiques passent sous le nez du spectateur.
Là, où on attendait un film capable de rivaliser avec The Dark Knight (désormais, la référence en matière de super-héros), Watchmen n'est qu'un action movie de plus. Et sans être un expert dans le domaine des comics, on peut sans risque affirmer que Snyder (sans doute par absence de carte blanche de la part de la production) n'a pas rendu l'hommage mérité au travail d'Alan Moore.


mercredi 25 février 2009

L'ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON **



Titre original :The Curious Case of Benjamin Button
Sortie : 4 février 2009
De : David Fincher
Avec : Brad Pitt, Cate Blanchett, Julia Ormond, Taraji P. Henson, Tilda Swinton, Elle Fanning...

1918, la Nouvelle-Orléans comme tous les Etats-Unis fêtent la fin de la première guerre mondiale. John Button, lui, ne pense qu'au bonheur de voir sa femme mettre au monde leur premier enfant. Mais répugné quand il découvre que ce dernier a l'aspect d'un vieil homme, il l'abandonne au seuil d'une maison de retraite. La gérante de celle-ci, Queenie, le recueille et entreprend d'élever ce vieux bébé qui rajeunit au lieu de vieillir.

Adaptation d'une courte nouvelle de F. Scott Fitzgerald d'une trentaine de pages, elle-même inspirée d'une célèbre phrase de Mark Twain ("La vie serait bien plus heureuse si nous naissions à 80 ans et nous approchions graduellement de nos 18 ans"), cette histoire atypique aura mis un certain temps à voir le jour. Non pas en raison d'un désintérêt particulier (car l'idée d'adapter Fitzgerald n'a jamais été abandonnée) mais en raison d'un manque cruel de moyens techniques pour mettre ce récit en images. En effet, filmer l'histoire d'un homme traversant les âges sans devoir prendre plusieurs acteurs ne pouvait se faire sans une technologie de pointe. Le maquillage ne suffisant pas.
David Fincher, un des meilleurs acteurs de sa génération, auteur de thrillers sombres et passionnants retrouve Brad Pitt, son acteur fétiche, pour un troisième film (après Seven et Fight Club). Complètement impliqué, Pitt se donne corps et âme dans la peau de cet être hors du commun. Mais loin d'être au summum de son talent (on le préférera justement dans les deux derniers films précités), il trouve néanmoins dans ce film, peut-être le plus beau rôle de sa carrière. Immédiatement touché par Benjamin Button, le spectateur suit avec attention les aventures ordinaires de cet être extraordinaire.
Peu de défauts sont à concéder. Le scénario est, il faut l'avouer, d'une rare qualité, tirer une telle histoire, aussi riche de rebondissements et de sentiments d'une si courte et froide nouvelle est un exploit. Les effets visuels sont quant à eux, ni plus ni moins époustouflants, voir Brad Pitt rajeunir sous nos yeux, et retrouver le jeune acteur découvert dans Thelma et Louise est simplement incroyable. C'est du jamais vu.
Avec de telles qualités, Benjamin Button avait de quoi tenir du véritable chef d'oeuvre. Mais le film possède certains défauts qui l'empêchent de rentrer dans cette catégorie. Ils ne sont pas si gros, mais ils sont suffisamment importants pour ne pas hisser Button au rang des inoubliables. Souvent comparé à Forrest Gump en ce que ces films nous font partager le quotidien d'un homme incroyable à travers les époques, il est dommage que le nouveau film de Fincher ne tire pas plus profit de ces différentes périodes. On ne fait que les traverser, certes de manière fort jolie, mais sans en exploiter les évènements.
Autre défaut, celui d'une histoire d'amour totalement secondaire. Certains veulent nous faire croire qu'elle constitue le point central du film or si le film traite d'amour, il se concentre essentiellement sur celui que porte le parent à son enfant. Amour parental parfaitement illustrée et incarnée par Queenie (merveilleuse Taraji P. Henson), puis par Benjamin lui-même (plus tard). Le lien qui lie Benjamin à sa bien-aimée Daisy (Cate Blanchett) est peut-être beau car inexplicable, mais leur relation n'en est pas moins difficilement crédible. Le public, victime des apparences a du mal à croire en cet amour. On ne pense pas toujours forcément au fait que son cerveau n'a pas l'âge de son corps.
Plus que la simple histoire d'une déchirante passion, Benjamin Button traite surtout de la vieillesse et de la mort des êtres chers. Tous les spectateurs concernés par ces deux thèmes, ils sont différemment traités tout au long du film. Il l'est de manière ludique dans un première partie, Benjamin découvrant le monde dans un corps de vieil homme mais avec des yeux d'enfant. Son parcours initiatique de la vie à l'envers est vraiment touchant tout en étant divertissant (toute la partie dans la maison de retraite et toute sa phase marine sont à coup sûr, les meilleurs moments du film). La seconde partie, excellente également, atteint, elle, un degré bouleversant de chagrin. Les faces-à-faces de Benjamin jeune et Daisy vieille sont difficilement supportables, quand ceux du vieux Button et de la jeune fille étaient plus frais et innocents.
Au final, Benjamin Button restera un ovni dans la carrière de Fincher et de Pitt, mais c'est un bon film, un très bon film. Les oublis constants dont il a été victime lors de récentes cérémonies peuvent paraître injustes mais c'est qu'il y a dans ce film (contrairement à Slumdog millionaire), une atmosphère d'une tristesse inouïe qui efface toute trace d'espoir.

lundi 16 février 2009

DOUTE ***

Sorti le: 11/02/09
Réalisateur: John Patrick Shanley
Avec: Meryl Streep, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams, Viola Davis...

Dans les années 60, au sein d'une paroisse catholique dans le Bronx, la Soeur Beauvier intimement convaincue de la culpabilité du prêtre Flynn dans une affaire d'actes de pédophilie, tente de le faire avouer. Mais celui-ci crie son innocence jusqu'au bout.
Auteur d'un seul film réalisé en 1990, "Joe contre le volcan", John Patrick Shanley est surtout un écrivain. Auteur de nombreux scénarios, il est connu pour sa pièce de théâtre "Le doute", lauréate du prix Pulitzer en 2004. Mais comme nous ne sommes jamais mieux servis que par nous-mêmes, Shanley décida de superviser lui-même l'adaptation cinématographique de son oeuvre. Pour un débutant, le résultat est plutôt réussi.
Les amateurs de pièces ne le savent que trop bien, les seuls points communs qu'ont le théâtre et le cinéma sont de nous conter des histoires par l'intermédiaire de comédiens. Car hormis ces deux caractéristiques, les sensations éprouvées et la manière de mettre en scène l'intrigue n'ont rien avoir. Les adaptations de pièces sont souvent des échecs, l'écran ne sachant pas forcément transmettre ce qui était destiné aux planches. Mais Shanley transposant son propre écrit, celui-ci n'est jamais à son désavantage. Devant tourner dans un minimum d'endroits pour cause d'unité de lieu (principe théâtrale), il s'appuie sur une mise en scène classique mais jamais lassante qui permet de mettre en valeur le jeu des acteurs. L'interprétation étant le point crucial (outre le scénario) sur lequel repose toute la réussite du film. Passons sur Meryl Streep qui n'a plus rien à prouver depuis bien longtemps, et sur Amy Adams dont le nom risque de s'inscrire sur nos écrans pour un certain temps. Les deux actrices qui incarnent deux personnages à la foi semblable mais aux convictions opposées quant au Père Flynn, illustrent deux tendances différentes de l'église. Soeur Beauvier est de la vieille école tandis que Soeur James tend vers une église plus moderne même si sa grande retenue l'empêche souvent d'exprimer ses préférences. Nouvelle tendance ecclésiastique que le Père Flynn, interprétée par un Philip Seymour Hoffman au sommet de ce trio impeccable, soutient aussi au grand dam de Soeur Beauvier. Mais cette seule différence d'opinions suffit-il à expliquer la raison de l'entêtement de cette dernière? Car si Soeur Beauvier accuse le Père Flynn de pédophilie (même si le mot n'est jamais prononcé), c'est sur l'unique base de sa certitude, d'une conviction qui ne la lâche pas. Par contre le public doute. Soeur James est-elle victime de sa naïveté quand elle pense le prêtre innocent? Soeur Beauvier est-elle juste entêtée ou a-t-elle su déceler le vice chez le Père Flynn? Autant de questions qui continuent de nous hanter une fois le film fini. Et à l'image de Soeur James qui douta un moment avant de finir par croire en l'innocence du Père Flynn, liberté est laissée au spectateur de se forger sa propre opinion.
Mais c'est là qu'est l'intérêt et la puissance de ce film, nous démontrer que le doute, en chacun de nous à chaque instant, peut-être un sentiment aussi fort qu'une certitude. Enfin de compte, le film nous fait nous questionner sur l'éventuelle culpabilité du père Flynn mais également et surtout sur nous. Et ce sur des thèmes très variés, allant de nos rapports à la religion, à ceux que nous entretenions avec notre prochain.
Il est sûr que de nous laisser dans le doute peut-être très frustrant mais tenter de découvrir la vérité en compagnie de si bons acteurs est tant passionnant que les deux heures de film s'écoulent à la vitesse de la lumière. On s'étonne de penser "déjà" au son du générique de fin.

bande annonce allociné

CE QUE PENSENT LES HOMMES *

Sorti le: 11/02/09
Réalisateur: Ken Kwapis
Avec: Jennifer Aniston, Ben Affleck, Ginnifer Goodwin, Justin Long, Kevin Connoly, Drew Barrymore, Scarlett Johansson, Bradley Cooper, Jennifer Connely...

Ayant pour toile de fond, l'éternelle incompréhension entre les hommes et les femmes, ce film choral tente d'éclairer chacun des deux sexes sur la façon de penser de l'autre.
Rescapé de la télé, Ken Kwapis qui n'avait jusque là réalisé qu'un long-métrage, le très oubliable "4 filles et un jean", tente de percer définitivement au cinéma en passant de la bluette pour adolescentes à la bluette pour adultes.
Adapté du roman "He's just not that into you" de Greg Behrendt et Liz Tuccillo, "Ce que pensent les hommes" n'est pas à la hauteur des attentes. Autant le dire tout de suite, nous n'apprenons pas grand chose de la gente masculine (cela vaut également pour la gente féminine). Le film n'est qu'une accumulation de clichés, de divers scénarios amoureux condensés en un seul film. Presque vendu comme une étude social des rapports amoureux entre gens du XXIe siècle, le film n'est au final qu'une banal comédie romantique. Et romantique est un bien grand mot vu le désintérêt que l'on éprouve pour la majorité des personnages. Kwapis a beau réalisé l'exploit de réunir un casting de rêve, la sauce ne prend pas. Seuls Jennifer Aniston, Ginnifer Goodwin et Justin Long sortent du lot pour être les plus touchants. Et ce certainement en raison du fait que seuls leurs personnages incarnent ce que le spectateur est venu chercher. Un peu d'amour. Il est par exemple incompréhensible que la si sympathique Drew Barrymore, spécialiste des comédies romantiques ne soit pas plus mis en avant et que Jennifer Connely, à la limite de la transparence ait une place aussi importante.
En même temps, pouvions-nous vraiment attendre quelque chose d'une adaptation d'un roman issu de la chick litt? Peut-être que le seul intérêt de ce film est qu'il s'adresse autant aux hommes qu'aux femmes, ce qui n'est pas souvent le cas de ce type de film.
Mais dans le genre, on préférera largement revoir "Love Actually", l'indétrônable film choral en matière de romantisme.

bande annonce allociné

vendredi 13 février 2009

GRAN TORINO **** (en avant-première)

Sorti le: 25/02/09
Réalisateur: Clint Eastwood
Avec: Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her, Doua Moua, John Carroll Lynch...

Merci encore Allociné pour nous faire découvrir autant de bons films!

Walt Kowalski, vétéran de la guerre de Corée, quelque peu intolérant, déteste qu'on le dérange dans sa sacro-sainte tranquillité. Alors quand son nouveau jeune voisin, Thao, d'origine Hmong tente un jour, influencé par une bande de délinquants, de lui voler sa Gran Torino, seule chose à laquelle le vieil homme acariâtre tient vraiment, il en voit sa routine perturbée.
Alors que son dernier film, le très éprouvant "L'échange" ne date que de novembre, Clint Eastwood nous livre déjà sa nouvelle oeuvre, réalisée donc en très peu de temps, "Gran Torino". A 78 ans, Eastwood est en pleine forme, à la fois derrière la caméra et quasiment de tous les plans, Hollywood n'est pas prêt de se débarrasser, pour le plus grand bonheur de tous, de ce prolifique et talentueux cinéaste.
Annoncé dès les rumeurs de projet comme un sixième volet de l'inspecteur Harry, point d'inspecteur Callahan ici, même si on pense parfois très fortement à lui. Eastwood préfère dresser le portrait d'un vieil homme hanté par son passé et aigri par le temps. Délaissé par ses propres enfants et seul depuis la mort de sa femme, il se rapproche sans vraiment le vouloir (au début, du moins) de ses voisins, qui voient en lui un héros depuis qu'il a sauvé le jeune Thao, d'une bande de voyous. Voyous qui n'ont pas dit leur dernier mot.
Ayant depuis longtemps compris que la mise en scène était un moyen et non une fin en soi, Eastwood opte comme dans chacun de ses films, pour une mise en scène classique, une forme qu'il met au service du fond. Il semble avoir fait sienne la maxime de Gabin qui disait que pour faire un bon film, il fallait une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire.
Excellent réalisateur, il est également parfaitement à l'aise dans la peau de cet homme âgé cachant son humanité, il a d'ailleurs été dommage d'apprendre que le rôle de Walt Kowalski serait son dernier, l'acteur voulant définitivement laissé la place au réalisateur.
Aidé par un casting inconnu exclusivement d'origine hmong, Eastwood a voulu s'assurer d'aller au plus près de la réalité. L'idée paye car les acteurs amateurs n'en sont que plus sincères dans leur interprétation et l'émotion est au rendez-vous.
Reprenant son thème fétiche, celui de la famille, le réalisateur n'en parle pas, au sens propre du terme mais de celle que l'on se choisit, la famille de coeur. Les liens qu'il crée avec Thao rendent son histoire extrêmement touchante. Plus simple que ces précédents films, "Gran Torino" n'en est pas moins excellent. Vrai magicien, Eastwood nous offre avec trois de bouts de ficelle scénaristique, un véritable petit chef d'oeuvre, peut-être le plus intimiste et le plus émouvant de tous ses films.
Mais la famille n'est pas le seul thème dont le film traite. En bon républicain, Eastwood insère, comme dans toutes ses créations, des sujets que le parti politique américain a toujours mis plus ou moins en avant. Ainsi, il ne parle jamais de la libre circulation des armes à feu mais elles sont bien visibles et leur présence n'est jamais contestée. La religion catholique est également omniprésente tout au long du film. Hanté par les actes qu'il a commis lors de la guerre de Corée, Eastwood se conduira en véritable héros vengeur tout en opérant une rédemption à sa façon. Mais Eastwood étant le plus démocrate des républicains, la place prédominante laissé aux sentiments et à la tolérance gomme tous ses partis pris politiques.
Eastwood est quoiqu'il en soit, à jamais ce pur héros américain qui avec le temps est devenu un génie du cinéma. "Gran Torino" n'est que la confirmation d'une chose que l'on savait déjà, Eastwood est juste le meilleur réalisateur américain vivant à ce jour.

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mercredi 11 février 2009

SLUMDOG MILLIONAIRE ****

Sorti le: 14/01/09
Réalisateur: Danny Boyle
Avec: Dev Patel, Freida Pinto, Madhur Mittal, Anil Kapoor, Irfan Khan...

Jamal Malik, ancien gamin des bidonvilles devenu simple serveur, gagne la somme maximale à la version indienne de "Qui veut gagner des millions?". Suspectant une éventuelle tricherie, les autorités locales l'interrogent.
Adaptation du roman indien "Les fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devient milliardaire", "Slumdog millionaire" est actuellement l'objet d'un consensus planétaire. Gagnant de multiples grands prix (meilleur film aux Baftas et aux Golden Globes), on lui promet un bel avenir aux oscars. Et comme le dit si bien le proverbe, il n'y a pas de fumée sans feu.
Partant de l'idée très originale et risquée de faire tourner le film autour de la célèbre émission "Qui veut gagner des millions?", la nouvelle oeuvre du déroutant Danny Boyle est surtout l'occasion de nous plonger dans le récit passionnant de la vie d'un jeune Indien issu des bidonvilles. Car chaque réponse donnée a son explication.
La caméra toujours aussi nerveuse du réalisateur anglais filme sans concession l'histoire de deux frères tout en nous faisant découvrir et ce sans concession, la véritable Inde. Une magnifique Inde aussi pauvre que riche, aussi misérable que flamboyante... Un pays où les castes font la loi, où les bidonvilles font face aux puissantes cités mais où la quête de l'amour n'est finalement pas impossible. Car le film, au final, parle principalement de ça. D'amour. Celui entre deux frères que la vie ne cesse de vouloir opposer, celui entre deux êtres que la vie ne cesse de vouloir séparer.
C'est Dev Patel, déjà remarquée dans la série anglaise "Skins", qui incarne ce slumdog millionaire. Il est parfois un peu inexpressif car trop intériorisé, mais il confère à Jamal une innocente pureté qui le rend encore plus attachant. Bien que le personnage de son frère, Salim, plus ambigu soit plus intéressant.
Danny Boyle signe ici son meilleur film. Et même si, à la fin, son hommage à Bollywood est quelque peu hors contexte, la scène nous rappelle que la capitale indienne du cinéma la plus productive au monde n'a pas fini de faire parler d'elle.
Finalement, peu importe que le film soit couronné à Hollywood le 22 février ou non. Boyle aura réussi un magnifique film où se côtoient la violence, la misère, l'amour et la sincérité. Prônant l'existence d'une destinée, "Slumdog millionaire" est un bel hommage à l'espoir et nous incite tous à croire en notre bonne étoile.

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LES NOCES REBELLES **


Titre original : Revolutionary Road
Sortie : 21 janvier 2009
De : Sam Mendes
Avec : Leonardo Dicaprio, Kate Winslet, Michael Shannon, Kathryn Hahn, David Harbour, Kathy Bates...

Frank s'en va au travail tandis que sa femme le salue de la main tout en jetant un oeil sur les enfants qui gambadent dans le jardin. Tel est l'incarnation du bonheur familial dans les années 50. Mais derrière la perfection du tableau se joue les derniers instants d'un couple en crise, de deux êtres amoureux que la routine a fini par éloigner l'un de l'autre. Dix ans après Titanic, Leonardo Dicaprio et Kate Winslet connaissent un second naufrage. Mais cette-fois, nul bateau à l'horizon, c'est leur couple qui se noie dans les eaux profondes de la routine. Franck et April ont beau s'aimer aussi fort que Jack et Rose, leurs rêves respectifs engloutis par la force de l'habitude auront raison d'eux.

La critique de LOL : Laughing Out Loud ***



Sortie : 4 février 2009
De : Lisa Azuelos
Avec : Sophie Marceau, Christa Theret, Alexandre Astier, Jocelyn Quivrin, Jérémy Kapone, Félix Moati, Marion Chabassol, Lou Lesage, Louis Sommer, Emile Bertherat...

Portrait générationnel d'une bande d'adolescents parisiens, Lol a pour titre le nom de son héroïne Lola, lycéenne dont la vie tourbillonne autour de ses premiers amours, de ses amis et de sa mère avec qui le dialogue n'est pas toujours des plus simples.

Cour du lycée, jour de la rentrée, Lola (Christa Théret) rejoint sa bande d'amis. Les filles se la jouent Kate Moss et les mecs se prennent pour les BB Brunes. Ça commence mal. En avant l'inévitable avalanche de clichés sur la vie adolescente. Mais loin de les subir, on en redemanderait presque. Lol est presque deux heures durant, une source inépuisable de rires, de bonheur, et de sincérité. Alors oui, on assiste à l'aliénation technologique des ados scotchés à msn, greffés à leur portable, ruinant leur scolarité préférant boire et fumer. Mais cette formidable troupe d'acteurs est tout simplement trop pleine de charme pour ne pas craquer. Vendu comme La boum des années 2000, on pense beaucoup plus à A nous les petites Anglaises auquel d'ailleurs la réalisatrice Lisa Azuelos rend un évident hommage dans un savoureux voyage scolaire en Angleterre. La bande son anglo-saxonne pop rock (très très cool) berce le quotidien de Lola. Une vie qui tournent le plus souvent autour de ses aventures amoureuses qui font écho à celles de sa mère. Une mère interprétée par une Sophie Marceau, plus épanouie que jamais. Ne surjouant pas pour une fois, elle est naturelle et attachante dans le rôle d'une maman dépassée par son adolescente. Christa Theret qui l'incarne, était déjà la seule à se démarquer dans Et toi, t'es sur qui?, elle fait ici des ravages. Lisa Azuelos, en plus de dépeindre le quotidien adolescent, livre une belle relation mère-fille pleine de cris mais surtout pleine d'amour. Le seul bémol à faire au film serait peut être de ne se concentrer que sur une catégorie d'ados délaissant certains qui ne pourront s'identifier (n'est pas ado bobo parisien qui veut). Mais le film est si hilarant, qu'on ressort de la salle empli d'allégresse.