mardi 28 septembre 2010

MANGE PRIE AIME **

Titre original: Eat, Pray, Love
Sortie: 22 septembre 2010
De: Ryan Murphy
Avec: Julia Roberts, Richard Jenkins, Javier Bardem, Billy Crudup, Viola Davies, James Franco...

Adaptation du best-seller d’Elizabeth Gilbert, Eat, Pray, Love (One Woman’s Search for Everything across Italy, India, and Indonesia), “Mange, Prie, Aime” marque le retour de Julia Roberts sur nos écrans. Cantonnée aux seconds rôles depuis quelques années, la star a choisi de revenir sur le devant de la scène avec le récit autobiographique d’une quadragénaire en quête d’un nouveau départ à travers le monde après un douloureux divorce.
Manger en Italie, prier en Inde, et aimer à Bali. Tel est le programme de l’héroïne (les étapes ont d’ailleurs été tournées chronologiquement). Bref, autrement dit, une série de clichés et de cartes postales. On aimerait détester une telle avalanche de mièvrerie et enfin trouver à redire sur Julia Roberts. Mais non, il n’y a rien à faire. Elle est un soleil à elle toute seule et nous piège à chacun de ses sourires. Et puis peu importe que le film use et abuse des poncifs du genre. Quel mal y’a-t-il à vouloir reprendre les rênes de sa vie ? Liz Gilbert s’est juste risquée à faire ce que beaucoup d’autres n’oseraient. Alors oui, on mange des pâtes et on boit des capuccinos en Italie, on prie dans un beau temple en Inde et personne n’a l’air réellement pauvre et on trouve l’amour à Bali car paraît-il là-bas c’est ce qui se fait de mieux. Mais au final, on finit par les apprécier tous ces stéréotypes et on a comme une furieuse envie de lire le livre après coup. Il faut dire que Ryan Murphy dont ce n’est que le deuxième film et qui est accessoirement le créateur de « Nip/Tuck » et « Glee », a un sens de l’image et de la mise en scène à tomber. Oui car avouons-le, tous ces paysages ont beau être dignes de cartes postales, les cartes postales en questions sont assez époustouflantes. En fait, on aimerait bien nous aussi partir en quête de son équilibre à l’autre bout de la terre, dans ces petits coins de paradis. Julia Robert, complètement ébranlée par le tournage, a même fini par se convertir à l’hindouisme. On ira peut être pas jusque là. Le film est bon mais pas tant que ça non plus. Par contre, on se laisserait bien tenter par une petite pause dolce farniente, quelques minutes de méditation et des vacances à Bali. En attendant, il y a toujours le chinois au coin de la rue. Bon allez, « Attraversiamo ! »

dimanche 26 septembre 2010

LES PETITS MOUCHOIRS ** (en avant-première)

Sortie: 20 octobre 2010
De: Guillaume Canet
Avec: François Cluzet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche, Benoît Magimel, Jean Dujardin, Laurent Lafitte, Valérie Bonneton, Pascale Arbillot, Anne Marivin, Louise Monot, Joël Dupuch...

Comme chaque été, une bande de potes partent tous ensemble en vacances au Cap Ferret. Mais cette année, un membre du groupe manque à l’appel.

Hospitalisé, il y a quelques années, Guillaume Canet n’aura vu que deux personnes sur tout un mois d’août. Partant de ce fait personnel, le réalisateur a par la suite étoffé son scénario. Non pas en faisant de ce troisième long-métrage, un film autobiographique mais un patchwork d’expériences vécues, pour la plupart, par ses amis. Film de potes dans la veine de « Un éléphant, ça trompe énormément » ou « Les copains d’abord », Canet a réuni une grande partie de ses amis pour interpréter les différents personnages. Ainsi on retrouve sa compagne Marion Cotillard, Jean Dujardin qu’il connaît depuis les bancs de l’école, Benoît Magimel avec qui il a commencé à l’âge de 17 ans, son camarade de jeu François Cluzet, ou encore Anne Marivin et Gilles Lellouche dans son entourage depuis une bonne dizaine d’années. Le tournage s’est donc déroulé dans la bonne humeur, la confiance étant établie dès le départ entre chacun. Une confiance qui n’a cependant pas empêché Canet de devoir rappeler à l’ordre ses petits camarades, la bonne ambiance prenant parfois le dessus sur le travail. Après ses premiers pas derrière la caméra avec « Mon idole », la confirmation d’un talent certain avec « Ne le dis à personne », Canet prend son envol avec ce nouveau film. « Les petits mouchoirs » écrit en cinq mois par ce dernier, est son oeuvre la plus personnelle et sûrement la plus émouvante. Hormis une fin larmoyante dont on aurait pu se passer, le scénario est très travaillé. Ecrit au rythme de la musique, cette dernière occupe une place essentielle et ce sont d’ailleurs les scènes sans dialogue qui sont les plus saisissantes.
Quant aux acteurs, tous sans exception font honneur à l’écriture de Canet. Parmi les stars à l’affiche, on retiendra surtout l’hilarant Laurent Lafitte, François Cluzet, juste génial en maniaque névrosé, Jean Dujardin, bouleversant, et Gilles Lellouche qui se bonifie avec le temps. Concernant Marion Cotillard, on ne répétera jamais assez que ses plus beaux rôles sont français.
Cependant, ils se font tous voler la vedette le temps d'une scène par un acteur amateur mais vrai ostréiculteur, Joël Dupuch, chez qui Canet va régulièrement manger des huîtres.
Sur le plan technique, on préférera cependant « Ne le dis à personne » dont la réalisation est plus aboutie, mais côté émotion « Les petits mouchoirs » remporte la palme. Canet plus que jamais inspiré et investi, nous incite à nous exprimer, à nous libérer de ces petits mouchoirs qui recouvrent nos craintes injustifiées. Bref, à relativiser cet enfer qu’est les autres.





Merci à Guillaume Canet et à Gilles Lellouche pour leur gentillesse, leur humour et leur disponibilité. Et surtout merci encore mille fois à Allociné.

lundi 20 septembre 2010

LE DERNIER EXORCISME **

Titre original : The last exorcism
Sortie : 15 septembre 2010
De : Daniel Stamm
Avec : Patrick Fabian, Ashley Bell, Iris Bahr, Louis Herthum, Caleb Landry Jones, Tony Bentley,

Alors que le révérend Cotton Marcus se fait suivre par une équipe de documentaristes, à qui il avoue procéder à de faux exorcismes, il est appelé au chevet de Nell qu'il pense atteinte de troubles psychiatriques. Mais la jeune fille est réellement possédée.

Si Le projet Blair Witch et Cloverfield survendaient le concept de caméra embarqué, Le dernier exorcisme intègre le principe sans s'en vanter. Du coup, la caméra devient vraiment l’unique point de vue du spectateur et on se laisse embarquer dans une histoire intimiste qui parvient à se passer de gros effets. L'élément le plus terrifiant du film étant cette authentique ferme de la Louisiane profonde. Un seul angle étant adopté, on est sur les nerfs à chaque franchissement de portes. Mais de là à avoir peur...! On est ici aussi terrifié que par la version de William Friedkin. C'est à dire, pas du tout (si, si, L'exorciste a mal vieilli). Mais la dernière production d'Eli Roth sort cependant du lot. Si Esther reste le dernier film le plus flippant en date, Le dernier exorcisme ne démérite pas. Et ce, grâce à un scénario bien ficelé. Le tout a beau être du déjà vu, l'opposition entre fanatiques religieux qui veulent à tout prix que Nell soit possédée et ceux plus pragmatiques, insuffle au film un vrai suspens. Nell, n'est-elle qu'une innocente un peu dérangée ou a-t-elle réellement besoin d'un exorcisme? Impossible de démêler le vrai du faux jusqu'à la fin. Les secrets de famille et autres faux-semblants finissant de rendre le tout confus.
Les acteurs, tous parfaits, aident également à nous mettre le doute. L'excellent Patrick Fabian (Cotton Marcus), faux prédicateur mais vrai psychologue et la stupéfiante et très souple, Ashley Bell (Nell), sont tellement attachants, qu'on n'hésite pas un instant à faire pencher la balance de leur côté. Comment une gamine aussi adorable peut-elle être possédée?
La fin délirante, limite "WTF!", nous rappelle à l'ordre. Ah oui, c'est vrai, on est venu voir un film d'horreur. Cependant, il reste abusivement interdit au moins de seize ans. Car au final, Le dernier exorcisme n'est rien d'autre qu'un bon thriller déguisé pour mieux dénoncer les dérives du système clérical. En gros, on nous explique comment les pasteurs et autres prédicateurs sont de simples escrocs qui n'en veulent qu'à notre argent. Du coup, le fameux exorcisme du titre passe à la trappe. En attendant, on n'est pas prêt de poser un pied à la Nouvelle-Orléans. On ne sait jamais!

THE RUNAWAYS ***

Sortie: 15 septembre 2010
De: Floria Sigismondi
Avec: Kristen Stewart, Dakota Fanning, Michael Shannon, Riley Keough, Scout Taylor-Compton, Stella Maeve, Alia Shawkat...

1975, Joan Jett est déjà en pourparlers pour former son propre groupe de rock quand son producteur rencontre Cherie Currie. Le courant passe très vite entre les deux jeunes filles. Les Runaways sont nées.

Essentiellement centré sur une Cherie Currie rattrapée par le star-system (Floria Sigismondi s'inspire d'ailleurs de son autobiographie), le film se révèle être bien plus qu'une biographie. Véritable portrait de deux ados rebelles en quête de gloire, la réalisatrice nous conte leur ascension puis leur déchéance sans jamais les juger. Tout ça au son d'une BO énergisante en parfait accord avec l'ambiance feutrée. De "Hollywood" à l'atomique "Cherry bomb" (peut-être le plus gros succès du groupe), on regrette de ne pas avoir eu vingt ans en 1975.
Les deux héroïnes à mille lieues de l'univers "Twilight" offrent un jeu ardent. Dakota Fanning épate dans un rôle complètement inédit. Oubliez l'adorable fillette de "Man on fire" ou de "Mon nom est Sam", elle est aujourd'hui une ado qui en veut. Mais sa collègue lui pique la vedette. On ne voit que Kristen Stewart, plus charismatique que jamais. Si certains pensent que le rôle de Bella lui collera à la peau, elle prouve ici qu'il n'en sera rien.
Notons également la brillante prestation de Michael Shannon (pour mémoire, l’unique intérêt des "Noces rebelles"). L'acteur continue une discrète mais solide carrière. Il excelle dans la peau de Kim Fowley, producteur abusif mais génial des années 70 (on lui doit notamment d'avoir découvert les Stooges et Kiss).
L'adolescence de Currie et Jett arrosée de sexe, de drogues et d'auto-destruction paraît finalement sage à l'écran mais suffisamment à la dérive pour nous donner un aperçu de ce qu'est réellement la rock'n'roll attitude. The runaways n'ont été qu'une étoile filante dans le monde du show-business. Et pourtant ces filles avant-gardistes pourraient encore aujourd'hui en remontrer à certains qui tentent vainement de se prendre pour des rockstars.
A noter la présence au générique de Riley Keough, la petite-fille du King. Difficile de faire plus rock!

jeudi 16 septembre 2010

TWELVE *


Sortie : 8 septembre 2010

De : Joël Shumacher
Avec : Chace Crawford, Curtis Jackson, Emma Roberts, Rory Culkin, Ellen Barkin...

Ruiné après la mort de sa mère, White Mike quitte son école privée et prisée de l'Upper East Side pour en devenir le dealer.

Adapté du roman éponyme et quasi autobiographique de Nick McDonnell, Twelve bénéficiait a priori d'un bon sujet. Certainement fervent lecteur de Bret Easton Ellis, l'auteur de 17 ans relate la déchéance de la jeunesse dorée américaine qui se fourvoie dans les drogues et le sexe.
Mais Joel Shumacher (qui tente en vain de nous faire croire qu'il est plus qu'un réalisateur d'action movies) rend le tout, long, lent, ennuyeux, et bien trop bavard. La voix off (assurée par Kiefer Sutherland) est complètement dispensable, on aurait préféré qu'il se taise et nous apprécier le jeu d'un Chace Crawford motivé. En effet, ce dernier, cherchant à se débarrasser de l'étiquette Gossip Girl, s'est choisi un rôle à contre-emploi. Crédible, on découvre que le registre dramatique sied très bien à l'acteur. Mais il serait peut être temps qu'il quitte l'Upper East Side. Si le quartier est plus perverti que dans la série, on retrouve le même style de protagonistes, en plus mal fagotés. Finalement, Crawford ne s'est pas encore réellement défait des habits de Nate Archibald.C'est un personnage dit secondaire qui lui pique la vedette. On adore Rory Culkin, le petit frère de Malcauley, qui organise des soirées pour la jeune société, et se fait manipuler malgré lui par des pouffes en recherche de gloire éphémère. Il se fait même brutalisé par son grand frère quelque peu dérangé (c'est d'ailleurs ce dernier qui finira lors d'une scène plutôt mémorable à nous sortir d'une proche léthargie). Il est le seul personnage auquel on s'attache véritablement.Bref, Shumacher rate complètement le coche. Le film tourné en seulement 23 jours bâcle le traitement de son sujet. Et la fin faussement moraliste finit de gâcher le film. 

dimanche 12 septembre 2010

FESTIVAL de DEAUVILLE 2010 : palmarès

Emmanuelle Beart et les membres de son jury (Jeanne Balibar, Lucas Belvaux, Faouzi Bensaïdi, Christine Citti, Fabrice du Welz, Tony Gatlif, Denis Lavant, Abderrahmane Sissako) ont rendu leur verdict. Palmarès de la 36ème édition du festival de Deauville:

GRAND PRIX

"MOTHER AND CHILD" de Rodrigo Garcia
Avec Annette Benning, Naomi Watts, Kerry Washington, Samuel L. Jackson...
Sortie: 27 octobre 2010
> Il y a 35 ans, Karen alors âgée de 14 ans n'a pas eu d'autres choix que d'abandonner son enfant. Elizabeth, sa fille, est aujourd'hui une grande avocate qui n'a jamais ressenti le besoin de retrouver sa mère biologique jusqu'au jour où elle apprend qu'elle est enceinte.


PRIX DU JURY EX AEQUO


"WINTER'S BONE" de Debra Granik
Avec Jennifer Lawrence, John Hawkes, Lauren Sweetser...
Sortie: 3 novembre 2010
> Une jeune fille de 16 ans part à la recherche de son père poursuivi par la police. Si elle ne prouve pas sa mort ou qu'elle ne parvient pas à l'obliger à se rendre devant les tribunaux ,elle risque de perdre la maison familiale et de se retrouver avec ses jeunes frères et soeurs à la rue.


"THE MYTH OF THE AMERICAN SLEEPOVER" de David Robert Mitchell
Avec Claire Sloma, Marlon Morton, Amanda Bauer, Brett Jacobsen...
Sortie: aucune date de sortie pour le moment
> Maggie, Rob, Claudia et Scott vivent leurs derniers instants de l'été. L'occasion de multiplier les expériences...


REVELATION CARTIER
(Le jury était présidé par le réalisateur et scénariste Manuel Pradal et se composait de la réalisatrice Emma Luchini, et des comédiens, Jonathan Lambert, Roxane Mesquida, et Sébastien Thiery)

"HOLY ROLLERS (Jewish connection)" de Kevin Asch
Avec Jesse Eisenberg, Justin Bartha...
Sortie: 23 février 2010
> New York, fin des années 90, des milliers de pilules d'ecstacy arrivent d'Amsterdam par le biais de Juifs orthodoxes, mules à leur insu. Sam, 20 ans, accepte d'en faire partie sans hésitation séduit par l'argent facile.


CRITIQUE INTERNATIONALE


"BURIED" de Rodrigo Cortes
Avec Ryan Reynolds
Sortie: 3 novembre 2010
> Paul, entrepreneur américain, pris en otage en Irak se retrouve enterré. Dans le coffre en bois qui lui sert de cercueil, il ne dispose que de 90 minutes et d'un portable à moitié rechargé pour s'en sortir.

vendredi 10 septembre 2010

PIRANHA 3D ***

Sortie: 1er septembre 2010
De: Alexandre Aja
Avec: Steven R. Mcqueen, Jessica Szohr, Elizabeth Shue, Adam Scott, Kelly Brook, Jerry O'Connell, Riley Steele, Ving Rhames, Christopher Lloyd, Richard Dreyfuss, Eli Roth...

En plein springbreak à Lake Victoria, un tremblement de terre ouvre une faille sous le lac de la ville libérant des milliers de piranhas affamés.

Après le très cathartique "La colline a des yeux" et le décevant "Mirrors", Alexandre Aja poursuit son ascension à Hollywood avec sa propre interprétation d'attaques de piranhas. Si le "Piranha II" (1981) de James Cameron a marqué les esprits (le réalisateur devait d'ailleurs faire une apparition), Aja déclare s'être plus inspiré de la version de Joe Dante de 1978.
A défaut d'avoir pu faire jouer Cameron, le réalisateur français a pu compter sur un caméo (un peu frustrant) de Richard Dreyfuss. Guest-star beaucoup plus logique que le cinéaste tant l'ombre des "Dents de la mer" plane tout au long du film. D'Elizabeth Shue (trop rare sur les écrans) qui endosse les habits de Roy Scheider au massacre collectif en bord de mer, les poissons mangeurs d'hommes d'Aja nous rappellent sans cesse le traumatisant Bruce* (la musique inquiétante de John Williams en moins). Pourtant, Aja dit avoir surtout pensé aux "Gremlins" (autre oeuvre de Joe Dante) durant le tournage afin d'équilibrer au mieux horreur et humour. Mais on a beau cherché, point de piranha aussi adorable que Guizmo. D'ailleurs, il n'y a qu'à se remettre en mémoire, l'affiche des "Dents de la mer" (cliquez ici pour la voir) afin de constater que celle de "Piranha 3D" y fait explicitement référence.
Fort de tous ces modèles, Aja avait alors toutes les clés en main pour nous signer un film gore et surtout fun. Mission réussie. Malgré la censure des frères Weinstein qui ont coupé douze minutes du film craignant qu'il ne puisse être destiné à un large public, "Piranha 3D" est le long-métrage le plus sanguinolent vu depuis un certain temps (depuis "La colline a des yeux", peut être). Les victimes de ces tueurs marins prennent clairement un bain de sang. Un carnage enjolivé par une 3D impeccable. Même Cameron (encore lui) ne pourrait pas en dire autant de son "Avatar".
Autre réussite du film, avoir placer l'intrigue lors du springbreak. Passer la société américaine au vitriol étant une des occupations préférées d'Aja, le réalisateur n'allait pas manquer de faire basculer cette semaine de débauche en véritable enfer. En effet, s'il se fait plus léger ici que dans "La colline a des yeux" (où il dézinguait au propre comme au figuré les conséquences désastreuses de la politique nucléaire des Etats-Unis), le ton est plus que jamais caustique. C'est assez ironique de voir une jeunesse américaine hautaine et superficielle, prendre une leçon de vie par plus petits qu'elle. Aja s'amuse et nous amuse. Peu importe au final quel message mordant il tente de faire passer, on passe une heure trente à rire angoissé de cette boucherie hyper réaliste. On n'est toutefois pas prêt de remettre un pied dans l'eau.

*Bruce était le surnom donné par Steven Spielberg au requin mécanique de son film.

mardi 7 septembre 2010

KABOOM *** (en avant-première)

Sortie: 6 octobre 2010
De: Gregg Araki
Avec: Thomas Dekker, Juno Temple, Haley Bennett, Roxane Mesquida, Chris Zylka, Kelly Lynch...

Smith, sexuellement "non déclaré", voit sa vie étudiante bouleversé lors d'une soirée. Sur le chemin du retour, il assiste à l'assassinat d'une jeune fille rousse dont il rêve toutes les nuits. De mystérieux évènements ne cessent alors de se produire autour de lui.

Mal aimé aux Etats-Unis où ses histoires extravagantes très sensuels passent mal auprès d'une critique trop moraliste, Gregg Araki semble avoir trouvé un public plus tolérant en Europe. Pour preuve, le réalisateur s'est vu remettre un prix au dernier festival de Cannes. "Kaboom" non sélectionné mais présenté hors compétition a reçu la première Queer Palm (une "palme gay" venant récompenser un réalisateur contribuant aux questions lesbiennes, gays, bi ou trans).
Après le très sérieux "Mysterious Skin" (2004), Araki préfère continuer sur sa lancée et rester dans la même veine ludique que "Smiley Face" (2007). Seul le spleen mélancolique d'une jeunesse perdue qui se jette à corps perdu dans le sexe subsiste. Thème d'ailleurs de prédilection pour le cinéaste de 51 ans depuis "The doom generation".
"Kaboom" n'y échappe donc pas mais traite le tout avec un humour ravageur. On ne s'ennuie pas une seule seconde devant cette comédie aux allures de farce. Thomas Dekker, invisible dans le dernier "Freddy", est parfaitement à l'aise dans l'univers d'Araki. Il est aussi, il faut le dire, épaulé par une équipe de choc et énergisante. Ainsi, on adore Thor, son benêt de coloc hilarant, l'insolence de Stella, sa meilleure amie, et surtout la fraîcheur de son amante, London, la parfaite Juno Temple. Avec eux, nous basculons au fur et à mesure que l'intrigue progresse dans une folle frénésie jubilatoire. Presque absurde. On ressort avec l'impression d'avoir assisté à une grosse blague. Oui, mais à une très bonne blague! Gregg Araki n'est pas le fils spirituel de John Waters pour rien.

dimanche 5 septembre 2010

THE KARATE KID ****

Sortie : 18 août 2010
De : Harald Zwart
Avec : Jackie Chan, Jaden Smith, Taraji P. Henson, Wen Wen Han, Zhenwei Wang, Rongguang Yu...

Obligé de suivre sa mère mutée en Chine, le jeune Dre devient le souffre-douleur de certains garçons de son école, tous experts en arts martiaux. Monsieur Han, l'homme de maintenance de l'immeuble de Dre, témoin de ses souffrances, décide de lui enseigner le Kung Fu afin qu'il puisse gagner le respect.

Karaté Kid est un classique pour toute une génération mais datant tout de même de 1984, il fut décidé qu'un sérieux lifting s'imposait. Will Smith prit alors les choses en main. Ce dernier à la production, son propre fils et Jackie Chan dans les rôles titres... On se dit que le film sera simple à réaliser, familial et enfantin à souhait. Bref, on attend cette nouvelle version sans vraiment l'attendre. Le petit Jaden n'est pas encore tout à fait une star et le Jackie Chan qu'on aime tous tant ne semble plus être (son dernier film s'intitule tout de même Kung Fu Nanny, pour dire). C'était oublié ce qu'autant de talents réunis peuvent donner. Ce remake nous fait complètement oublier qu'il en est un et renouvelle la saga, en en refondant les bases.
Rien que le fait d'avoir choisi la Chine en toile de fond est une grande idée. Will Smith ne s'encombre pas de patriotisme mielleux et le spectateur découvre toute une nouvelle culture en même temps que Dre. De la rigueur de ses habitants à ses paysages verdoyants renversants, la caméra nous donne l’occasion d’explorer des endroits mythiques et fabuleux. Nos yeux s'illuminent devant la place Tian'anmen, ainsi que sur la grande Muraille et s'enflamment en pénétrant au sein même de la Cité interdite. Tour de force de Will Smith qui est le premier à réussir cet exploit après Bernardo Bertolucci en 1987 pour Le dernier empereur
En plus de livrer un joli portrait de l'Empire du Milieu, The Karate Kid nous permet de retrouver Jackie Chan. Trop vieux pour exécuter ses joyeuses cascades, l'acteur est pourtant plus charismatique que jamais dans la peau d'un homme meurtri qui retrouve goût à la vie au contact de Dre. Emouvant, subtile, Chan démontre une bonne fois pour toutes qu'il n'est pas uniquement un acrobate mais avant tout un acteur. Son partenaire, Jaden Smith, a lui de qui tenir, et n'a presque plus rien à nous prouver dès son troisième film. Si le spectateur a pu observer son père étoffer son jeu, film après film sur une période de vingt ans (Oui, déjà!), son fils est simplement phénoménal. Déjà impressionnant dans À la poursuite du bonheur, il a ici ce regard déterminé qui n'appartient qu'aux plus grands. Ça promet!


UNE FAMILLE TRES MODERNE *

Titre original: The switch
Sortie: 25 août 2010
De: Josh Gordon et Will Speck
Avec: Jennifer Aniston, Jason Bateman, Juliette Lewis, Patrick Wilson, Jeff Goldblum, Thomas Robinson...

Kessie, femme célibataire en mal d'enfant décide de tomber enceinte grâce à un généreux donneur. Mais lors d'une soirée trop arrosée, Wally, son meilleur ami, remplace le don par le sien. Kessie tombe enceinte mais pas de celui qu'elle croit.

Avouons-le tout de suite, "The switch" est complètement dispensable. Pseudo comédie romantique, on s'ennuie plus qu'autre chose devant ce long-métrage long et sans intérêt.
La promotion uniquement axé sur les similarités de l'intrigue avec la vie privée de Jennifer Aniston (l'actrice a même choqué l'Amérique en remettant en question le schéma familial classique), on est notamment surpris d'assister non pas à un film sur le désir d'une femme célibataire d'être mère, mais au réveil de l'instinct paternel. Car si "Une famille très moderne" est vendu comme l'énième comédie de l'éternelle interprète de Rachel Green, ce sont les sentiments naissants entre Jason Bateman et son fils, l'adorable Thomas Anderson qui en sont la vraie curiosité. Seulement, cette trame ennuyeuse et creuse est insuffisante pour passer réellement un bon moment.
Quel gâchis! Quand on sait que le film est une adaptation d'une nouvelle du lauréat du prix Pulitzer et auteur du sublime "Virgin Suicides", Jeffrey Eugénides, on se dit qu'avec une Sofia Coppola derrière la caméra, on aurait pu espérer un film plus subtil et intelligent. Et quelle déception de la part des producteurs des géniaux "Juno" et "Little Miss Sunshine" sur qui on misait tant...

mercredi 1 septembre 2010

SIMON WERNER A DISPARU... *** (en avant-première)

Sortie : 22 septembre 2010
De : Fabrice Gobert
Avec : Ana Girardot, Jules Pelissier, Laurent Delbecque, Arthur Mazet, Yan Tassin, Esteban Carvajal-Alegria, Audrey Bastien, Selma El Mouissi...

Issu de la télé (il a notamment réalisé des épisodes de la série Cœur océan), Fabrice Gobert signe un premier film encourageant. Structure originale, jeunes acteurs plein de promesses, scénario accrocheur... Simon Werner a disparu... est une belle surprise.
1992, dans une petite ville de la région parisienne, Simon Werner disparaît. Alors que tout le monde tente de percer ce mystère, deux autres élèves de la même classe s'évanouissent dans la nature.
Composé de quatre chapitres qui suivent chacun un personnage différent, le shéma narratif du film permet au cinéaste d'explorer plusieurs genres. De la comédie adolescente au thriller, en passant par le drame, le metteur en scène français passe d'un genre à l'autre tout en douceur aidé par la musique de Sonic Youth.