mardi 18 mai 2010

GOODBYE LENIN ***

Article écrit dans le cadre d'une revue à laquelle j'ai pu participer au sein de ma prépa journalisme. Le thème était: la chute du mur de Berlin.

Sortie: 2003
De: Wolfgang Becker
Avec: Daniel Brühl, Katrin Sass, Chulpan Khamatova, Maria Simon, Florian Lukas, Alexander Beyer…

Octobre 1989, Berlin-Est, Christine Kerner tombe dans le coma après un infarctus. Elle ne se réveille que neuf mois plus tard. Depuis le mur est tombé et un certain mode de vie occidental s’est installé. Son fils, Alex décide de ne rien dire sa mère. Il a peur de voir cette dernière faire une attaque en apprenant que le régime communiste qu’elle défendait avec ferveur a disparu. Il se met alors à reconstituer la RDA qu’elle a toujours connue.

De tous les films consacrés au mur ou l’évoquant juste, Good bye, Lenin ! est le seul qui se déroule après 1989. Wolfgang Becker préfère se consacrer sur les conséquences de la chute du mur que sur celles du mur luimême. Énorme succès en Allemagne (le film fera plus de six millions d’entrées et remportera neuf Lolas, l’équivalent de nos Césars), il est la parfaite illustration du choc de deux mondes et du phénomène qui en découla chez certains, "l'ostalgie".

Les Wessis (de l'Ouest) et les Ossis (de l'Est) se retrouvent enfin. Mais les 28 ans de séparation se ressentent. Les discussions acerbes entre Alex et Reiner (le fiancé de sa soeur) dépeignent fort bien l’opposition Est-Ouest. La RDA est une inconnue pour Reiner et il ne cesse de mettre en péril l’entreprise d’Alex. Étranger au mode de vie modeste de l’Est, il transforme l’appartement en antre du capitalisme au dam de ce dernier. Mais cela n’empêche pas Alex comme tout jeune de s’adapter et de s’intégrer dans la vie occidentale. Ainsi il se lance dans la vente d’abonnements aux chaînes satellitaires tandis que sa soeur devient serveuse dans un burger king. Mais une fois l’euphorie de la réunification passée, les Allemands de l’Est voient leur univers défait par les brusques changements. La désillusion est d’autant plus sévère que les espoirs étaient grands. Le passage au capitalisme fait de gros dégâts : le chômage devient plus lourd et le niveau de vie se fait plus faible. Si les jeunes, comme on l’a vu précédemment, parviennent à s’y faire, les plus âgés ne digèrent pas du tout ce bouleversement. Les retraités sont particulièrement touchés et deviennent ostalgiques. Les voisins d’Alex sont les meilleurs représentants de cette d’une naïveté perdue. Plein d’amertume, ils ne cessent de répéter leur déception. La crise identitaire touche donc les Berlinois de l’Est, et Alex ne fait pas exception. Sous prétexte de vouloir préserver la santé de sa mère, il est clair qu’il reconstitue inconsciemment une RDA rêvée. Une Allemagne de l’Est empreinte de démocratie mais qui aurait conservé les acquis sociaux du régime. Une société où l’on pourrait consommer sans que l’espace public ne soit envahi par la publicité.

En 2009, la réunification de l’Allemagne a fêté ses 20 ans et « l’ostalgie » est toujours d’actualité. Quand on interroge les Allemands de l’Est à propos de cet anniversaire, ils sont une majorité à regretter la RDA, jugeant que celle-ci avait davantage d’aspects positifs que négatifs. Également sondés, leurs concitoyens de l’Ouest sont eux, d’un avis contraire.

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