vendredi 23 mars 2012

Le meilleur des FILMS D'ANTICIPATION

La sortie d’Hunger Games remet la dystopie au goût du jour. Thème récurrent au cinéma, elle permet aux cinéastes de se pencher sur les dérives de notre présent à travers le prisme du futur. Des visions toujours très pessimistes où l’espoir n’est pourtant jamais très loin. Retour sur des films d’anticipation à prendre plus ou moins au sérieux.


HUNGER GAMES de Gary Ross (2012)
Injustement comparé à Twilight, Hunger Games tient plus d’un croisement entre Battle Royale et Running Man version teen movie. A Panem, le Capitole fait régner la tyrannie grâce à ses jeux du cirque, les Hunger Games. Tous les ans, 24 ados (entre 12 et 18 ans) sont choisis au hasard dans chacun des 12 districts pour s’entretuer sous l’œil des caméras. Quand sa petite sœur est désignée, Katniss décide de prendre sa place. A l’instar des adaptations ciné de Twilight ou d’Harry Potter, celle du passionnant Hunger Games devrait faire un carton. Du totalitarisme aux dérives de la télé réalité en passant par la mythologie, la trilogie de Suzanne Collins (vendu à 30 millions d’exemplaires à travers le monde) peint un futur bien noir où une jeune fille élevée à la dur pourrait bien mettre le feu aux poudres. Déjà belle et altière dans Winter’s Bone et X-Men : le commencement, Jennifer Lawrence réitère dans le rôle de l’entêtée Katniss, aidée par deux jeunes acteurs prometteurs : Liam Hemsworth (petit frère de Chris Hemsworth) mais surtout Josh Hutcherson (vu dans Voyage au centre de la Terre 2).


TIME OUT d’Andrew Niccol (2011)
Dans un monde où l’on arrête de vieillir à 25 ans mais où il faut gagner du temps pour rester en vie, Will Salas (Justin Timberlake) décide de faire sa petite révolution après avoir reçu un siècle d’un centenaire suicidaire. Après Bienvenue à Gattaca, et The Truman Show, Andrew Niccol signe son troisième film d’anticipation. Mais avec cette allégorie de la crise économique, le réalisateur déçoit. Le film n’est pas à la hauteur d’une formidable idée de base complètement sous-exploitée. On a connu Niccol plus inspiré. Si Time Out reste en surface là où Bienvenue à Gattaca était nettement plus abouti, on le regarde sans déplaisir. Notamment grâce à une troupe de jeune acteurs parfaits et plein d’avenir (Cillian Murphy et Vincent Kartheiser en tête).


LES FILS DE L’HOMME d’Alfonso Cuaron (2006)
Adaptation du roman homonyme de P. D. James (1993), Les fils de l’homme a été présenté en compétition officielle lors de la 63ème Mostra de Venise où Alfonso Cuaron (Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, Y tu mama tambien) a remporté le prix de la Lanterne Magique. Dans un monde où l’on ne parvient plus à procréer, une jeune femme tombe enceinte. L’enfant devient l’objet de toutes les curiosités. Thriller aussi sombre que pessimiste, il se dégage pourtant des Fils de l’homme une profonde humanité. Dans ce film d’anticipation post apocalyptique, le nouveau-né est attendu comme le messie. L’enfant n’y a jamais été aussi roi.


MINORITY REPORT de Steven Spielberg (2002)
Adaptation de la nouvelle de l’auteur de science-fiction Philip K. Dick (Blade Runner, Total Recall) publiée en 1956, Minority Report était un des derniers projets de Stanley Kubrick. Sur une idée de Tom Cruise, Steven Spielberg s’en empare et décide de réaliser le film pour rendre hommage à son ami. En 2054 à Washington, trois femmes extra-lucides prédisent des futures infractions à la « Précrime ». Mais quand elles renvoient à John Anderton (Tom Cruise) sa propre image tuant un parfait étranger, le chef de la police devient la cible de ses propres troupes et plus particulièrement de Danny Witwer (Colin Farrell), agent du Ministère de la justice venu évaluer le système pour l’étendre à tout le pays.


EQUILIBRIUM de Kurt Wimmer (2002)
2070. Dans un monde où l’émotion est réprimée par la prise quotidienne de Prozium, John Preston (Christian Bale) travaille au service du dirigeant suprême connu sous le nom de père. Son job : bannir les rebelles de la ville. Mais un jour, le policier brise sa dose et manque de temps pour s’en procurer. Submergé par des sensations inconnues, il décide d’en savoir plus sur ce nouveau ressenti. Inspiré notamment du Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, Equilibrium est l’éducation émotionnelle d’un homme reclus dans une société devenu insensible (l’art, trop subversif, est banni, et les autodafés multiples). Sous ses airs de pseudo Matrix, le film de Kurt Wimmer est avant tout une mise en garde contre l’état fasciste. Tourné à Berlin, l’architecture austère directement inspirée de l’ère hitlérienne confère au film une atmosphère inquiétante. Encore méconnu, Christian Bale ne sera révélé au grand public que deux plus tard dans Batman Begins (2004) mais joue déjà les justiciers.


MATRIX d’Andy et Larry Wachowski (1999)
Pour Andy et Larry Wachowski tout ce qui nous entoure est illusoire et n’est qu’une création de la « matrice » : monde réel dans lequel les machines ont pris le pouvoir et utilisent les êtres humains comme source d’énergie. Autant inspirés par Alice au pays des merveilles que par la mythologie grecque et les mangas japonais, les réalisateurs bâtissent un univers unique aux niveaux de lecture aussi complexes que nombreux. Keanu Reeves incarne Néo, libérateur de l’humanité selon le chef des rebelles Morpheus et véritable super-héros (manteau en guise de cape, capacité de voler, et vision exceptionnelle… certains lui prêtent des traits communs avec Superman). L’acteur dut avec le reste des comédiens subir un entraînement drastique aux arts martiaux pendant six longs mois en amont du tournage qui dura 118 jours. Œuvre culte dès sa sortie, Matrix sera suivi de deux suites quasi inutiles (Matrix Reloaded et Matrix Revolutions sortis en 2003).


BIENVENUE A GATTACA d’Andrew Niccol (1997)
Premier long-métrage du réalisateur néo-zélandais Andrew Niccol, Bienvenue à Gattaca aborde à l’instar du Meilleur des Mondes d’Aldoux Huxley, l’eugénisme. Cette recherche d’une perfection génétique empêche Vincent (Ethan Hawke) d’accéder à son rêve de voyager dans l’espace. Grâce au patrimoine génétique de Jérôme (Jude Law), il parvient à déjouer les lois de Gattaca. Qualifié de thriller noir avec des idées, Bienvenue à Gattaca se révèle aussi intelligent que divertissant. Devenu quasi spécialiste des films d’anticipation, Niccol en réalisera deux autres : le très bon The Truman Show en 1998 et Time Out (voir supra) dont on aurait aimé en dire autant. Avec son premier film, le cinéaste a sans doute mis la barre trop haute.


DEMOLITION MAN de Marco Brambilla (1993)
Cryogénisé en 1996 après avoir raté l’arrestation de son pire ennemi, le criminel Simon Phoenix, le sergent John Spartan se réveille en 2032. Dans cette civilisation « pacifique » où les interdits sont multiples (sexe, alcool, cigarettes et grossièretés sont prohibés), il est le seul à pouvoir arrêter Phoenix, libéré avant lui. En pleine gloire, Sylvester Stallone fait mouche dans cette comédie policière hilarante. Mais on lui préfère Wesley Snipes (qui remplace Jackie Chan qui ne voulait pas incarner un méchant). L’acteur est tordant dans la peau de Phoenix. A leurs côtés, la pimpante et encore peu connue Sandra Bullock (avant Speed) incarne le lieutenant Lenina Huxley dont le non nom fait évidemment référence au roman Le meilleur des mondes et à son auteur Aldous Huxley.


TOTAL RECALL de Paul Verhoeven (1990)
Hollywood cherchait à porter la nouvelle We can remember it for you wholesale, de Philippe K. Dick (Blade Runner, Minority Report) depuis 1975. Mais face à l’échec de Dune de David Lynch au box-office, Dino de Laurentiis qui voulait faire de Total Recall un "Aventuriers de l’arche perdue" sur Mars perdit tout enthousiasme. Arnold Schwarzenegger en profita pour s’emparer du projet et s’associer au réalisateur Paul Verhoeven. Délire ou réalité ? Le film explore la question à travers l’histoire d’un ancien agent amnésique qui part sur la planète Mars en 2048 à la recherche de son énigmatique passé. Possède-t-il toute sa tête ou est-il en plein rêve? Sa femme Lori (Sharon Stone avant Basic Instinct du même Verhoeven) est-elle réelle ou l’objet de son imagination ? Jamais le film ne répond directement à la question laissant le public à ses réflexions. Aujourd’hui culte, un remake réalisé par Len Wiseman (Underworld) sortira cette année avec Colin Farrell dans le rôle titre.


RETOUR VERS LE FUTUR 2 de Robert Zemeckis (1989)
Cinéma en (vrai) relief, skate-board volant (le désormais mythique Overboard), blouson option séchage ou chaussures qui s’auto-lacent… Bienvenue en 2015. Dans trois ans finalement. Retour vers le futur II n’aura réussi à prédire que le ciné 3D. Quoique des scientifiques sont proches de donner une réalité à la planche sans roulette. Dans un premier temps, on aurait plutôt envie d’y être en 2015. C’était sans compter une faille spatio-temporelle qui transforme Hill Valley en ghetto bling bling dirigé par un Biff Tannen mafieux et libidineux. Après le succès du premier volet, Robert Zemeckis tourne deux suites dans la foulée. Si le troisième opus envoie Marty jouer les John Wayne aux fins fonds du Far West, le second se penche sur notre futur proche. Sous ses airs de film d’anticipation, Retour vers le futur II nous prédit un avenir peu radieux. La technologie a beau être à la pointe, délinquance et corruption règnent.


RUNNING MAN de Paul Michael Glaser (1987)
Los Angeles, 2019. Des détenus sont sélectionnés pour participer au jeu télé du moment: « The Running Man ». Le but : s’affronter jusqu’à la mort. Adaptation du roman d’anticipation homonyme de Stephen King (publié sous le pseudo de Richard Brachman en 1982), Running Man rapporte l’indifférence du public vis à vis des dérives des médias. Un thème d’actualité traité avec les armes du passé : la référence aux jeux romains est claire. Les candidats sont appelés « gladiateurs » et combattent sur des chars au sein d’une arène. Paul Michael Glaser (si si le Starsky de Starsky et Hutch) accuse la télévision de brider les esprits en leur servant de la soupe voyeuriste à longueur de journée. Ou comment dénoncer la télé-réalité avant mais qu’on y ait songée.


1984 de Michael Radford (1984)
Adaptation du roman bien connu de George Orwell, 1984 sort dans l’indifférence générale mais plaît aux puristes qui louent sa fidélité (le happy end de l’adaptation de 1956 par Michael Anderson avait fortement fait polémique). Dans un monde contrôlé par Big Brother, pseudo chef spirituel qui manipule les esprits, le fonctionnaire Winston Smith commet le monstrueux crime de tomber amoureux. Le couple tente de s’échapper. Mal leur en prend. Pamphlet politique, 1984 dresse le portrait d’une société déshumanisée par un Etat policier. L’oppression inhibe leur conscience, plus personne n’a alors l’idée de se rebeller. Dernier film de Richard Burton (il lui est d’ailleurs dédié), 1984 a quelques connexités avec le roman Le meilleur des mondes (paru en 1932). Une influence qui s’explique facilement. Aldoux Huxley n’était autre que le professeur de français de George Orwell


BLADE RUNNER de Ridley Scott (1982)
Adaptation de la nouvelle Do Androids Dream of Electric Sheep ? de Philip K. Dick, Blade runner est également très influencé par le film noir. Le col de son imperméable relevé sous une pluie battante, Harrison Ford a des airs d’Humphrey Bogart quand il traverse ce Los Angeles sale et grouillant surplombé de gratte ciels oppressants. Tandis que Sean Young est clairement l’incarnation de la femme fatale, une créature mystérieuse et vénéneuse que James Ellroy ne renierait pas. En 2019, une nouvelle race d’esclaves (des humanoïdes appelés les replicants) est déclarée hors la loi après un massacre d’être humains. Le Blade Runner, Rick Deckard, est chargé de les éliminer. En dépit de son échec au box-office, le film devient culte et introduit l’univers tout en anticipation de K. Dick au cinéma. Il est même nommé meilleur film de science fiction de tous les temps par 60 scientifiques en 2004 pour le journal The Guardian (juste devant 2001, L’Odyssée de l’espace).


MAD MAX de George Miller (1979)
Dans une Australie ravagée par une guerre nucléaire, les survivants se disputent les derniers bidons d’essence. Divisé par cette ruée vers l’or noir, le pays est de plus miné par une violence sans précédent. Motards hors la loi contre policiers, la route devient infréquentable. C’est pourtant le chemin que devra emprunter Mel Gibson pour venger sa famille. Il est Mad Max, personnage aussi « chaud » et solaire que le paysage post apocalyptique qui l’entoure. L’acteur dans son premier grand rôle est instantanément starisé. Le succès du film finit par donner naissance à une trilogie sait-on jamais visionnaire. Mad Max a longtemps été le film le plus rentable de l’histoire du cinéma (avec un budget de 350 000$, il rapportera près de 100 millions $) avant d’être détrôné par Le projet Blair Witch en 2000.


L’ÂGE DE CRISTAL de Michael Andreson (1976)
Adaptation du roman Logan’s Run de George Clayton Johnson et William F. Nolan, L’Âge de cristal avait remporté un large succès à l’époque ainsi que l’Oscar des meilleurs effets spéciaux (c’est le premier film à utiliser la technique de la "laser photography" pour figurer les hologrammes). Aujourd’hui, avec son ambiance kitsch, le film a des airs de charmante série B. En 2274 dans un monde supposé post apocalyptique, les hommes et les femmes ne vivent que de plaisirs. Mais ils sont également contraints de mourir à l’âge de 30 ans pour éviter la surpopulation. Suite à son succès, L’Âge de cristal sera décliné en séries et en comics. William F. Nolan donnera même naissance à quatre suites. Le dernier tome de la saga littéraire est paru en 2003.


SOLEIL VERT de Richard Fleischer (1973)
En 2022, dans un New York surpeuplé, les ressources naturelles sont épuisées. La population se nourrit grâce aux Soleils verts, de mystérieux carrés de nourritures tandis que les plus faibles se font euthanasier. Jusqu’à ce qu’un policier découvre l’horrible vérité. Adaptation du roman de Harry Harrison, Make Room ! Make Room ! (1966), Soleil vert est devenu un classique. Sous couvert de régler un problème de rationnement, les autorités commettent l’impensable. Une génération de spectateurs traumatisés plus tard, le thème est toujours d’actualité et achève de faire de Soleil vert un film malheureusement intemporel.

11 commentaires:

Vincent V a dit…

Beau travail, les incontournables y sont. J'ai presque envie de revoir Demolition Man que je n'aurais jamais pensé inclure dans la même liste que Blade Runner. All those moments will be lost in time. Like tears in rain...

Alessandro a dit…

Excellent article, j'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à le lire ! Par contre, dommage que vous ne mentionnez pas "La Planète des Singes" (de 1967), Sunshine, Brazil, voire encore Le Jour où la Terre s'arrêta (je pense que deux ou trois classiques doivent encore exister). Mais très joli travail !

Anonyme a dit…

Ecriture, style, connaissances cinématographiques, tout y est, blog magnifique, c'est toujours un plaisir de vous lire.

Anonyme a dit…

pataclop pataclop, juste pour dire que “running man“ est un remake du film français “le prix du danger“ avec Lanvin et piccoli a voir absolument pour ceux qui ne connaissent pas!!

Anonyme a dit…

pataclop, pataclop il manque “la machine a explorer le temps“ “le survivant (omega man)“ “THX118“ “ the island“ et en français “malevil“ et puis j'ne oubli mais nous avons les méme références....
kaophonic.

Tiffany Deleau a dit…

Merci pour tous ces compliments. Je sais que j'en ai oublié mais la liste est trop longue, je me devais de faire une sélection (bien subjective, je l'avoue).

Anonyme a dit…

Je cherchais, j'ai trouvé. Merci pour ce blog simple et efficace.

Moi a dit…

Merci pour cette synthèse. De bonnes idées de film à regarder pour les prochains après-midi pluvieux.

Anonyme a dit…

bonjour,

je crois bien que Truman show est un film de Peteir Weir, écrit pas Niccol. Il n'est donc pas le réalisateur...

Psah a dit…

A ajouter, également, le très inventif "Zardoz", avec Sean Connery !

3G a dit…

Thank you for sharing tthis